La prolongation à l'été prochain du Pass Sanitaire va-t-il passer en force à l'Assemblée Nationale malgré les propositions du Sénat ? Pour Françoise Degois, c'est acté. Emmanuel Macron ne veut pas polluer sa campagne présidentielle.
"Tout cela va se terminer par une victoire à la Pyrrhus. Ce jeudi, le texte est reparti au Sénat, il reviendra à l'Assemblée vendredi pour être voter à une écrasante majorité. Cette victoire est dangereuse parce que les amendements du Sénat sont pleins de bon sens. Ils n'ont rien de punk ni de révolutionnaire. Il propose simplement d'arrêter le Pass Sanitaire le 28 février 2022 pour regarder le tout, ensemble, redébattre pour éventuellement le prolonger. Le gouvernement, lui, le place au 31 juillet".
"Comment imaginer qu'une telle mesure qui contraint autant les libertés puisse enjamber la Présidentielle et les Législatives sans aucun contrôle du Parlement ? C'est du bon sens ! Le Sénat dit qu'il faut remettre en place la validité des auto-tests pour le Pass Sanitaire. C'est une solution facile, qui n'est pas chère. Refuser, c'est acter bien évidemment que ce Pass Sanitaire est là pour emmerder la vie des gens non vaccinés, c'est un véritable Pass vaccinale".
"Que dit d'autre le Sénat ? Il veut supprimer la possibilité pour les chefs d'établissements scolaires d'accéder au statut vaccinal des élèves. Là encore, où est la transgression ? Où est le problème ? Honnêtement, est-ce que nous faisons face à une épidémie de peste ou de choléra ? Le secret médical reste quelque chose de sacro-saint ! À quel titre peut-on faire ça ? Au nom d'une épidémie qui a fait des millions de morts ou au nom d'hôpitaux délabrés par tous les gouvernements successifs ?"
"Et qu'est-ce qu'il y a de tant transgressif quand le défenseur des Droits, la Commission nationale informatique et libertés et le Conseil scientifique lui-même disent il ne faut pas prolonger ce Pass Sanitaire ?"
Pourquoi le gouvernement est-il si exigeant avec le Pass ?
"On ne peut pas ne pas y voir une manoeuvre politique, en tout cas une pensée politique. Emmanuel Macron ne veut pas de débat parlementaire sur le sujet sanitaire pendant la campagne présidentielle. Il ne veut pas que son entrée en campagne, dont on pense qu'elle sera la plus tardive possible, soit polluée par quoi que ce soit".
"Mais là, je dis au gouvernement : Attention aux illusions d'optique. Même si les mouvements du samedi sont moins nombreux, même si on a le sentiment que les gens sont moins mobilisés, il reste des millions de gens dans ce pays qui ne sont pas vaccinés. Et souvent pour de bonnes raisons, existentielles, qu'on peut entendre, pas simplement parce que ce sont des complotistes. Ce sont des gens en colère et ce sont surtout des électeurs. Et même si l'opinion semble l'avoir fait contre mauvaise fortune bon coeur, elle n'en pense pas moins. Ce n'est pas parce que vous êtes vaccinés, que vous allez voter Emmanuel Macron, c'est évident".
"Il y a une colère sourde dans ce pays. Où va cette colère dans les urnes ? Savoir lâcher du lest, c'est une belle leçon en politique. Apparemment, Emmanuel Macron ne l'a pas encore apprise".
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