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Incendie mortel à Courchevel: l'accusé clame son innocence

L'incendie avait coûté la vie à deux saisonniers dans la station de ski de Courchevel en 2019: jugé depuis lundi pour avoir volontairement mis le feu à leur résidence, Hicham Abderraouf va tenter de convaincre la cour d'assises qu'il est "innocent".

Fanny HARDY - AFP/Archives

L'incendie avait coûté la vie à deux saisonniers dans la station de ski de Courchevel en 2019: jugé depuis lundi pour avoir volontairement mis le feu à leur résidence, Hicham Abderraouf va tenter de convaincre la cour d'assises qu'il est "innocent".

Cet Algérien de 27 ans originaire de l'Hérault, au casier judiciaire porteur de 11 condamnations, est jugé à Chambéry jusqu'au 30 mai pour "destruction du bien d'autrui par un moyen dangereux" ayant entraîné la mort et des infirmités permanentes, détention d'arme et évasion par violence. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Le feu, dépeint comme très violent et rapide, s'était déclaré le 20 janvier 2019 peu après 4H00 du matin dans L'Isba, une résidence vétuste abritant 57 travailleurs saisonniers. Plusieurs témoins ont fait état d'odeurs d'essence dans le bâtiment avant le sinistre et une arme à feu avait été retrouvée à proximité.

Une femme de 32 ans et un homme de 50 ans, employés de restaurants, avaient succombé asphyxiés, et une vingtaine d'autres avaient été blessés en se défenestrant pour échapper aux flammes. Une cinquantaine de personnes se sont portées parties civiles.

L'enquête établira que l'accusé, soupçonné d'avoir agi par vengeance envers une ex-petite amie, avait effectué plusieurs passages en voiture pendant la nuit devant cette résidence où elle logeait, notamment quelques minutes avant l'apparition des premières fumées.

Selon les témoignages cités, il aurait aussi menacé de "cramer" son ex-compagne, n'acceptant pas la rupture qu'elle lui avait imposée quelques mois plus tôt. En outre, il était également présent à Courchevel lors d'un précédent incident quelques semaines plus tôt lors duquel de l'essence aurait déjà été répandue devant des portes de chambre à l'Isba.

"Dès les premiers jours, le nom d'Hicham Abderraouf ressort", et l'hypothèse d'un incendie volontaire "avec produits accélérants" est privilégiée, a expliqué à la cour le gendarme en charge des investigations, Yohan de Ballesto. Même sans témoin direct ou aveu, "les éléments d'enquête s'accumulent", a-t-il souligné. Quant au mobile, cela pourrait être que "c'est Hicham Abderraouf qui décide quand une relation se termine et pas l'inverse", note-t-il.

Mais pour la défense, qui entend plaider l'acquittement, il s'agit au contraire de démontrer qu'Hicham Abderraouf "est totalement innocent et étranger à ces faits dramatiques" et que l'enquête a été "menée à l'envers".

Ainsi, les messages de menaces à son ex-compagne n'ont pas été retrouvés et d'autres pistes n'ont pas été pleinement vérifiées. "On est au procès, on ne peut plus se contenter de thèses, de rapprochements", s'est indigné Me Ghaïs Bencharif, l'un des deux avocats de l'accusé.

"Pour l'incendie, je suis innocent", a lancé l'accusé, qui n'a pas été été interrogé plus longuement sur les faits. Lors de son interrogatoire de personnalité, il a révélé avoir été abandonné par ses parents en Algérie, puis élevé en France par des parents algériens. Il a reconnu des faits de délinquance et des violences envers sa mère, affirmant ne pas avoir eu "conscience" de ses dérapages.

- "Gravées à vie" -

Pour Alain Corci, père d'une jeune femme grièvement blessée lors de l'incendie, l'accusé est "un multirécidiviste, trafiquant de drogue, avec pas mal de passif pour son jeune âge, et en plus de ça, avec deux tentatives d'évasion. Quelqu'un qui est innocent ne va pas s'évader à chaque fois", a-t-il souligné, le qualifiant de "coupable à 2000%".

"Pour les victimes en général, ma fille compris, il y a des séquelles qui sont visibles, et des séquelles physiques ou morales qui ne sont pas visibles. Et les images que les personnes ont vécues à ce moment-là (...) restent gravées à vie", a-t-il ajouté, plaidant pour "une condamnation exemplaire".

L'affaire devrait donner lieu à un deuxième procès les 5 et 6 juin à Albertville (Savoie) qui visera cette fois le propriétaire de l'immeuble, accusé d'"homicide et blessures involontaires" et "hébergement de travailleurs dans un local non conforme".

Par Amélie HERENSTEIN / Chambéry (AFP) / © 2025 AFP

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