Créé en 1974, le rendez-vous annuel des fans de bande dessinée ne se tiendra pas cette année à Angoulême. Depuis quelques semaines déjà la menace planait, l’annonce parue ce matin de la part de la société organisatrice 9ᵉ Art+ était ainsi inéluctable, car depuis plusieurs semaines la tenue de la 53ᵉ édition était compromise. En effet, en raison d’une partie du secteur de la BD vent debout contre la société organisatrice de l’événement depuis 2007, de nombreux auteurs et autrices avaient annoncé boycotter l’édition 2026.
Critiquant l’opacité et la dérive commerciale du festival, en reprochant notamment à 9ᵉ Art+ d’avoir licencié une salariée qui venait de porter plainte en 2024 pour un viol survenu pendant le festival. Les grandes maisons d’édition de BD avaient, elles, jugé cette 53ᵉ édition "compromise", estimant "la confiance (…) rompue" avec les organisateurs.
Un coup d'arrêt mais pas la fin d'une histoire
Un événement majeur dans l’histoire du festival qui cependant n’indique pas la fin définitive de la fête mondiale de la bande dessinée. D’ailleurs, dans les dernières décennies, de nombreux festivals ou fêtes importantes ont également été annulés.
🔴ALERTE INFO - Attaque de la mairie d'Angoulême
— Sud Radio (@SudRadio) August 21, 2024
➡️En exclu sur Sud Radio, Jérôme Harnois, préfet de la Charente (@Prefet16), confirme "l'inscription" de la prière des morts "sur la voiture de l'assaillant" pic.twitter.com/6hAiCzPCbL
Le Festival de Cannes gagné par la fièvre de mai 68
Effectivement, à l’époque, les circonstances de l’annulation n’avaient rien à voir avec celles d’aujourd’hui dans la ville de Charente, mais pour autant la non-tenue du festival de cinéma en 1968 avait fait date dans l’histoire de l’événement. Nous sommes alors en mai 1968, le festival de Cannes doit comme chaque année débuter vers la moitié du mois. Mais à cette même période en France, le mouvement social lancé par les étudiants infuse dans toutes les couches de la société. Même chez les artistes, le mouvement est plébiscité et en guise de soutien, de nombreux metteurs en scène et membres du jury décident de boycotter le festival, à l'image de François Truffaut, Claude Berry ou encore Jean-Luc Godard. Face à la fronde des artistes, les organisateurs de l’événement choisissent de clore cette édition, pour la première fois de son histoire.
1991 : le Carnaval de Nice "victime" de la Guerre du Golfe
Le Carnaval de Nice est annulé en raison de la Guerre du Golfe en 1991. Évidemment, la proximité entre Nice et l’Irak, plutôt éloignée, peut questionner sur le non-déroulé de l’événement. Pourtant, le mythique Carnaval de Nice avait bel et bien été annulé au début des années 90 “en raison de la guerre du Golfe et par souci de sécurité” comme l’avait déclaré à l’époque la municipalité de la ville des Alpes-Maritimes.
En effet, le tourisme, l’industrie de l’habillement et les commerces avaient été les secteurs les plus touchés par le conflit au Moyen-Orient. L’aéroport de Nice-Côte d’Azur avait d’ailleurs enregistré une baisse de 22 % du trafic dès le début du conflit en raison de cette guerre. S’en sont suivis évidemment les secteurs touristiques largement affectés par le conflit, les hôteliers ayant notamment dû faire face à une vague d’annulations importante. Si cette décision peut paraître étrange aujourd’hui, de nombreux événements avaient été annulés un peu partout dans le monde, notamment le Carnaval de Venise.
2003 : les intermittents du spectacle plus forts que le festival d’Avignon
En 2003, le festival d’Avignon célébrant le théâtre et le spectacle vivant n’avait pas pu se tenir. Une annulation en raison d’un conflit social entre les intermittents du spectacle et le gouvernement français. La revendication principale des artistes et des techniciens est alors la suivante : protéger le régime spécifique des intermittents du spectacle vivant. L’annulation avait eu un impact économique significatif avec la perte de 75 000 places et des conséquences sur l’industrie du spectacle vivant en France.
2019 : une menace terroriste éteint la Fête des Lumières à Lyon
En 2019, l’événement célébrant la Vierge Marie allait célébrer ses 30 ans dans la ville de Lyon. Malheureusement, la fête de l’Immaculée Conception fut annulée en raison d’une menace terroriste accrue. La préfecture avait toutefois remplacé les festivités par un hommage aux victimes des attentats terroristes.