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Grand entretien : les moments forts de l'année 2015 de Daniel Herrero

Par La Rédaction

Pendant les vacances, la rédaction de Sud Radio donne la parole à des personnalités qui nous racontent comment ils ont vécu cette année 2015. Ce lundi, c'est Daniel Herrero qui a répondu aux questions de Christine Bouillot.

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Christine Bouillot : Daniel, comment as-tu-vécu cette année 2015 ? Daniel Herrero : Je l’ai vécu dans une série de turbulences dont certaines ont été de purs drames. Il y a eu ce coup d’envoi diabolique. Nous étions le 11 janvier comme une espèce d’éclatement, de déchirures, de coups au foie, au cœur surtout.
J'étais parti au fin fond de l’Afrique sur la trace des derniers gorilles des montagnes, j'avais fait une longue marche et je rentre le jour même où ça pétarade. J’avais encore la cœur en joie d avoir vu une nature encore resplendissante bien que souffrante et là c’est le drame. Et puis la conclusion de l’année, elle est pour moi et pour nous, une déchirure. J’avoue que sur l’ensemble de l’année, j’ai vécu les souffrances qui émergent comme une constance. Il y a aussi ces "enfants du monde vagabonds rejetés de leur terre", le problème des migrants, il m’a interpellé.
Et pourtant, parce que j’y vois un caractère dérisoire ou désuet, je vois la Coupe du monde de rugby comme un magnifique événement parce que c’est du chant du sport, des joies, des jeunesses, du vivre ensemble.Ce qui veut dire qu’il y a quand même des lueurs d’espoir. Il y en d’autres ? Les citoyens de France que nous sommes, on s’est quand même retrouvé mis en souffrance par 2 ou 3 gros événements où quand celui qui est à coté de nous devient parfois un autre, un adversaire voire un ennemi, c’est le vivre ensemble qui s'est retrouvé très fracassé. Pour moi c’est là que l’on souffre le plus. C'est là que l’on a le plus de chemin à faire encore.Alors est-ce que l’on peut se réconcilier, est-ce que la France peut se réconcilier et à travers quoi ?Qu’est ce qui fait pour que, quand on est les uns à côté des autres, on soit ensemble ?Là, je parle aussi à celui qui a été entraineur ?Oui, celui qui dans un collectif a des gens venant de lieux et cultures, de morales et d’éthiques différentes ! Pour moi l’idée c’est : qu’est ce qu’on peut mettre au milieu, entre, qui fasse que ça fonctionne ?
Moi je n’y vois que deux choses : c est la dimension du droit qui génère le respect. 'L’entre' pour moi c’est la République. Tu vas me dire : ça fait morale, ça fait philosophique. Non, ça fait du droit !
C’est le respect de l’autre, absolu, dans sa différence, comme un mode évident du vivre ensemble. Et les lois nous protègent pour ça. J’estime, ce qui me fait infiniment souffrir, que ma République elle est belle, et que sur ma Terre, ma terre de France, on l’agresse.
Et puis il y a le droit moral. Le respect est une obligation et toute autre forme de relation est suspecte et mérite sanction.Que fait-on ? On met le paquet sur l’école, l’éducation ?Je ne désespère jamais de l’éducation. Je crois fondamentalement que le "vivre ensemble" passe par un process éducatif. On pense au premier cercle, la famille, les anciens. Au lieu où tu grandis. Celui là, on le trouve aujourd‘hui en souffrance. Fragilisé.
Et puis il y a le champ de l’école. Le problème est que l’école est aussi chargée du champ moral. C’est là qu’on apprend à aimer l’Homme, la culture, c'est-à-dire le fruit de la beauté des hommes, mais aussi dans le vécu par le temps passé avec l’autre, et bien ce temps là, pour moi il est sacré. Et toutes les hypothèses semblent secondes. Si on touche à ce lieu où l’on apprend à l’enfant à respecter l’autre, à acquérir des savoirs qui le feront grandir, là, il y a mauvais temps. Et effectivement je trouve que la famille et l’école souffrent.Et en même temps, n’as-tu pas le sentiment que nous sommes dans une société d’enfants gâtés ? Que nous avons profité de beaucoup de choses sans se poser la question que toutes ces choses étaient fragiles ?Moi qui arpente la planète pour me nourrir de la différence, j’ai la forte sensation que la Terre sur laquelle je vis (la France NDLR), elle est bénie des dieux. Ou tout au moins elle est bénie des hommes. Que les hommes qui la dirigent la protègent plutôt bien. Mais c’est une assez grosse interrogation surtout quand on voit la montée du FN, il y a d’encore des peurs. Mais c’est ici qu’on a le plus de capacité à donner le meilleur de nous même. Je considère qu’en France, d’où l’amour que je porte à ma terre et à ma langue, la liberté qui m’est offerte me permet sans doute d’exprimer ce que j’ai de mieux.
Mais je vois bien que c’est de la sécurité que ça se crispe. Que le manque de sécurité te donne le goût de détruire l’autre.Que peut-on se souhaiter, nous souhaiter pour 2016 ?Il reste à souhaiter que, dans le regard des gens, je trouve le bonheur ! Ce bonheur, qui est le plus nourricier, ce regard dans lequel je vois encore de la joie de vivre. Mais je vois bien aussi qu’il faudra être vigilant, surtout quand celui qui pense différemment de toi devient celui qu’il faut abattre. Oui il faudra être très vigilant.

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