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"Au regard de la dignité humaine, la présence de cette statue de Colbert est inacceptable"

La statue de Jean-Baptiste Colbert, devant l'Assemblée nationale, avait été taguée à la peinture rouge le 23 juin 2020. Aujourd'hui, l'homme qui avait fait ce tag comparaît devant le tribunal.

La statue de Colbert avait été taguée à la peinture rouge le 23 juin 2020. © AFP

Faut-il déboulonner les statues des esclavagistes ? Pour en parler, Louis-Georges Tin, président du Conseil Représentatif des Associations Noires (Cran) et Gaël Nofri, historien, conseiller municipal de la Ville de Nice et auteur du livre Une histoire des révolutions en France, étaient les invités d'Arthur de Laborde le 14 août 2020 dans "Sud Radio Midi", à retrouver du lundi au vendredi à 12h10.

 

"Ce n’est pas Emmanuel Macron, la République"

"La République n’effacera aucun nom ou aucune trace de son histoire. [...] La France ne déboulonnera pas de statues", avait assuré Emmanuel Macron le 15 juin 2020. Mais peu après, le 23 juin 2020, un homme a tagué à la peinture rouge la statue de Jean-Baptiste Colbert qui trône devant l'Assemblée nationale. Il est jugé aujourd'hui.

"En déclarant qu’on ne déboulonnerait pas de statues, Emmanuel Macron a voulu mettre un terme au débat. En réalité on n’a jamais autant déboulonné. Contrairement à ce qu’il pense, ce n’est pas Emmanuel Macron, la République. La République à l’Assemblée nationale, c’est le président de l’Assemblée nationale. Dans une ville, la République, c’est le conseil municipal. C’est à eux de décider.

Je tiens à rappeler que Jean-Baptiste Colbert est à l’origine du Code noir. Il est donc coupable d’un crime contre l’humanité, dont il incarne la théorie et la pratique. Il y a certes des gens qui disent : "c’est vrai, mais c’était quand même un grand ministre". Pour moi, c’est comme dire: "ce prêtre pédophile a violé une vingtaine d’enfants certes, mais il a aussi distribué de l’argent aux pauvres". Les personnes qui font la promotion de Colbert devraient être accusées de promotion de crimes contre l’humanité.

Il ne faut pas détruire cette statue. Il faut la mettre dans un lieu approprié comme un musée. En tout cas, sa place n’est pas devant le Parlement. Si la France est le pays des droits de l‘homme, on ne peut pas honorer les esclavagistes devant notre Parlement. Ce n’est pas seulement une insulte à l’Humanité, c’est aussi une insulte au Parlement. Je vous rappelle d’ailleurs que le Parlement de l’époque avait refusé de voter le Code noir", a déclaré Louis-Georges Tin.

"La France, c’est aussi une nation qui a fait le choix d’abolir l’esclavagisme"

"Il est incontestable que Colbert a été un grand ministre et que son empreinte est durable dans l’histoire de la France. C’est celui qui a fait accoucher la monarchie classique et qui a fait du bien à l’économie avec le colbertisme. Quant au Code noir, Colbert n’en a pas vraiment été à l’origine. Ce qu’on appelle le Code noir est en réalité un édit royal qui a été signé après la mort de Colbert, sur lequel il a joué un rôle.

Bien sûr qu’au regard de la dignité humaine, l’esclavagisme c’est inacceptable. Il ne faut pas faire d’anachronisme. Il faut aussi se dire que le Code noir est une étape dans la prise en compte de la vie des esclaves. On sort d’une situation de non-réglementation, où le maître esclavagiste a les pleins pouvoirs sur ses esclaves, pour passer à une situation encadrée. On ne célèbre pas Colbert pour cet acte-là.

On arrive à une remise en cause permanente de notre histoire, de ce qui fait sens commun, des fondements de notre société. Or, toutes les civilisations ou presque ont pratiqué l’esclavage. Mais la France, c’est aussi une nation qui a fait le choix d’abolir l’esclavagisme. Il faut célébrer cela", a pour sa part estimé Gaël Nofri.

 

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