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Élisabeth Lévy - "L'État est toujours le coupable idéal"

Retrouvez "Le regard libre d'Élisabeth Lévy" du lundi au vendredi à 8h10 sur sudradio.fr   Un incident entre Christophe Castaner et un journaliste de BFM., qu'en penser ? Le ministre de l’Intérieur s’est rendu hier dans le Var (au Muy), où les inondations ont fait quatre morts. Et voilà ce qui s’est passé :  Mr […]

Le regard libre d' Élisabeth Levy

Retrouvez "Le regard libre d'Élisabeth Lévy" du lundi au vendredi à 8h10 sur sudradio.fr

 

Un incident entre Christophe Castaner et un journaliste de BFM., qu'en penser ?

Le ministre de l’Intérieur s’est rendu hier dans le Var (au Muy), où les inondations ont fait quatre morts. Et voilà ce qui s’est passé : 

  • Mr le ministre, les précédents plans d’urbanisme ont mis en danger des vies humaines ? 
  • Je pense que votre question est idiote). Couper là ! 

Le ministre a tort de parler comme Mélenchon. Il n’aurait pas dû dire "idiote", mais" déplacée, déplaisante, déplorable". Cependant, on avait effectivement l’impression que le journaliste cherchait quelqu’un à clouer au pilori pour ces morts. Cela dit, ce journaliste ne fait que reproduire une demande sociale très répandue. 

Est-ce notre ADN révolutionnaire ? Morts sur la route ou blocage dû à un volcan islandais, femmes battues ou accident industriel, après n’importe quelle catastrophe sociale, naturelle ou industrielle nous exigeons des têtes à couper, des procès, judiciaires ou médiatiques. L'éternel coupable idéal :  l’Etat. Nous passons notre temps à recenser ce qu’il aurait dû faire pour nous. 

Il est normal que les gouvernants répondent de leurs actes ?

D’abord, ils sont tellement sous surveillance qu'il n'y a que peu de chances d’échapper à leurs responsabilités. 

Surtout, ne pas confondre l’erreur et la faute. Toute activité humaine produit de l’erreur. Nous avons notre part de responsabilité dans l’urbanisation de la côte d’Azur et la bétonnisation des sols qui les a rendus imperméables. Ces travaux dantesques expliquent en partie les crues de l’Argens, du Loup et de la Naturby. Une erreur collective à laquelle nous avons tous participé, ne serait-ce qu’en allant y passer nos vacances. Mais c'est également dû à l’état général des connaissances. Dans les années 50, seuls quelques trublions parlaient d’environnement. Brandir des têtes sur une pique comme dans l’affaire du sang contaminé (où deux ministres furent jetés en pâture à l’opinion), ne nous avance à rien. 

En somme, il faut se résoudre à ce que l’Etat ne puisse pas grand-chose ? 

Nous n’en sommes pas là. Notre pays a été construit par l’État - par l’alliance entre ceux qui le représentent, les rois puis les élus, et ceux qui le font tourner, l’administration et les fonctionnaires. Il a une mission de protection, et aussi une dimension symbolique. C’est l’Etat qui fabrique la collectivité. Toute crise française est d’ailleurs une crise de l’Etat. 

Il est donc légitime qu’on se tourne vers lui et lui demande des comptes. Oui, le revers de la majesté de l’administration , c'est sa lourdeur et son incapacité à gérer les exceptions (comme les travaux de prévention des inondations). Un côté borné, un côté aveugle. Reste que l’État ne peut pas plus empêcher la pluie de tomber qu’il ne peut faire disparaître la violence dans les relations conjugales. L'État ne peut pas éradiquer le mal ni changer la nature humaine.   

Pour Descartes, la connaissance devait nous rendre « maîtres et possesseurs de la nature ». Il faut se résigner. Même le ministre de l’Intérieur ne peut accomplir complètement cette prédiction prométhéenne.

 

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