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Un pétrolier de la flotte fantôme russe intercepté au large des côtes françaises, deux gardes à vue

Deux membres d'équipage d'un pétrolier de la flotte fantôme russe arraisonné au large de la Bretagne, ont été placés en garde à vue, a annoncé mercredi le parquet de Brest, une semaine après que ce navire a navigué près du Danemark quand le pays a connu des vols suspects de drones au-dessus d'aéroports.

Damien MEYER - AFP

Deux membres d'équipage d'un pétrolier de la flotte fantôme russe arraisonné au large de la Bretagne, ont été placés en garde à vue, a annoncé mercredi le parquet de Brest, une semaine après que ce navire a navigué près du Danemark quand le pays a connu des vols suspects de drones au-dessus d'aéroports.

Ces deux membres d'équipage "se présentent comme le commandant du navire et son second", a précisé à l'AFP Stéphane Kellenberger, procureur de la République de Brest.

Baptisé "Pushpa" ou "Boracay", le navire de 244 mètres de long, battant actuellement pavillon du Bénin, est sous sanctions européennes pour son appartenance à la flotte utilisée par Moscou pour contourner les sanctions occidentales contre ses ventes de pétrole.

Selon une source militaire, le navire a été "arraisonné samedi dernier" et une équipe "est montée à bord". Mercredi après-midi, des images aériennes tournées par l'AFP au large de Saint-Nazaire (ouest) montraient des militaires cagoulés présents sur le pont du navire.

Le président Emmanuel Macron avait évoqué un peu plus tôt une "opération très importante" de la marine, en marge d'un sommet européen à Copenhague.

"Les équipes d'intervention ont agi en temps et en heure", a-t-il déclaré, en affirmant: "Il y a eu des fautes très importantes qui ont été commises par cet équipage qui justifient d'ailleurs que la procédure soit judiciarisée aujourd'hui".

La justice a ouvert une enquête pour "défaut de justification de la nationalité du navire/pavillon" et "refus d'obtempérer", avait indiqué le procureur de Brest, sans plus de détails.

- Multiples pavillons -

Ce navire - qui a changé de nom et de pavillon à de nombreuses reprises avec des immatriculations successives au Gabon, aux îles Marshall ou en Mongolie, selon le site www.opensanctions.org - est par ailleurs soupçonné d'être impliqué dans les récents survols de drones qui ont perturbé le trafic aérien danois, selon le site spécialisé The Maritime Executive, qui affirme que le navire a pu servir de "plateforme de lancement" ou comme "leurre".

Des soldats français à bord d'un pétrolier de la flotte fantôme russe, au large de Saint-Nazaire; le 1er octobre 2025

Des soldats français à bord d'un pétrolier de la flotte fantôme russe, au large de Saint-Nazaire; le 1er octobre 2025

Damien MEYER - AFP

Interrogé sur ce point, M. Macron a cependant appelé à rester "très prudent".

Selon une analyse AFP des données du site maritime spécialisé VesselFinder, le pétrolier a quitté le port russe de Primorsk, près de Saint-Petersbourg, le 20 septembre, avec pour destination Vadinar, dans le nord-ouest de l'Inde.

Il a navigué au large des côtes danoises entre le 22 et le 25 septembre, au moment où le Danemark enregistrait des survols suspects de drones.

Le 22 septembre, un premier survol avait entraîné la fermeture de l'aéroport de Copenhague. De nouveaux survols de plusieurs aéroports et d'une base militaire ont eu lieu le 25 septembre.

Leur origine reste jusqu'à présent inconnue mais les autorités danoises n'ont pas tardé à incriminer la Russie, déjà accusée d'être derrière l'incursion d'une vingtaine de drones dans le ciel polonais début septembre et de trois avions de combat dans l'espace aérien estonien quelques jours plus tard.

- "Représailles" -

Ces survols ont mis le Danemark, qui accueille mercredi un sommet de l'Union européenne et jeudi un sommet européen élargi, sous forte pression de même que l'Europe confrontée à des tensions croissantes avec la Russie.

Des soldats français à bord d'un pétrolier de la flotte fantôme russe, au large de Saint-Nazaire; le 1er octobre 2025

Des soldats français à bord d'un pétrolier de la flotte fantôme russe, au large de Saint-Nazaire; le 1er octobre 2025

Damien MEYER - AFP

La Première ministre danoise, Mette Frederiksen, a plaidé pour une "réponse très forte" face à la "guerre hybride" menée par la Russie, au coup d'envoi du sommet de l'UE à Copenhague.

"Toute personne qui viole l'espace aérien européen est susceptible d'avoir des représailles", a renchéri Emmanuel Macron.

Il faut aussi "continuer de nous équiper" militairement au niveau européen, a-t-il martelé en pointant "le besoin de systèmes de pré-alerte très efficaces" contre les drones.

"Nous sommes dans une confrontation avec la Russie qui depuis plusieurs années, est un acteur très agressif (..) qui multiplie les attaques cyber, qui a lancé une guerre d'agression en Ukraine, qui utilise la menace nucléaire et qui aujourd'hui, on le voit bien, provoque dans des espaces aériens", a ajouté le président français.

Outre l'Union européenne, le navire est sous sanctions du Canada, de la Suisse, de la Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni, selon www.opensanctions.org.

Le président français a estimé que le commerce pétrolier imputé à cette flotte fantôme, entre "600 et 1.000 bateaux" selon lui, représente des "dizaines de milliards d'euros pour le budget de la Russie et finance selon nos évaluations collectives 40% de l'effort de guerre russe".

Par Olivia BUGAULT avec Valérie LEROUX à Copenhague et Antoine AGASSE à Brest / La Baule (France) (AFP) / © 2025 AFP

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