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Raphaël Glucksmann : "C'est la survie de l'Union Européenne qui est en jeu aujourd'hui"

Raphaël Glucksmann, député européen PS - Place publique et essayiste, était l’invité du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 7 avril sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Raphaël Glucksmann, interviewé par Patrick Roger sur Sud Radio le 7 avril à 7h40.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson est en soins intensifs depuis lundi 6 avril en raison du coronavirus."Cela souligne une fois de plus la gravité de la crise du Covid-19 et face à la maladie, il n'y a pas d'adversaires confie Raphaël Glucksmann. Nos pensées les plus fraternelles au peuple britannique, à Boris Johnson et sa famille".

 

Raphaël Glucksmann : "La France et l'Europe sont humiliées par cette crise"

Selon Raphaël Glucksmann, la France est humiliée par cette crise du Covid-19."La France et l'Europe sont humiliées par cette crise précise le député européen. Notre pays est la septième puissance économique mondiale et on envoie au front des soignants sans protections, on n'arrive pas à les équiper de masques, on ne peut pas produire des tests en nombre suffisant, des molécules les plus basiques pour être auto-suffisants en termes de médicaments. Ce n'est pas la responsabilité de tel ou tel gouvernement ajoute-t-il, c'est beaucoup plus profond comme processus de perte de souveraineté. Nous ressentons de l'impuissance, sur laquelle il faudra reconstruire une souveraineté industrielle et politique".

"J'ai toujours combattu pour l'idée européeenne, mais l'Europe n'est pas une religion estime-t-il. Il faut comprendre qu'aujourd'hui elle ne fonctionne pas, il y a eu un échec des solidarités dès le début de la crise. Oui aujourd'hui des mesures sont prises, mais ça ne fonctionne pas. Il faut retrouver une souveraineté, européenne et nationale. L'Union Européenne ne pourra pas retrouver son train-train quotidien après la crise du Covid-19" insiste-t-il.

 

"Si l'Europe n'est pas capable d'être utile face à cette crise, alors quelle est son utilité ?"

"L'urgence pour l'Union européenne est de mutualiser nos emprunts, c'est ce qu'on appelle les 'coronabonds' explique Raphaël Glucksmann, pour ne pas que les pays les plus vulnérables ne s'effondrent. Il faut montrer notre solidarité européenne. Et la question principale, et Angela Merkel a raison, sera celle de la souveraineté reconnaît-il. On a participé à une globalisation qui rend les pays européens aujourd'hui totalement dépendants de la Chine, de l'Inde, des pays producteurs.

Une série de micro-décisions d'entreprises qui cherchent le plus bas coût de production, mêlée à une incroyable démission du politique. Il faut changer ce logiciel du libre-échange absolu affirme le député européen. Pendant la pandémie, l'Union Européenne a validé un accord de libre-échange avec le Vietnam au début de la crise rappelle-t-il. Il faut se battre contre cette logique là !"

Pour Raphaël Glucksmann, sans un fonds de solidarité, l'Europe peut exploser. "C'est la survie de l'Union Européenne qui est en jeu aujourd'hui confirme-t-il. Nous vivons le moment le plus tragique et global que notre génération ait connu. Si l'Europe n'est pas capable d'être utile face à cette crise, alors quelle est son utilité ? s'interroge-t-il. Il nous manque aujourd'hui une coordination des commandes européennes, notamment de médicaments" soutient le député européen. 

"On nous a menti, le gouvernement nous a pris pour des enfants !"

Le gouvernement actuel peut-il sortir le pays de la double crise, sanitaire et économique ? "Il faut avoir un minimum d’humilité, aucun gouvernement au monde n'a réussi complètement à être préparé face à cette crise reconnaît Raphaël Glucksmann. Nous ne sommes ni médecins ni virologues, mais nous sommes des citoyens adultes, le gouvernement nous doit la transparence estime-t-il. Ce qui me choque profondément, c'est l'incapacité à dire la vérité. On nous a menti, le gouvernement nous a pris pour des enfants !" s'insurge-t-il.
"On ne peut pas reprocher au gouvernement de ne pas avoir été parfaitement préparé, en revanche, de nous avoir pris pour des imbéciles, nous avoir dit que les masques ne servent à rien, que les tests ne sont pas utiles, nous pouvons le reprocher !" dénonce Raphaël Glucksmann. Moins d'esthétique du pouvoir sur les déclarations martiales, plus de vérité, c'est ce dont nous avons besoin réclame-t-il. La meilleure communication de crise, c'est la vérité insiste-t-il. En plus les mensonges sur les masques sont grossiers ! Et concernant la chloroquine, je ne sais pas si elle est efficace, mais ce qui est certain, c'est qu'il y a encore eu un discours contradictoire de la part du gouvernement" remarque-t-il.

Après la crise, "la priorité sera le retour à la souveraineté, nationale et européenne"

Quelle démarche adopter par le gouvernement à la fin de la crise ? s'interroge Patrick Roger. "On ne pourra pas revenir au monde d'avant estime Raphaël Glucksmann. La priorité sera le retour à la souveraineté, nationale et européenne réaffirme le député européen. Le dessaisissement du politique sera impossible à continuer".
"Les crises sont des moments dangereux, elles peuvent donner le meilleur comme le pire regrette l'essayiste, notamment un repli sur soi et une quête d'autoritarisme. Nous devons reconstruire un pays capable de contrôler son destin. Une France capable de produire des masques ou des tests ! Tout l'enjeu est de savoir comment reprendre le contrôle".
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