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Cocaïne et bourgeoisie : les langues des politiques se délient

La mort du frère d’Amine Kessaci relance le débat sur le narcotrafic. De David Lisnard à Emmanuel Macron, les responsables politiques dénoncent une consommation mondaine qui alimente directement les réseaux criminels, révélant l’ampleur d’un phénomène désormais installé au cœur des soirées bourgeoises et des élites urbaines.

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Les responsables politiques dénoncent une consommation mondaine de cocaïne qui alimente directement les réseaux criminels (AFP)

Alors que la question du narcotrafic interpelle le débat public depuis la mort la semaine passée du jeune frère d'Amine Kessaci à Marseille, engagé contre le trafic de drogue depuis le décès de son grand frère en 2020, la classe politique se lâche ce mardi matin sur la question de l'ultra-démocratisation de la drogue en France. Au-delà des mafias organisées qui font régner la terreur dans certaines ville comme la cité phocéenne et la consommation débridée de cannabis, herbe et autre shit, c'est celle de la cocaïne et de ses addicts qui est pointée du doigt.

Lisnard : "Tous les mecs qui se la jouent mondains, là, et qui prennent de la cocaïne, ce n’est plus possible !"

Le première salve est venue de David Lisnard, Président de l'Association des Maires de France et maire de Cannes, qui a déclaré sur notre antenne de Sud Radio : « Tous les mecs qui se la jouent mondains, là, et qui prennent de la cocaïne, ce n’est plus possible ! L’État a été faible et Macron ne fait que des successions de postures. »

Macron : "C'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants"

Une punchline qui n'est certainement pas tombée dans l'oreille d'un sourd puisque le Chef de l'Etat a profité du conseil des Ministres pour surenchérir à sa manière et y aller de sa déclaration sur la lutte contre le narcotrafic menée par le gouvernement. Selon le compte rendu de la porte-parole Maud Bregeon, le président de la République a déclaré : « c’est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants (…) On ne peut pas déplorer d’un côté les morts, et de l’autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail ».

Elites, haute bourgeoise, jeunesse dorée et rail de coke

Même si la cocaïne touche désormais des catégories sociales variées et n'est plus perçue comme la drogue des milieux aisés, symbole de luxe, de transgression mondaine voire de distinction sociale vis-à-vis des fumeurs de joints et des milieux dits « populaires », la poudre blanche s'est plus que jamais installée au cœur de nombreuses soirées de la haute bourgeoisie ou de la jeunesse urbaine, en particulier dans les milieux favorisés. Sans parler de certaines élites qui ne peuvent carburer au quotidien sans leur petit rail de coke... Une banalisation amplifiée par la mondialisation des filières et l’augmentation de l’offre qui ont contribué à une baisse des prix (50-60€ aujourd'hui contre 80 à 100€ il y a vingt ans).

Accessoire festif chez les jeunes bourgeois, synonyme de violence dans les quartiers populaires

Le problème, c'est que la démocratisation de la cocaïne révèle une contradiction que semble enfin vouloir dénoncer les hommes politiques. Si chez les jeunes bourgeois, elle est perçue comme un accessoire festif, dans les quartiers populaires, elle est synonyme de trafic, de violence et de répression. Une dualité qui illustre la manière dont une même substance peut incarner des réalités sociales opposées. De là à passer des paroles aux actes et s'attaquer réellement à ses « consommateurs de 1ère classe » ? C'est là l'un des enjeux de cette vaste guerre ouverte qui « vise à sortir la France du piège du narcotrafic », selon l'intitulé de la dernière loi votée en la matière.

Selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), près d’un adulte sur dix en France a déjà expérimenté la cocaïne au moins une fois dans sa vie. Cette proportion était deux fois moindre il y a dix ans, ce qui illustre une progression rapide. En 2022, 27,7 tonnes de poudre blanche ont été interceptées en France, un record qui témoigne de l’ampleur du trafic.

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