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L'Arménie, grande oubliée de la COP29 ?

Par Justine Houllé

Alors que s'ouvre ce lundi la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, de nombreux représentants politiques manquent à l'appel. Parmi eux, le président de la République française Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz, ou encore la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen. Au total, un peu moins de cent chefs d'État et de gouvernement sont attendus mardi et mercredi à Bakou, soit moins qu'aux COP de Dubaï en 2023 ou de Glasgow en 2021.

Prise de face, la photo représente l'une des façades du bâtiment accueillant la COP29 cette année à Bakou, en Azerbaïdjan.
BAKU, AZERBAIJAN - NOVEMBER 09: The logo of UNFCCC COP29 Climate Conference adorns the main entrance gate to the conference venue on November 09, 2024 in Baku, Azerbaijan. The COP29, which is running from November 11 through 22, is bringing together stakeholders, including international heads of state and other leaders, scientists, environmentalists, indigenous peoples representatives, activists and others to discuss and agree on the implementation of global measures towards mitigating the effects of climate change. According to the United Nations, countries made no progress over the last year in reducing global emissions from the burning of fossil fuels. (Photo by Sean Gallup/Getty Images) (Photo by SEAN GALLUP / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP)

Une absence symbolique. Emmanuel Macron a annoncé ne pas se rendre à la 29e édition du sommet climatique de l'ONU qui débute ce lundi à Bakou, en Azerbaïdjan. En cause : de fortes tensions diplomatiques entre la France et l'Azerbaïdjan, notamment après l'attaque au Haut-Karabakh en septembre 2023 qui a conduit au déplacement forcé de 120 000 civils arméniens. On en parle avec Anne-Laurence Petel, ancienne députée Renaissance et ancienne présidente du groupe d'amitié France-Arménie.

"Aller à Bakou, c'est prendre le risque de serrer la main d'un dictateur et de légitimer une imposture".

Emmanuel Macron a-t-il raison de ne pas se rendre en Azerbaïdjan ? Pour Laurence Tubiana, directrice générale de la Fondation européenne pour le climat, cette décision est "regrettable". Néanmoins, au micro de Benjamin Glaise, Anne-Laurence Petel n'est pas du même avis. "Bien sûr qu'Emmanuel Macron a eu raison ! Aller à Bakou, c'est prendre le risque de serrer la main d'un dictateur et de légitimer ce qui est clairement une imposture". L'occasion donc, pour elle, de saluer le soutien renouvelé d'Emmanuel Macron à l'Arménie.

En effet, l'ancienne présidente du groupe d'amitié France-Arménie affirme que "l'Azerbaïdjan n'est absolument pas engagé dans la transition écologique", le qualifiant au passage de "pétrodictature". En "termes de droits de l'homme, c'est un pays qui est catastrophique", rajoute-t-elle. Pour rappel, le régime au pouvoir en Azerbaïdjan a intensifié sa répression contre ses opposants en vue de la COP29, selon un récent rapport de l'ONG Human Rights Watch.

La ministre française de la Transition écologique toutefois présente à Bakou pour la phase finale des négociations : "on aurait pu s'en passer !".

La politique de la chaise vide à la COP29 deviendrait-elle, dans ce cas précis, le mot d'ordre de la France ? Pas tout à fait, puisque la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a tout de même déclaré se rendre à Bakou du 21 au 24 novembre pour la phase finale des négociations. D'après elle, il est important, malgré les relations houleuses entre la France et l'Azerbaïdjan, "de porter les couleurs de l'accord de Paris. La COP est une négociation onusienne multilatérale qui est la seule négociation en relation avec le climat qui réunit tous les pays du monde".

Face à cette annonce, Anne-Laurence Petel affiche, une nouvelle fois, son désaccord. "Il y a une différence entre boycotter totalement et envoyer des techniciens ou des fonctionnaires, mais pas de personnalités politiques !". De fait, l'ancienne députée Renaissance "ne comprend pas que [la France a envoyé à Bakou] une représentation politique, un membre du gouvernement". En d'autres termes : "on aurait pu se passer d'une présence" politique française à Bakou, maintient Anne-Laurence Petel.

À l'inverse d'Agnès Pannier-Runacher, de nombreuses personnalités politiques, comme la socialiste Anne Hidalgo, le républicain Laurent Wauquiez ou bien l'écologiste Yannick Jadot, ont dénoncé l'organisation du sommet climatique par l'Azerbaïdjan. Dans une tribune publiée jeudi dans Le Figaro, ils ont notamment enjoint le "gouvernement à soutenir une action forte et symbolique pour le boycott de la COP29", tout en exigeant de l'Azerbaïdjan "la libération immédiate et inconditionnelle des otages arméniens, le retour au droit sécurisé des 120 000 réfugiés du Haut-Karabakh" et "le respect de l'intégrité territoriale de l'Arménie".

Que faire face aux déstabilisations et aux ingérences de l'Azerbaïdjan en France ?

Depuis l'offensive militaire de l'Azerbaïdjan contre les séparatistes arméniens du Haut-Karabakh en septembre 2023, la France a fortement accentué son rapprochement avec l'Arménie, en lui fournissant, entre autres, des armes. En conséquence, l'Azerbaïdjan a décidé d'attiser les mouvements indépendantistes, en particularité dans les territoires français d'outre-mer.

Une situation qu'Anne-Laurence Petel analyse en détail : "Depuis 2020, Emmanuel Macron est très engagé en Arménie. Il a fait beaucoup pour que l'Europe aide l'Arménie face à l'Azerbaïdjan qui le menace tous les jours. La France a été aux avant-postes", mais "nous sommes très faibles face à cette ingérence". Dès lors, une seule possibilité pour lutter contre cette suite d'événements "[insupportables]" : "on devrait agir et être beaucoup plus offensif", par exemple en gelant les avoirs de la famille Aliyev, propose l'ancienne députée.

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