Drôle d'époque, car on aura peut-être plus de noisettes en France. Car il y a une guerre autour de la noisette.
« Il faut savoir qu'il y a un gros problème en ce moment entre le premier pays producteur de noisettes, qui est la Turquie, et un groupe qu'on connaît bien qui est le groupe Ferrero, qui fait beaucoup de friandises à base de noisettes. Alors pourquoi je vous dis ça ? Parce que la production de noisettes en Turquie, qui est le premier producteur mondial, s'est effondrée. Elle a été divisée par deux, cette production de noisettes.
"C'est un véritable fléau"
700 000 tonnes l'année dernière et 300-400 000 tonnes attendues cette année. Alors pourquoi la production de noisettes s'est effondrée en Turquie ? Parce que le dérèglement climatique est passé par là. Il y a moins d'eau, plus de sécheresse. Et puis ce n'est pas des punaises de lit qui mangent les noisetiers, là-bas c'est des punaises ravageuses. C'est un véritable fléau.
Comme n'importe quelle production, quand l'offre s'effondre, et que la demande est toujours aussi forte. Notamment de la part de ce groupe qui a besoin de noisettes pour faire les fameuses pâtes à tartiner, les fameuses bouchées que l'on déguste à Noël. Quand c'est l'offre qui est inférieure à la demande, les prix flambent. Du coup, le prix producteur du kilo de noisettes va passer de 20 à 40 euros du kilo.
"La France c'est 2% de la production mondiale"
Et le groupe dont je vous parlais ne veut pas acheter ces noisettes à ce prix-là. Parce qu'évidemment, ça devient trop cher, et ça va pousser les prix de tous les produits que je vous ai cités à la hausse. Donc il y a un bras de fer absolument incroyable, en ce moment, entre la Turquie et ce groupe bien connu pour ses friandises, qui menace tout simplement de puiser dans ses stocks pour laisser passer cette vague haussière.
Ou alors de se tourner vers d'autres producteurs, comme l'Italie ou les Etats-Unis. Alors la France ? On produit 7500 tonnes. C'est 2% de la production mondiale. Et surtout, il y a toute cette campagne qui va nous rapprocher de Bruxelles et des guerres commerciales. Car les producteurs de noisettes français, on leur interdit d'utiliser certains pesticides. Ce qui n'est pas le cas d'ailleurs pour la production turc qui, elle, rentre, ou rentrait à plein goulot, avec des produits qui sont interdits. »
"On n'aura peut-être plus de noisettes en France !", l'édito d'@ericrevel1 #GrandMatin
— Sud Radio (@SudRadio) December 18, 2025
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"10 000 agriculteurs sont partis à Bruxelles pour faire pression"
Donc en France, c'est un vrai sujet. Et ça nous rappelle un autre sujet autour justement des contrôles, des normes, etc. C'est le Mercosur. Parce qu'il va en être question aujourd'hui à Bruxelles.
« Vous le disiez ce matin, 10 000 agriculteurs sont partis à Bruxelles pour faire pression. Notamment 4 000 agriculteurs français. Il y a 3 points absolument centraux dans le traité du Mercosur. Il y a ce qu'on appelle les clauses de sauvegarde. C'est-à-dire un niveau de prix ou un niveau de volume. Alors, le Parlement européen a abaissé un peu ce niveau de clauses de sauvegarde. Mais le compte n'y est pas.
Il y a les fameuses clauses miroirs. Je vous en parlais pour les noisettes. Il y a ces produits qu'on va importer, mais qui ne respectent pas les mêmes normes de production que nos agriculteurs en France, qui vont être non seulement concurrencés, mais qui vont voir des produits arriver sur notre territoire, sans doute pas avec la même qualité sanitaire.
Et puis, il y a la question du contrôle. Qui va contrôler tous ces produits au départ du Brésil, au départ d'Argentine, de l'Uruguay ou du Paraguay, et qui va les contrôler en France ? Donc, ces 3 points sont absolument centraux. Alors, on vient de récupérer à nos côtés, contre le traité du Mercosur, l'Italie.
L'Italie, la Pologne et la France contre le Mercosur... Mais pas l'Allemagne
L'Italie fait cause commune. Donc, vous avez trois pays importants agricoles qui sont contre le traité du Mercosur. Vous avez l'Italie, la Pologne et la France, mais pas l’Allemagne. Et vous avez vu que la commission de Bruxelles a décidé de repousser la fin des moteurs thermiques en 2035. La commission de Bruxelles, en faisant un raccourci, c'est Madame von der Leyen, qui est allemande.
Le traité du Mercosur, on va importer de la viande, du soja, mais on va exporter quoi ? Des machines-outils, et quoi ? Et des voitures, et des voitures allemandes. Voilà pourquoi l’Allemagne est pour le traité du Mercosur. Son chancelier Merz voit que son économie est embourbée, et évidemment a envie de trouver des portes à l'exportation pour toutes les grandes marques de voitures automobiles. Et surtout en Amérique du Sud. »
Retrouvez Drôle d'époque dans le Grand Matin Sud Radio au micro de Patrick Roger.