Retrouvez l'édito de Lydia Guirous le mardi dans le Grand Matin Sud Radio.
La guerre en Ukraine se poursuit. Dans son édito, Lydia Guirous alerte sur les conséquences de celle-ci dans les pays en développement.
Un peu naïfs nous pensions que les alliances diplomatiques, la dissuasion nucléaire, la circulation de l'information dans un monde globalisé et interdépendant sur le plan financier éloigneraient la guerre ...et pourtant elle est là et un autre drame se trame en silence dans l'indifférence ou l'ignorance quasi totale: celui de la faim qui s’installe notamment dans les pays d'Afrique subsaharienne et du Maghreb .
Comment la guerre entre l’Ukraine et la Russie aurait pour conséquence des pénuries?
En fait, la guerre en Ukraine déstabilise la production et le commerce mondiale de céréales. La Chine et l'Inde, qui sont de gros producteurs produisent mais n’exportent pas.
Et dans les pays capables de produire plus que ce qu'ils mangent, il y a la Russie et l'Ukraine…. Et cela représente près 15% du blé mondial et 40% des exportations. Or l'Ukraine, en guerre, ne va sans doute pas semer cette année.
Si l'on ajoute à cela que les exportations ne peuvent plus avoir lieu car Marioupol est assiégé, que la Chine a eu de mauvaises récoltes va peser de tout son poids dans les semaines à venir sur les cours des céréale et qu’il n’y a que 5 mois de stock à l’échelle mondiale, production réduite et les prix qui flambent…La situation est donc tendue voire dramatique.
La faim approche dans les prochaines semaines dans beaucoup de pays…
Oui car beaucoup de pays sont totalement dépendants de leur importation comme l’Égypte avec ses 105millions d’habitants pour seulement 4%de terre cultivables…sans la production Russes et Ukrainienne, le blé du reste du monde, notamment français, ne va pas suffire à satisfaire les besoins.
La faim va donc s’installer en Égypte, mais aussi en Algérie, au Maroc, en Tunisie, au Yémen, au Liban. La faim et son lot de conflits sociaux, d’émeutes et de potentiels déstabilisations politique……
Alors oui, on peut se rassurer en France en se disant que nous ne mangeons qu'un tiers de nos céréales. Et il n'y aura pas de problème de pénurie pour nous ...oui on peut se rassurer… mais la faim en Afrique du Nord s'accompagnera inévitablement de flux migratoires incontrôlables et là que ferons-nous? Comment réagira la société française ? Nul ne le sait mais surtout ne faisons pas la politique de l'autruche et anticipons !