Marine Le Pen n’a rien à envier à François Hollande dans sa pratique de la synthèse. Le nouveau nom de son parti est une manière de mettre tout le monde d’accord, entre ceux qui ne voulaient pas que la marque historique disparaisse et les partisans d’un nom nouveau. Le mot "Rassemblement" indique le projet en rupture avec le «Front», aux accents plus antagonistes, et le "National" rassure les historiques.
Avec ce compromis, le message de Marine Le Pen est également adressé à des éventuels partenaires à droite de la droite. Le temps des alliances est arrivé, dit-elle. Le rassemblement des droites est en route.
Marion Maréchal-Le Pen est actuellement en mode OPA sur la droite. Marine Le Pen a bien compris le danger et elle y répond d’une manière paradoxale. Elle lance un message de rassemblement alors que la perception du FN par les Français est celle d’un échec de sa stratégie de normalisation, et voilà qu’elle invite… Steve Bannon ! Ancien conseiller de Trump, à droite de l’extrême-droite, il travaille à une internationale populiste (il était d’ailleurs à Rome pour assister à la victoire des populistes italiens). Sécurité, islam, immigration… "Dites-vous racistes, laissez-vous traiter de xénophobes et anti-immigration, il n’y a aucun problème", dit-il sur la tribune en galvanisant les foules du congrès de Lille.
En attendant, Marine Le Pen place quand même son compagnon Louis Aliot en tant que n°2 du RN, à contre-courant de l’évolution de la société depuis la campagne présidentielle, tout en disant qu’elle ne s’accrochera pas à 2022 si quelqu’un est mieux placé.
Pour l’heure, la refondation du parti Le Pen est bien un rassemblement familial.
Réécoutez en podcast l’édito de Michaël Darmon dans le Grand Matin Sud Radio