"En France, je vois beaucoup de désespoir"
Le journaliste polonais Marek Gladysz, qui travaille en France depuis près de trente ans, évoque la situation actuelle dans l'Hexagone : "Je vois beaucoup de désespoir. Il y a un tel malaise dans la société française, on le voit avec les Gilets Jaunes. Et ce malaise n'est pas compris par les autorités, par le président Macron. Il semble complètement imperméable à la compréhension de certaines choses". Marek Gladysz estime que ce n'est qu'un début puisque cela ne concerne pas seulement la France : "On le voit dans l'Europe, il y a un malaise grandissant concernant les institutions européennes qui sont perçues comme pas vraiment démocratiques et plutôt technocratiques, qui sont de plus en plus coupées du peuple".
Et de poursuivre sur Emmanuel Macron, perçu à son élection comme le sauveur de l'Europe : "Il sera plutôt le fossoyeur de l'Europe". Le journaliste polonais explique qu'il y a des blessures qui auront du mal à cicatriser entre les divers pays européens de l'Est et de l'Ouest. Que traduisent alors les mouvements populistes ? "Il faudrait peut-être arrêter d'utiliser le terme de populiste pour tout ce qui n'est pas macroniste... N'oublions pas que Staline se voulait le 'leader du camp progressiste' : peut-être qu’il faudrait interroger cette notion du progressisme. À mon avis, le camp des progressistes est celui des rétrogrades."
"Ce qu'il y a de plus grave, c'est la chape de plomb du politiquement correct"
Marek Gladysz continue sur la même idée : "C'est cette incompréhension-là qui est à l'origine du populisme. Par exemple, le gouvernement polonais est un gouvernement conservateur". En Europe, selon lui, il n'y a pas de rapport entre les différents populistes. "En France, ce qu'il y a de plus grave, c'est la chape de plomb du politiquement correct qui empêche de discuter de tous ces thèmes à l'origine du malaise, notamment de l'immigration." Il considère ainsi que, si l'on ne peut débattre, on ne peut trouver de solutions. Mais le paysage n'a-t-il pas changé en France avec les Zemmour et autre Finkielkraut ?
L'anti-racisme qui empêche Finkielkraut de faire une conférence à Sciences-po il y quelques jours, est du fascisme, selon Marek Gladysz. Il s'explique : "Si les 'anti-fa' sont capables de foutre le feu à une voiture de police, avec des policiers dedans, ce sont des fascistes. Mais puisqu'ils se nomment anti-fascistes, tout leur est permis". Il pense qu'une chape de plomb étouffe tout débat en France. Enfin, il évoque l'image de la France : "Il y a trente ans, la France était un modèle pour la Pologne. Aujourd'hui, plus du tout !". Il conclue en regrettant que "cette France qui ne s’en sort pas avec ses problèmes d’immigration, réussit quand même à nous faire la leçon".
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