Et de trois. A l'issue de 24 heures de garde à vue, Booba, poids lourd du rap, est depuis jeudi poursuivi dans un nouveau dossier de harcèlement sous enquête à Paris, cette fois après ses piques contre Demdem, un temps compagne de son rival Gims.
Une source proche du dossier l'a annoncé vendredi à l'AFP, ce que le parquet de Paris a confirmé.
D'après ce dernier, Elie Yaffa, de son vrai nom, a été mis en examen jeudi pour harcèlement moral en ligne ayant causé une incapacité de travail supérieure à huit jours dans le cadre d'une information judiciaire ouverte pour des faits courant depuis août 2022.
Pour ces faits, l'artiste de 48 ans encourt trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende.
Sollicités, ses avocats Marie Roumiantseva et Gilles Vercken n'ont pas commenté.
Le rappeur, qui a enchaîné trois jours de concerts en fin de semaine dernière à Paris La Défense Arena, a interdiction d'entrer en contact "par tout moyen" avec la plaignante, selon les termes de son contrôle judiciaire, a détaillé le parquet.
Gims et Demdem, Gandhi Djuna et Adja-Damba Dante à l'état-civil, âgés de 39 et 38 ans, avaient déposé plainte en 2024, signalant des faits de cyberharcèlement visant Demdem depuis 2018 qu'ils imputaient à Booba, outre des propos tenus par ce rappeur lors de concerts.
- "Effroyable" -
Lors de leur dépôt de plainte révélé par l'AFP, Gims et Demdem avaient accusé Booba de "s'attaquer" à eux "depuis six ans", "encouragé" par "un nombre absolument impressionnant de ses admirateurs", créant "une situation effroyable".

Montage photos du 16 octobre 2025 montrant les rappeurs Booba (G) et Gims (D)
GABRIEL BOUYS, John Lamparski - AFP/Archives
Un morceau récent de Booba, "Dolce Camara", serait d'après la plainte le "point culminant" du harcèlement.
Dans ce titre interprété avec SDM, Booba disait notamment: "On les aime fraîches, bien michtos (ndlr: un dérivé argotique de michetonneuse désignant une femme attirée par l'argent), qui savent accueillir comme Demdem".
Booba s'était félicité du succès de ce morceau qui aurait répondu aux "insultes" envers sa fille proférées par Gims, dans le top 10 des artistes les plus écoutés en France en 2024 sur les plateformes de streaming.
Dans d'autres messages visés par la plainte, le "Duc de Boulogne" qualifierait Demdem de "pondeuse", l'aurait assimilée à "une catin" ou présentée de manière "particulièrement sexualisée".
Enfin, les plaignants ont rapporté un supposé message privé adressé par Booba à Demdem: "Passe le salam à ton fils de pute de mari".
Selon le parquet, la plaignante s'est vu reconnaître une incapacité de travail de 10 jours.
D'après une source proche du dossier, Gims a finalement indiqué aux enquêteurs qu'il soutenait la plainte de Demdem mais ne la déposait pas pour lui-même.
- "Célérité" -
Selon le ministère public, Booba a été interpellé mercredi et placé en garde à vue à la BRDP (Brigade de répression de la délinquance faite aux personnes), une mesure levée le lendemain en vue de la présentation à une juge d'instruction parisienne.
"Il est satisfaisant que la justice et la police aient démontré célérité et détermination pour interpeller M. Yaffa et faire cesser ses agissements", a commenté auprès de l'AFP l'avocat des plaignants, Me David-Olivier Kaminski.
"A ce jour, nous constatons que Booba fait l'objet de plusieurs procédures pour harcèlement contre de nombreuses victimes. Il est grand temps que ces actes toxiques et nuisibles cessent !", a insisté le conseil.
Figure du rap depuis les années 1990, Booba s'est engagé depuis plusieurs années dans une croisade contre les influenceurs renommés "influvoleurs" et leurs pratiques commerciales présentées comme trompeuses.
Parmi ses principales cibles, Magali Berdah, fondatrice de Shauna Events spécialisée dans les influenceurs.
L'enquête la visant pour pratiques commerciales trompeuses, ouverte après des plaintes de Booba, a été classée sans suite en mars.
Le 2 octobre 2023, Booba a, de son côté, été mis en examen pour harcèlement moral en ligne aggravé à l'encontre de l'influenceuse, qui avait également déposé plainte.
Le rappeur sera par ailleurs jugé le 3 décembre pour injure raciste contre une journaliste et un essayiste, ainsi que pour cyberharcèlement aggravé s'agissant de la première.
Par Guillaume DAUDIN / Paris (AFP) / © 2025 AFP