Des journées plus courtes mais réparties sur cinq jours, des devoirs "allégés" et faits à l’école, davantage de temps libre pour des activités extra-scolaires: un panel de jeunes a présenté vendredi ses propositions à la Convention citoyenne chargée de réfléchir aux temps de l’enfant.
Vingt adolescents de 12 à 17 ans ont été sélectionnés par le Conseil économique social et environnemental (Cese) pour porter la voix des élèves dans cette convention annoncée en mai par le président Emmanuel Macron: dix garçons et dix filles, issus de milieu rural, urbain comme périurbain.
Leur rapport doit enrichir la réflexion des 130 citoyens participant depuis juin à la Convention, qui rendront le 23 novembre leurs conclusions, remises ensuite à l’exécutif.
"Nous parlons des rythmes scolaires depuis des décennies, sans parvenir à avancer. C'est une première mondiale d'avoir une convention citoyenne qui réunit des adultes et des enfants, qui travaillent ensemble", explique Kenza Occansey, qui préside ce processus de débats.
L'objectif est aussi d'écouter la voix des enfants eux-mêmes sur leurs rythmes de vie. "L'école n'est pas faite pour les enfants, mais pour que ce soit pratique pour les adultes", relève Romane, 17 ans.
- "Des cours de 45 minutes" -
Martin BUREAU - AFP/Archives
Les jeunes ont travaillé lors de deux sessions de trois jours, identifiant quatre problèmes majeurs: des "journées trop longues et trop denses", une pression scolaire forte, le stress de l'orientation et une exposition excessive aux écrans.
Dans l’hémicycle du Cese, en ce vendredi matin, ils s’entraînent à diffuser leur message aux adultes de la Convention l’après-midi. "On commence tôt, on finit tard, transports, devoirs, coucher, on n’a pas le temps", résume Goustan, 16 ans, de Lorient. Ils rêvent d"une école plus ouverte et moins enfermante".
La proposition la plus soutenue: que les devoirs soient faits à l’école pour "préserver leur temps libre", avec des espaces dédiés et un accompagnant à disposition.
Leur "journée idéale" s'étend de 9h à 15h30, du lundi au vendredi sans pause le mercredi, au collège et lycée. Le matin serait dédié aux matières théoriques (maths, français, histoire), l’après-midi aux apprentissages pratiques. La pause du midi durerait une heure trente, alors que certains "n’ont parfois que dix minutes pour déjeuner".
Ils proposent "des cours de 45 minutes" pour les matières exigeant une forte concentration. "Les cours sont trop longs, les méthodes de travail peu stimulantes, ce qui entraîne baisse de l’attention, voire phobie scolaire", souligne Camille.
- Les vacances divisent -
Thibaud MORITZ - AFP/Archives
Ils rêvent de "nouvelles façons d’apprendre, plus ludiques, plus actives, comme du théâtre et des quiz", dit Eloïne, 16 ans, avec "des effectifs de classe plus réduits". "Nous voudrions être plus acteurs du cours que spectateurs", ajoute la lycéenne du Mans.
Après 15h30, place aux activités sportives ou artistiques.
"Je pars de chez moi à 7h10 et reviens à 18h et j’ai encore une heure de devoirs. La nouvelle organisation me permettrait de faire du sport après 15h30 au lieu de seulement le mercredi", explique à l'AFP Nathan, 16 ans, qui habite près de Rouen.
L'école "ne prépare pas assez à la vie future, la vie pratique", explique Goustan. Ils suggèrent une nouvelle matière, l’enseignement moral et civique et pratique (EMCP), où seraient enseignés la gestion de l’argent, les démarches administratives, le ménage, le bricolage et la cuisine pour devenir "plus autonomes".
L’orientation est également source d’angoisse: choix imposés trop tôt, manque d’accompagnement personnalisé. Ils demandent un mentor choisi par l’élève, plus de stages et d’immersion.
La question épineuse des vacances ne figure pas dans le rapport, car ils ne sont pas parvenus à un accord sur le sujet. Le sujet divise également les adultes citoyens, qui en débattront samedi et dimanche pour leur avant-dernière session.
"On aimerait que ceux qui décident se mettent à notre place, surtout les politiques, parce que forcément pour être député, ministre ou président il faut avoir plus de 18 ans", plaide Caleb 12 ans.
"Leurs propositions sont concrètes et nous rappellent que l’école doit être pensée pour les enfants, pas pour les adultes. A nous maintenant de faire en sorte que leur parole soit entendue et suivie d’effets", a réagi la Haute-Commissaire à l'Enfance Sarah El Haïry, présente aux débats.
Par Catherine FAY-DE-LESTRAC / Paris (AFP) / © 2025 AFP