single.php

"Pas là pour avoir peur": la sécurité, train-train quotidien des petits trains

Le petit train blanc et rouge serpente à faible allure dans les ruelles pavées de la butte Montmartre, à Paris, quelques jours après un accident en Corse qui interroge sur la sécurité d'une activité touristique strictement encadrée.

Dimitar DILKOFF - AFP

Le petit train blanc et rouge serpente à faible allure dans les ruelles pavées de la butte Montmartre, à Paris, quelques jours après un accident en Corse qui interroge sur la sécurité d'une activité touristique strictement encadrée.

Le convoi, quasiment plein, avait à peine quitté sa "gare" de départ, au pied de la basilique du Sacré-Coeur, qu'un message enregistré rappelait en trois langues les consignes de sécurité aux passagers.

"Ne pas mettre les pieds à l'extérieur, ne pas se lever...", récite Sabrina Losky après avoir bouclé avec sa fille le tour d'une quarantaine de minutes - 6 euros pour les enfants, 12 pour les adultes - à travers l'un des quartiers emblématiques de la capitale.

"On a roulé en toute sécurité, lentement", témoigne la sexagénaire, pas inquiétée par l'accident qui a fait cinq blessés graves la semaine dernière à Ajaccio. "Malheureusement, ça arrive partout. Si on ne pensait qu'à ça, on ne ferait rien."

Une touriste à bord d'un petit train à Montmartre, le 5 août 2025 à Paris

Une touriste à bord d'un petit train à Montmartre, le 5 août 2025 à Paris

Dimitar DILKOFF - AFP

Barbe blanche et gouaille de commerçant, l'exploitant du Montmartrain, Mario Vakil, assure que la sécurité est "le principal sujet" de son quotidien: "Il y a toute une réglementation imposée, mais on doit aussi suivre notre propre logique."

Equipés de gyrophares, ses petits trains électriques ne peuvent pas dépasser 25 km/h et sont inspectés chaque matin par les conducteurs.

"On vérifie les attelages, que les wagons sont bien attachés entre eux, la pression des pneus, les compresseurs...", détaille l'un d'eux, Mario Tolosa, ancien chauffeur de bus à la RATP.

Appuyé sur une béquille, Stéphane Leleu a des difficultés à marcher et prend régulièrement des petits trains pour avoir "un bon condensé" des villes qu'il visite.

Ce routier à la retraite a trouvé le Montmartrain "très doux au niveau du roulage" et ne s'est à aucun moment senti en danger. "Je ne pense pas à ça en montant dans un petit train."

- Bridés à 40 km/h -

Un petit train passe devant la basilique du Sacré-Coeur, le 5 août 2025 à Paris

Un petit train passe devant la basilique du Sacré-Coeur, le 5 août 2025 à Paris

Dimitar DILKOFF - AFP

Autour de 300 exploitants se partagent le marché en France, pour un millier de véhicules articulés au total, selon le Syndicat des entreprises de petits trains routiers (SEPTR).

Son président, Olivier Dubosson, a pris au Cap d'Agde, dans l'Hérault, la suite de son père, qui avait bricolé un petit train au début des années 1980 avec un moteur de Coccinelle.

"Au début, on pouvait faire un peu n'importe quoi. Tant que ça roulait, ça ne gênait personne", raconte-t-il. "Maintenant, 50 ans après, tout est codifié, réglementé, scruté, homologué..."

"A partir du moment où on transporte des personnes, c'est normal qu'il y ait une vigilance à tous les niveaux", ajoute ce passionné d'un "métier de contact qui apporte le sourire aux gens".

Les petits trains routiers touristiques, bridés par les constructeurs à 40 km/h, ne doivent pas tracter plus de trois remorques, d'une capacité maximale de 25 personnes chacune.

Soumis à un contrôle technique annuel, ils doivent emprunter un itinéraire validé par la mairie et la préfecture, et leurs conducteurs détenir le permis D pour le transport de voyageurs.

La ceinture de sécurité n'est pas obligatoire, mais "ça va venir un jour ou l'autre", estime Mario Vakil, dont les trains électriques valent autour de 500.000 euros pièce.

Le petit train d'Ajaccio, en Corse, le 6 août 2025

Le petit train d'Ajaccio, en Corse, le 6 août 2025

Pascal POCHARD-CASABIANCA - AFP

Selon les premiers éléments, une vitesse excessive semble être en cause dans l'accident d'Ajaccio, où la dernière remorque s'est renversée dans un rond-point.

Un événement "très rare", rassure Olivier Dubosson. "Ce n'est pas du tout la philosophie de notre métier. Les gens sont là pour visiter, pas pour se cramponner et avoir peur lorsqu'on fait un tour."

Chez lui, au Cap d'Agde, les amateurs de sensations fortes préfèrent généralement à ses petits trains les manèges de la fête foraine estivale.

Par Sébastien DUVAL / Paris (AFP) / © 2025 AFP

L'info en continu
09H
08H
07H
05H
03H
23H
21H
20H
19H
18H
16H
14H
Revenir
au direct

À Suivre
/