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Yves Coppens : "Jacques Chirac était furieux et m'a dit de ne plus jamais lui dire ça"

Par Benjamin Jeanjean

Paléontologue mondialement connu et co-directeur de l’équipe scientifique ayant découvert le squelette de Lucy, Yves Coppens était l’invité du Grand Matin Sud Radio ce mardi à l’occasion de la sortie de son dernier livre.

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Origines de l’homme, origine d’un homme. Tel est le titre du dernier livre autobiographique publié par Yves Coppens, le célèbre paléontologue français, professeur émérite au collège de France de renommée mondiale suite à la découverte en 1974 du squelette de Lucy. Une découverte dont il aimerait bien parfois se détacher. "Avant Lucy il y a eu plein de choses, et après Lucy aussi. Ma vie ne se réduit pas à ce petit personnage adorable", assure-t-il au micro du Grand Matin Sud Radio ce mardi.

Le scientifique porte aujourd’hui un regard intéressé sur les récentes découvertes, même s’il semble regretter un manque de recul récurrent. "On a encore beaucoup à apprendre, bien sûr, et les choses changeront encore beaucoup. Ce qui m’agace parfois, c’est lorsque des découvertes deviennent dans les médias des "bouleversements". Non, on fait quelques fois des découvertes importantes qui changent des détails, mais ça ne bouleverse rien. Cela fait bien 200 ans que nous sommes bien installés dans des lignes généalogiques très stables", rappelle-t-il.

"Ça ne m’effraie pas plus que l’homo erectus n’a été effrayé par le feu"

Celui qui confie aujourd’hui qu’il aimerait "comprendre un peu mieux l’évolution, le passage d’une forme à une autre" n’est par ailleurs pas franchement effrayé par les évolutions actuelles de l’homme, à l’heure où la montée en puissance de l’intelligence artificielle et des robots se fait de plus en plus nette. "Ça ne m’effraie pas plus que l’homo erectus n’a été effrayé par le feu. On est toujours un peu embêté par l’avenir car on aime bien le confort du présent et on connaît le passé. J’appelle ça le syndrome de la belle-mère ! J’ai une belle-mère charmante mais elle commence toutes ses phrases par "Avant". En gros, avant c’était formidable, aujourd’hui c’est effrayant, et demain n’en parlons pas… Non, ce n’est pas comme ça que ça marche. Au moment où les homo erectus sont apparus, des gens ont été assez malins pour fabriquer le feu. Et toutes les belles-mères de l’époque ont été effrayées en se disant qu’ils allaient mettre le feu à la Terre et que l’avenir serait épouvantable !", assure-t-il.

Interrogé sur le réchauffement climatique, Yves Coppens déclare ne pas croire à une exagération du phénomène. "Les scientifiques sont très sérieux, vous savez, et leurs mesures sont bonnes. Mais la Terre n’a cessé de connaître des changements climatiques, il n’y a rien de plus banal. Quand j’ai dit ça à Jacques Chirac en écrivant la Charte de l’Environnement, il était furieux et m’a dit : "Ne me dites plus jamais ça" ! Ceci dit, le changement actuel est en partie dû à des causes naturelles, et en partie à des causes humaines. C’est donc bien d’y faire attention et de réduire un certain nombre d’activités", clame-t-il.

Enfin, le paléontologue a révélé quel a été pour lui le moment le plus fort de sa vie. "Je pense que c’est la naissance de mon fils. J’avais trouvé quatre squelettes originaux avant lui, et c’est pour ça qu’il s’appelle Quentin (le cinquième). Je ne lui ai pas dit à l’époque, je craignais de le choquer sur le plan psychologique ! Sur le plan scientifique, la découverte de Lucy est un moment important bien sûr, mais je dirais la première découverte du premier fossile humain en 1961. Ça a été très fort parce que c’était le premier… C’était dans le désert, au nord du Tchad, à la limite du Niger, dans des conditions un peu dures me dit-on (car quand on est jeune on s’en fiche !)", se souvient-il.

Réécoutez en podcast l’interview d’Yves Coppens dans le Grand Matin Sud Radio

 

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