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Le regard libre d'Élisabeth Lévy - "Aujourd'hui, c'est Charlie qui n'est plus Charlie"

Alors que Robert Ménard avait lui-même fait le choix de soutenir Charlie Hebdo en publiant des affiches d'une Une du journal dans les rues de sa ville, le journal satirique s'est permis un communiqué désavouant le maire de Béziers, répudiant sa main tendue. Décevant d'un hebdomadaire qui a pourtant tant besoin des soutiens par-delà les inimitiés politiciennes.

Tous les matins à 8h15, le regard libre d'Elisabeth Lévy dans le Grand Matin Sud Radio.

Le président de la République évoquait, dans les jours qui ont suivi l'assassinat de Samuel Paty, le besoin de se rassembler, tout en se demandant combien de temps durerait cette unité. La réponse n’a pas tardé. En hommage à Samuel Paty, le maire de Béziers a fait placarder dans sa ville la Une de Cabu du 8 février 2006, numéro qui contenait les caricatures danoises où l'on voit Mahomet se tenant la tête entre les mains, et cette formule : "C’est dur d’être aimé par des cons. Mahomet débordé par les intégristes". Dans la capitale biterroise, Robert Ménard a ajouté à l'affichage la mention « Non au terrorisme islamiste ! ».

Que m'inspire cette campagne ?

C'est tout à l'honneur de Robert Ménard - qui ne partage aucune des opinions de Charlie - de défendre la liberté d’expression. Et courageux. C’est pour ces dessins que la rédaction de Charlie a été massacrée et que Samuel Paty a été assassiné. On ne peut pas exclure la réaction violente d’un fanatique. Seulement, ça n’a pas été du goût de Charlie. La direction du journal joue les offusquées dans un communiqué misérable et insultant, pourtant salué par Caroline Fourest. En voici les termes :

 « La une de Cabu vise seulement les intégristes, pas les musulmans. C’est la différence entre Charlie et Ménard. Lire un dessin de presse, ça s’apprend, ça ne se détourne pas. »

Au lieu de donner des leçons, ils devraient écouter Sud Radio, hier. Ils auraient entendu Ménard expliquer qu’il voulait protéger les musulmans des intégristes. Alors, Charlie rappelle ses états de service contre l’extrême droite et la pétition lancée en 1995 pour la dissolution du Front National. "C’est dur d’être aimé par Ménard et l’extrême droite", finissent-ils.

En quoi est-ce misérable ? Il y a trois raisons.

- C'est du politiquement indécrottable. Pendant des années, la gauche a seriné que le vrai danger c’était Le Pen. Et a refusé de voir la montée de l’islam radical. Marine Le Pen, qui a rompu avec son père, menace-t-elle la démocratie ? Pleurons-nous les morts du lepénisme ?

- On les croyait Voltairiens épris de pluralisme. On les découvre toujours dominés par leur surmoi sectaire de gauche. Que tous ceux qui n’appartiennent pas au bon camps le sachent. S’ils sont menacés, si on veut les faire taire, qu’ils ne comptent pas sur Charlie. La liberté d’expression, seulement pour les gens qui pensent comme eux.

- Depuis des années, ils se plaignent d’être seuls parce que la gauche les a lâchés. "La France n’est plus Charlie", se désolaient-ils. Et ils se pincent le nez devant le soutien de Ménard ! La cause est plus grande qu’eux. On continuera. Mais on est triste de voir qu’aujourd’hui, c’est Charlie qui n’est plus Charlie.

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