Une liste Gilets Jaunes atteindrait 5% aux prochaines élections européennes, selon le sondage quotidien Ifop Fiducial pour Sud Radio et CNews. Faut-il pour autant une liste Gilets Jaunes aux européennes ? Les Gilets Jaunes eux-mêmes sont divisés sur la question.
Comment financer une liste ?
"Se lancer dans le grand bain de l’élection européenne, c’est à la fois simple et compliqué, détaille Véronique Jacquier. Simple parce que tout citoyen peut se présenter". Ainsi, en 2014, 40% des listes validées en France n’avaient pas d’étiquette politique et leurs têtes d’affiche étaient loin des profils classiques. "Ensuite, c’est compliqué, poursuit Véronique Jacquier, car il faut trouver 79 personnes pour composer la liste, moitié homme, moitié femme, parité oblige. Puis il faut pouvoir financer sa campagne. Les banques prêtent difficilement aux grands partis, donc c’est mission impossible pour les petits". D’autant plus que les frais ne sont remboursés que si la liste rassemble plus de 3% des suffrages. Pour l’instant, chez les Gilets Jaunes, une dizaine de projets de liste existent, mais un seul se lance vraiment : Jean François Barnaba avec sa liste Jaune et citoyen. Mais ira-t-il jusqu’au bout ?
Un autre Gilet Jaune, Benjamin Cauchy, a choisi d’apparaître en bonne position sur la liste de Nicolas Dupont-Aignan pour porter la dynamique du mouvement. "C’est sans doute le choix le plus judicieux, estime Véronique Jacquier. L’avenir nous le dira mais, jusqu’à présent, les mouvements citoyens n’ont jamais émergé grâce à une élection". En 2014, le mouvement Démocratie réelle, l’ancêtre des Gilets jaunes, puisqu’il émanait des Indignés en Espagne, a obtenu à peine 4.450 votes sur 18 millions d’électeurs. Autre ancêtre des Gilets Jaunes : Nouvelle donne, toujours en 2014. Ce collectif citoyen voulait répondre aux urgences sociales et reprendre son destin en main. Bilan : 550.000 voix, 2,90% des suffrages et pas de remboursement de la campagne.
Un vote à un tour à la proportionnelle
"Cela présente un aspect positif en terme de vitalité démocratique, estime Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof. Pour se compter devant les électeurs face aux partis politiques. En revanche, quelque chose n’est pas très clarifié : ce sont les élections européennes, mais ces listes ne parlent pas d’Europe. Il s’agit aussi de parler des thèmes européens : élargissement, zone euro, question des migrants… Enfin, on a du mal à y voir très clair, à la sortie du Grand Débat. Qu’est-ce qu'Emmanuel Macron va annoncer ? Il faut aussi que les listes Gilets Jaunes nous expliquent comment elles financent leurs propositions".
"L’élection européenne, c’est un vote à un tour à la proportionnelle, rappelle Véronique Jacquier. Il faut bien comprendre que l’électeur se montre conservateur. Il va voter pour le gros parti le plus à même de refléter ses aspirations. Et tous les partis vont se mettre, dans les semaines qui viennent, à faire la danse du ventre devant les Gilets Jaunes. Ceux qui se lancent en politique doivent faire attention : sympathie, soutien, ne veulent pas dire intention de vote, même après quatre mois de mobilisation".
Retrouvez "Info Vérité" du lundi au vendredi avec Véronique Jacquier à 7h10 et 9h15 sur Sud Radio, dans la matinale de Cécile de Ménibus et Patrick Roger.
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