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Raphaël Liogier : "#MeToo, c'est plus de liberté sexuelle mais dans la réciprocité"

Par Mathieu D'Hondt

Raphael Liogier (Sociologue, philosophe et auteur de "Descente au cœur du mâle") était ce vendredi l'invité de Patrick Roger dans le Grand Matin Sud Radio.

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À l'occasion de la sortie de son ouvrage "Descente au cœur du mal" (Éditions "Les liens qui libèrent"), dans lequel il analyse le regard que portent les hommes sur les femmes à notre époque, le sociologue et philosophe, Raphaël Liogier était l'invité de Patrick Roger dans le Grand Matin Sud Radio.

"Depuis le néolithique tardif, les femmes ont été réduites à des objets"

Que sont les femmes dans les yeux des Hommes au XXIe siècle ? C'est de cette question qu'est parti Raphaël Liogier pour mener à bien son étude des relations entre les deux sexes, qu'il analyse à travers le prisme du hashtag twitter #MeToo, extrêmement populaire sur les réseaux sociaux depuis le scandale Weinstein. Il nous en décrit les mécanismes et insiste sur la perception ancestrale de la femme dans nos sociétés. "Si j'ai éprouvé le besoin d'écrire ce livre, c'est parce que la question n'était pas traitée dans les médias alors que c'est le vrai sens de #MeToo. En France, on nous dit que c'est pour remettre en cause la galanterie, le flirt, la drague, ou je ne sais quoi. Ce n'est pas du tout contre la séduction, il n'y a pas une seule remise en cause de tout ça dans #MeToo", explique-t-il ainsi. "On nous dit que c'est de la chasse aux sorcières, c'est faux ! Un peu plus de 5 000 000 de témoignages et il doit y avoir 0,1% de noms, des noms célèbres. C'est la dénonciation de véritables harcèlements et de véritables viols donc il ne faut pas le minimiser", insiste-t-il encore.

Et l'intéressé de replacer cette libération de la parole dans l'histoire des relations Homme-femme, jusqu'alors régies essentiellement d'un point de vue masculin. "Depuis le néolithique tardif - et on y est encore finalement - les femmes ont été réduites par les hommes à des objets qui, en les accumulant, donnent du prestige, comme une sorte de capital, qui s'userait comme un objet matériel. C'est pour ça d'ailleurs que lorsque l'on va reprocher à une femme de coucher avec trop d'hommes, on va dire que c'est une 'salope'", avance-t-il ainsi. "Les femmes l'ont tellement intériorisé que lorsqu'elles flirtent, elles ont tendance à décaler leur désir en pensant que la seule chose qui compte est le désir des hommes parce que s'ils couche avec elles, il prend quelque chose. D'ailleurs la langage nous le dit : 'On possède le rapport sexuel', alors que la femme va avoir le sentiment qu'elle donne quelque chose, comme si son corps perdait quelque chose", poursuit-il. "On le retrouve dans à peu près toutes les sociétés, sauf que ce que dit #MeToo, et pour la première fois dans l'histoire de l"humanité, c'est "stop à tout ça!'. Ça ne signifie pas moins de liberté sexuelle, c'est plus de liberté sexuelle mais dans la réciprocité", conclut-il.

>> L’intégralité de l’interview est disponible en podcast

 

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