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Je voudrais parler de Zineb El Rhazoui.
Pour beaucoup de Français, elle est seulement Zineb. Son prénom est devenu un symbole.
Bête noire des islamistes depuis très longtemps, sous protection policière depuis l’attentat du 7 janvier 2015, la journaliste et militante est devenue la femme à abattre sur les réseaux sociaux depuis que, le 5 novembre, elle a affirmé sur LCI que la police avait «droit à la légitime défense». Et que cette police devrait pouvoir, comme aux États-Unis, «tirer à balles réelles» quand elle était victime d’un «guet-apens».
Ce n’était pas une déclaration très judicieuse. Mais si seuls les propos judicieux étaient autorisés...
...Les médias devraient fermer boutique et tous les rappeurs seraient en prison.
On aurait pu discuter des déclarations de Zineb, lui objecter que la France n’est pas l’Amérique, même la critiquer durement.
Dans le joli monde des réseaux sociaux, on n’objecte pas, on cogne, on insulte, on menace. Des flots de boue et de haine de violence brute se déversent sur l’ex-journaliste de Charlie. Son nom est hué le 10 novembre. « Punissons-la », tweete le rappeur Booba, chaudement félicité par Cyril Hanouna. Ladj Ly, le réalisateur des Misérables, dont le film est unanimement encensé par l’opinion éclairée, se lâche façon racaille sur un blog. Zineb est, pardon, une connasse, Zemmour un fils de pute. On est loin des paillettes de Cannes.
La nouvelle attaque "franchement dégueulasse" de l'Obs
Le texte de Ladj Ly a été retiré et le blog a présenté ses excuses. Mais hier, Zineb eu droit à une nouvelle attaque qui est, je pèse mes mots, franchement dégueulasse dans l’Obs, autrefois le journal des grands intellectuels de gauche.
Célia Mebroukine et Timothée de Rauglaudre ont publié une enquête sur le mouvement #ExMuslim. Le message, répété dans les titres et martelé par tweet est clair : ces anciens musulmans qui défendent leur droit à l'apostasie et à la critique de l'islam flirtent avec l'extrême droite et la fachosphère. Toute honte bue, ces deux idiots utiles de l’islamisme dressent une liste. Ils ne peuvent pas ignorer que c’est désigner ceux qui y figurent à la vindicte des ennemis de la France.
Des flopées de message de soutien à Zineb et aux autres sur les réseaux sociaux.
Un silence assourdissant. Où sont les féministes ? 50.000 manifestants à Paris samedi pour défendre une cause gagnée et pas un, pas une pour se dresser contre les violences faites à Zineb ?
Mon explication est simple et choc : pour ce féminisme intersectionnel, un seul ennemi : le mâle blanc. L’islamiste est l’ami des femmes parce qu’entre victimes, on se comprend. Leur mouvement s’appelle #NousToutes. Et bien, je préfèrerais être seule avec Zineb que de défiler avec elles toutes. La bonne nouvelle, c’est que Zineb n’est pas seule.