Le Conseil constitutionnel vient de censurer la réintroduction de l’acétamipride prévu par la loi Duplomb votée par l’Assemblée Nationale.
Acétamipride : "On va manger des noisettes venues de l'étranger"
"Je m’étonne de cette censure, réagit Thierry Baillet, agriculteur à Loos-en-Gohelle, dans le Pas-de-Calais, mais aussi suivi par 120 000 personnes sur YouTube sur sa chaîne Agriculteurs d’aujourd’hui. Si la constitution l’empêche, pourquoi pas ? C’est quand même troublant qu’une pétition publique signée par deux millions de personnes est passée juste avant. Cela aurait-il influencé le Conseil constitutionnel ?"
"On va manger des noisettes, du sucre, venu de l’étranger, avec de l’acétamipride. On ne pourra plus le produire en France, ce qui va encore réduire le résultat d’agriculteurs déjà pas forcement en très bonne santé. Va-t-on arriver à nourrir la France avec des principes ?" Que se passera-t-il sans utiliser ces pesticides ? "On va prendre des risques très importants d’avoir une maladie portée par les pucerons, avec une baisse de production de 30 à 40%. On n’a pas de solution de rechange pour défendre nos cultures. On ne cherche pas à utiliser ce produit ad vitam aeternam. C’est notre revenu, pas une vue de l’esprit, ce avec quoi on nourrit notre famille à la fin de l’année. "
Loi Duplomb : le Conseil constitutionnel censure la réintroduction de l’acétamipride
🗣️ "Avec cette pétition et cette censure juste après, difficile de ne pas se demander si l’instance n’a pas cédé à la pression de l’opinion publique."
💬 Thierry Baillet, agriculteur à… pic.twitter.com/wHz7NsipYd
— Sud Radio (@SudRadio) August 8, 2025
"On lave plus blanc que blanc"
Dans le reste de l’Europe, ce produit sera encore autorisé jusqu’en 2033, le temps de trouver une solution alternative. "Pour l’instant, nous avons des solutions partielles. Nous allons devoir traiter plusieurs fois contre les pucerons. On a le cadre de l’Europe, mais chez nous, on lave plus blanc que blanc et la France pénalise la compétitivité de ses agriculteur Je comprends bien que le fait de se soucier d’écologie soit très important. Mais les conditions d’utilisation de ce produit n’étaient pas anodines. Ce n’est sorties d’un chapeau, cela avait été calculé. On a deux millions de personnes qui ont certainement de bonnes intentions mais ne connaissent pas tous les tenants et aboutissants de la question."
Le débat public s’est-il raidi ces derniers temps ? "C’est facile de trouver des boucs émissaires, d’attaquer la FNSEA. Je n’ai aucun parti pris pour un syndicat ou un autre. En parlant de grands méchants industriels, on flingue quand même les agriculteurs. Nous, derrière, on a l’impression d’être pris pour de petits gamins qu’on prend par la main, qui subissent la grande industrie. On a du mal à poser les sujets complexes. Les résultats de la pétition m’ont surpris. Tout le monde a son avis sur ce que l’on doit faire, mais peu de personnes connaissent la réalité de notre quotidien, et les conséquences sur l’avenir de l’agriculture."
Retrouvez "C’est à la Une" chaque jour à 7h10 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-François Achilli
Cliquez ici pour écouter "C'est à la une"