Depuis plus de trente ans, le système éducatif français est en plein déclin. Nombreux sont ceux qui ont tiré la sonnette d’alarme pour lutter contre l’illettrisme et ce que l’on appelle aujourd’hui la barbarie. Parmi eux, le linguiste Alain Bentolila.
Illettrisme : 15% des collégiens concernés
Pour une fois que parents et instituteurs ne se mettent pas sur la figure. Pour lutter contre l’illettrisme et la barbarie, le linguiste Alain Bentolila en appelle aujourd’hui à une véritable alliance. Et pour cause, en 2022, deux millions et demi de personnes étaient en difficulté de lecture et d’écriture. Un problème qui touche aujourd’hui 15% des enfants entrant au collège. La porte ouverte à une forme de crédulité, mais aussi de violence. Un point dans lequel le linguiste revient dans son dernier livre Demain la barbarie ? Parents et instits, même combat, publié aux éditions Istya & Cie.
"Il ne faut pas désespérer. Je crois en la vertu de l’école de fabriquer des citoyens qui ne se font pas avoir. La barbarie, c’est ce qui est contraire à ce qui fait de nous une espèce particulière. C’est le contraire du propre de l’homme. Les barbares ignorent. Ils sont du côté du non-humain, de ceux qui profitent de la faiblesse et de la vulnérabilité. L’école forme des enfants à devenir des citoyens qui ont du souci pour les autres, et qui ne se laissent pas avoir par les autres. Mais pour cela, il faut avoir les mots" explique Alain Bentotila au micro de Sud Radio.
Une fabrique à citoyens vulnérables
Le linguiste rappelle qu’une grande part de la population française doit se contenter d’une langue réduite à 600 mots, quand il nous en faudrait en moyenne 4.000 à 5.000 pour tenter de comprendre et de surmonter nos différences. "La responsabilité est considérable en matière de langue. Nous ne sommes pas les mêmes enfants avec 400 ou 2.000 mots. On ne se défend pas de la même manière. Ces enfants vont devenir des citoyens vulnérables, qui ne sauront pas dire non, qui ne sauront pas analyser" ajoute-t-il au micro de Sud Radio.
"La défaite de la langue, c’est la défaite de la pensée. Il y a les mots, et la manière de les organiser. Il faut avoir suffisamment de mots, mais aussi savoir les mettre ensemble pour qu’une pensée soit portée. Toute cette capacité d’argumenter, d’analyser ce que nous dit l’autre, est absolument essentiel. Il existe des pays où il y a une volonté d’abêtir le peuple" conclut le linguiste.
Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.
Retrouvez l’invité d’André Bercoff chaque vendredi à 12h dans “La Culture dans tous ses états” sur Sud Radio.
Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !