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Sidération et colère des salariés de la SAM lâchés par Renault

Par La rédaction (avec AFP)

Sidération et colère dans le bassin de Decazeville après le refus de Renault de soutenir le projet de reprise de son sous-traitant aveyronnais SAM, condamnant la petite fonderie automobile à la liquidation.

Les salariés de la SAM, mobilisés en mars 2021. (Lionel BONAVENTURE / AFP)

"Nous venons d'apprendre à l'instant par la presse que Renault n'accompagnerait pas le projet de reprise. Nous n'avons aucune information officielle de la part des administrateurs. C'est pourquoi nous avons décidé de ne pas réagir dans la presse pour l'instant", ont indiqué dans un communiqué lapidaire les représentants des 350 salariés de la SAM.

Une annonce que ces salarié, qui avaient manifesté dans la journée devant la préfecture de l'Aveyron à Rodez, jugent "scandaleuse", notamment après un engagement du groupe en mai dernier pour le maintien d'au moins 250 emplois à l'issue d'un grève de 23 jours.

 

"C'est vraiment révoltant, catastrophique pour les 350 familles" de la SAM

Le maire de Decazeville, François Marty, ne cachait pas sa colère et sa tristesse ce mercredi matin. Il explique avoir appris la nouvelle par le communiqué de presse de la marque au losange:

C'est une région qui a été meurtrie. Elle a perdu 3000 emplois en 87, aujourd'hui on lui enlève son dernier bastion industriel. On est touchés à cœur. Et la façon dont sont traités les élus, c'est vraiment exaspérant: on avait un repreneur, il avait des accords écrits des pouvoirs publics, des prêts à taux zéro, des aides de la région. Ce projet était reconnu comme valable, et voilà que Renault (qui a été servi par cette société pendant des dizaines d'années), aujourd'hui prend une décision aussi brutale ! Nous, on se bat pour gagner deux trois quatre emplois, et là on en supprime d'un coup 350... Voire davantage, avec tous les sous-traitants, on peut parler d'un millier d'emplois directs et indirects... C'est vraiment inadmissible !" - François Marty, maire de Decazeville, joint par Félix Mathieu

 

 

Pour Renault le seul projet de reprise porté par l'un des anciens cadres de l'entreprise Patrick Bellity, "ne présente pas les conditions de pérennité et de sécurité nécessaires", a indiqué le groupe mardi soir.

Le constructeur automobile, auquel le tribunal de commerce de Toulouse avait donné jusqu'à mercredi pour se prononcer, "regrette cette situation, mesure les conséquences de sa décision et poursuivra le dialogue avec les salariés de SAM afin de leur proposer des solutions alternatives d'emploi au sein du Renault Group", a-t-il indiqué dans un communiqué.

 

- Renault "ne peut s'engager" -

Reprise en 2017 par le groupe chinois Jinjiang, la SAM, installée à Viviez près de Decazeville, avait été placée en redressement judiciaire le 10 décembre 2019 puis, le 16 septembre dernier, en liquidation judiciaire avec prolongation d'activité jusqu'au 10 décembre.

Après avoir déposé une première offre en juillet, M. Bellity avait adressé jeudi dernier une lettre d'intention en vue de la reprise de la fonderie, soutenu par l'État et la région Occitanie.

Mais il fallait également que Renault, dernier client, s'engage sur "un plan de charge défini", faute de quoi le tribunal pourrait déclarer dès vendredi une "liquidation sèche" de l'entreprise, avait prévenu la CGT.

Or, "Renault Group ne peut s'engager sur le projet de reprise d'Alty-Sifa", la société de M. Bellity. "Une analyse approfondie du dossier ne confirme pas les hypothèses de chiffre d'affaires présentées dans cette offre", a estimé le groupe, estimant "la solidité financière" du projet incertaine.

 

(Lionel BONAVENTURE / AFP)

 

- Repreneur potentiel "écœuré" -

 

"Je suis écœuré. Quelle meilleure garantie pouvais-je avoir que l'Etat et la Région?", a réagi Patrick Bellity déplorant les "milliards" offerts par l'Etat au groupe sans contrepartie.

En revanche, Renault a annoncé mardi, dans un dossier séparé concernant un autre sous-traitant en difficulté, soutenir le plan de reprise de la société de quelque 280 employés Alvance Aluminium Wheels, à Diors dans l'Indre, par le Groupe Saint-Jean Industries.

Là-bas, des représentants syndicaux CGT et CFDT et le président PS de la région Centre Val de Loire ont reconnu auprès de l'AFP une bonne nouvelle, tout en continuant à réclamer plus de commandes des constructeurs pour pérenniser l'usine.

Dans l'ancien bassin minier de Decazeville, la mort de la SAM va peser lourd: "L'agglomération est passée de 40.000 habitants dans les années 1980 à 19.500 aujourd'hui, Decazeville de 12.000 à 5.000. Un emploi industriel fait vivre quatre personnes, les pertes ne se rattrapent pas", déplorait déjà le maire de Decazeville il y a quelques mois.

La présidente du Conseil régional d'Occitanie, Carole Delga, qui s'était engagée à soutenir le projet de reprise, dit "partager le choc des salariés".

"Nous répondrons présent et mobiliserons l'ensemble de nos dispositifs sur le volet formation pour accompagner les salariés. Nous poursuivrons aussi le travail mené pour soutenir l'implantation de projets industriels d'avenir sur le territoire", a affirmé mardi soir Mme Delga, ancienne secrétaire d'Etat au Commerce et à l'Artisanat.

De son côté, Bercy a indiqué que "l'Etat regrette qu'aucun projet industriel garantissant la pérennité de la SAM n'ait pu être présenté", soulignant que "le gouvernement veillera plus particulièrement à ce que l'accompagnement des salariés soit exemplaire et à ce que Renault prenne toutes ses responsabilités en la matière".

tq-cdc-hj-hdu/fpp/ico/nth

© Agence France-Presse

 

https://www.sudradio.fr/societe/sam-pas-doffre-credible-de-reprise-selon-le-maire-qui-appelle-renault-a-accompagner-les-salaries-du-site

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