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Revenons sur l’affaire Obono, représentée en esclave dans Valeurs Actuelles.
On devrait toujours se méfier de l’unanimité. Le tort supposément infligé à Danièle Obono est l’occasion d’une véritable curée contre Valeurs Actuelles. Et d’un concours de beautés morales. Comme dans les animaux malades de la peste, toute la classe politique et médiatique se réconcilie en faisant haro sur le baudet. “Racisme abject”, “infâme”, “immonde” : un réel festival d’épithètes. Même Wallerand de Saint-Just du Rassemblement National fait son offusqué. Bien sûr, la plupart des accusateurs n’ont pas pris la peine d’examiner le corps du délit.
De quoi s’agit-il ?
Nous parlons là du septième épisode d’une série de fictions dont le principe est le même : faire voyager un personnage public dans le temps, façon “Les visiteurs”, avec le comique en moins. Après Zemmour à Waterloo, Danièle Obono au temps de l’esclavage transplante la députée insoumise dans l’Afrique occidentale du XVIIIème siècle. Dans cette fiction, elle est victime d’atrocités perpétrées par des Africains, vendue à un Arabe.
L’objectif était de rappeler que l’esclavage a été pratiqué par des Noirs et par des Arabes. Une manière également de répondre aux Indigènes au courant décolonial, qui font de l’Occident le seul coupable pour en conclure que le racisme est inscrit dans ses gènes. Pourtant, jusqu’à maintenant, la spécificité de l’Occident sur la question est que c’est ce même continent qui a aboli l’esclavage en premier.
Ce sont les dessins qui ont choqué ?
Ces dessins racontent exactement la même histoire, aussi dure soit-elle, donc ils montrent la jeune femme enchaînée. C’est peut-être maladroit puisqu’elle a été blessée, mais il n’y a strictement rien de raciste ni le texte ni dans les images. On pourrait discuter le propos historique. Mais pourquoi comprendre ? C’est si bon de s’indigner. On prouve sa vertu en exigeant des censures et des exclusions.
Le plus scandaleux c’est que le président de la République, le Premier Ministre et pas moins de quatre ministres, dont le Garde des Sceaux, aient cru bon de faire chorus.
En quoi est-ce scandaleux ?
Il est sûrement très aimable de la part de Macron d’appeler Danièle Obono. Mais appelle-t-il Marine Le Pen quand elle est indignée par un article ? Je pense qu’il essaie de se faire pardonner d’avoir parlé à l’hebdomadaire Valeurs. Il met donc un genou à terre. Politiquement, ce n’est pas très glorieux.
Surtout, cela est problématique du point de vue institutionnel. Le Premier Ministre et le président de la République sont les garants de la neutralité de l’Etat. Ils n’ont pas à condamner un hebdomadaire ni à dire quelles opinions on peut défendre. Ils sont les dirigeants d’un pays, pas les directeurs de conscience et encore moins les instituteurs de ses citoyens.