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"À partir de trois heures d’utilisation d’un seul type d’applis, vous êtes addict"

Par Benjamin Jeanjean

Expert en comportement numérique et addictif, Thierry Le Fur était l’invité du Grand Matin Sud Radio ce mardi pour revenir sur un phénomène de plus en plus répandu : l’addiction aux écrans de toutes sortes.

L'utilisation du smartphone donne lieu à de sérieux comportements addictifs

L’arrivée des smartphones dans nos sociétés a indéniablement engendré une mutation de nos comportements, et notamment de notre rapport aux écrans. Alors que l’addiction à ces derniers se développe depuis un certain temps – chez les jeunes mais pas seulement –, Thierry Le Fur, expert en comportement numérique et addictif et auteur de Pouce ! : mieux vivre avec le numérique, était l’invité du Grand Matin Sud Radio ce mardi pour en parler.

"Jusqu’à une heure d’utilisation, il peut être positif d’utiliser le numérique, qui fait fonctionner le cerveau. Entre une heure et trois heures, on est globalement dans la moyenne. C’est à partir de trois heures d’utilisation que si vous êtes sur un seul type d’applications (réseaux sociaux ou jeux en ligne, par exemple), vous êtes addict. Si vous êtes en multi-activités, ça commence à poser un problème à partir de cinq heures d’utilisation. Il faut savoir qu’en moyenne, on a quatre heures de temps libre et social par jour. Donc si vous passez entre trois et cinq heures sur vos écrans, ça commence à devenir problématique...", déclare-t-il d’emblée.

"Le repas du soir est vraiment fondamental"

Comment lutter dès lors contre cette addiction ? Thierry Le Fur plaide entre autres pour la mise en place de "sanctuaires" privés d’écrans. "Il faut essayer de se réapproprier notre temps sur plusieurs sujets : la durée, mais également les moments. La majorité des gens aujourd’hui utilisent leur smartphone pendant les repas, par exemple. Cela commence en plus de plus en plus tôt puisque par mimétisme, vous voyez les enfants commencer à glisser les doigts sur les journaux en croyant que ce sont des tablettes. (…) Plutôt que de chercher à réduire à tout prix notre temps passé sur les écrans, il faut surtout essayer de se récréer des petits îlots. Le repas du soir par exemple est vraiment fondamental. Certes, dans la vie active on peut avoir besoin en tant que parent d’être connecté à son travail, mais sachons nous réserver ce genre de plages", recommande-t-il.

En tout état de cause, traiter ce type d’addiction est bien évidemment possible. "Si vous êtes dans la "trop-connexion", il vous faut revenir à de bonnes habitudes. Si vous tombez vraiment dans un usage pathologique, il faut alors rentrer dans de vrais systèmes de cure. Mais l’énorme problème de toute addiction, c’est qu’on est d’abord dans le déni, on se dit que ça ne nous concerne pas. Ensuite, on est dans une forme d’ambivalence, en se disant que puisqu’on en a toujours besoin, on a toujours une bonne raison de l’utiliser. Le meilleur moyen, c’est de faire des tests. Aujourd’hui, il y a une masse de tests qui touchent aussi bien le smartphone que le temps d’écran, l’usage de Facebook, etc., qui sont disponibles en ligne sur Internet", assure-t-il.

Réécoutez en podcast l’interview de Thierry Le Fur dans le Grand Matin Sud Radio

 

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