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Loïc Travers (Alliance) : "Les policiers et les militaires sont les cibles privilégiées des terroristes"

Par Mathieu D'Hondt

Loïc Travers, secrétaire du syndicat alliance Police nationale en Île-de-France, était ce mercredi l'invité du Grand matin Sud radio.

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Au lendemain de l’attaque dont a été victime un policier blessé sur le parvis de Notre-Dame de Paris, Dimitri Pavlenko recevait ce mercredi Loïc Travers, secrétaire du syndicat alliance Police nationale en Île-de-France, qui nous parle de la situation au sein des effectifs policiers, cibles potentielles des terroristes.

Bonjour Loïc Travers, pouvez-vous d’abord nous donner des nouvelles de votre collègue blessé ?

Je n’ai pas de nouvelles précises depuis hier soir, en dehors du fait que sa vie n’est pas en danger.

La France est de nouveau ciblée et ce sont encore des policiers, quelques semaines après le meurtre de Xavier Jugelé. Ça fait beaucoup.

Comme vous le dîtes, ça fait beaucoup ! Les policiers, les gendarmes et les militaires, d’une façon générale, sont les cibles privilégiées des terroristes. On le voit malheureusement en France. Il y avait un double symbole hier, à la fois dans le lieu à proximité du centre névralgique de la police parisienne avec un policier attaqué, et aussi à côté d’un édifice religieux. Donc, on peut imaginer que tout cela n’était pas irréfléchi et parfaitement calculé pour marquer les esprits.

Même si c’était un homme seul, faiblement armé, ce terrorisme "low cost" et rudimentaire, on le voit de plus en plus souvent à l’œuvre en Europe, n’est-ce pas ?

La difficulté effectivement pour les policiers, notamment les services de renseignements, c’est d’essayer d’appréhender l’intégralité de toutes les façons de faire et comme vous le signaliez, c’est une façon assez rudimentaire avec une simple arme blanche, un marteau. On se rend compte que tous les modes opératoires sont possible. La seule réponse, c’est une vigilance accrue grâce à une formation initiale et continue des policiers sur le terrain avec une bonne réaction. Il faut souligner que nos collègues étaient de jeunes fonctionnaires, à la fois en âge mais aussi dans la pratique policière, qui n’appartiennent pas à un service d’élite. Ils représentent la police du quotidien et pourtant ils ont parfaitement réagi et éviter un carnage.

Vous avez déjà commencé à répondre à la question que je vais vous poser, mais êtes-vous formés à ce genre de risque nouveau, à ces agression parfois imprévisibles ?

Oui, ça fait partie complètement du cursus de policier, à la fois en école de police dans le cadre de la formation initiale, mais aussi en formation continue. On est là dans une situation de légitime défense tout à fait classique, si ce n’est que l’auteur est un terroriste et non un braqueur.

Cela veut dire qu’aujourd’hui, les patrouilles doivent être systématiquement équipées de gilet par balle et d’armes à feu ?

C’est la moindre des choses au regard des risques encourus en ce moment. Il est évident que d’avoir une arme en permanence, y compris quand nous ne sommes pas en service, et le pare balle est indispensable pour préserver notre vie.

L’état d’urgence a été prolongé, est-ce que ça répond à la menace terroriste omniprésente ?

La difficulté de ces derniers temps, c’est une superposition de missions extrêmement complexes et difficiles à mener, il y a eu l’Euro 2016, la Cop 21, l’état d’urgence. Des annonces ont été faites notamment par rapport aux effectifs, ça va forcément dans le bon sens. Nous serons favorables à toutes les mesures qui vont être prises par le nouveau gouvernement, à partir du moment où c’est pour éradiquer le terrorisme. Mais il y a pour nous des choses extrêmement basiques qui ne sont pas réalisées au quotidien et ça nous peine.

Par exemple ?

On va rentrer en période électorale pour les législatives et nos collègues, par dizaines, vont faire des procurations parce qu’ils sont réquisitionnés. Il y a de nombreuses gardes de bâtiments et d’édifices publics que l’on pourrait confier à des sociétés privées. Il y a aussi des pénuries de voiture, aujourd’hui on a 200 véhicules immobilisés dans des garages parce que nous n’avons pas les moyens de les réparer. Dans quel monde on vit ? Dans certains endroits, nos collègues n’ont pas les moyens de travailler.

>> Retrouvez l'intégralité du podcast de l'interview :

 

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