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Olivier Faure : "On pointe du doigt les parlementaires de façon un peu commode"

Par Jérémy Jeantet

Alors que François de Rugy doit annoncer ce mercredi ses pistes pour réformer le statut des députés, le patron du groupe Nouvelle Gauche (ex-PS) ne veut pas que les parlementaires soient "stigmatisés" dans le seul but de maintenir un "voile opaque sur toutes les autres fonctions qui contribuent autant à la défiance".

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Invité du Grand Matin Été Sud Radio, présenté par Philippe Verdier, Olivier Faure, patron des députés Nouvelle Gauche (ex-PS) à l'Assemblée nationale, a répondu aux questions de Christophe Bordet, alors que le président de l'Assemblée nationale, François de Rugy, doit présenter ce mercredi matin ses pistes pour réformer le statut des députés.

Christophe Bordet : Est-ce qu’il faut réformer l’AN et la manière dont les députés fonctionnent aujourd’hui ?

Olivier Faure : Il y a sans doute des choses à revoir, mais je note qu’on incrimine beaucoup le Parlement alors que dans l’application des lois, c’est le gouvernement qu’il faudrait mettre à l’amende car ce sont les décrets d’application qui sont longs à sortir.

Ce qui est dans le viseur du président de l’AN, ce sont les députés eux-mêmes. Tout d’abord, sur les retraites des députés, il s’agit d’aligner le mode de calcul sur le régime général. Bonne ou mauvaise chose ?

Bonne chose. Je suis favorable du fait que nous nous rapprochions du droit commun. Il y a des privilèges qui existent encore, mais il faut prolonger ce qui a été entamé.

Sur les retraites, pour un euro cotisé aujourd’hui, combien touche le député ?

En fait, il y a une double cotisation. Autrefois, il y avait un système compliqué qui permettait, au bout de 4 mandats, d’avoir une retraite à temps plein. Depuis dix ans, vous pouvez cotiser deux fois plus pendant 2 mandats et toucher plus lors du départ à la retraite. Les privilèges sont, en réalité, beaucoup moindres que ce qu’on imagine. La raison pour laquelle, historiquement, ces mesures avaient été prises, c’était parce qu’on voulait faire en sorte qu’on compense les carrières heurtées sur le plan professionnel de ceux qui exercent des mandats de députés. Il faut penser à ceux qui passent cinq ans sur les bancs de l'Assemblée nationale et qui ont après toutes les difficultés à retrouver un emploi. Contrairement à l’idée répandue, les députés ne font pas 15 mandats. En moyenne, ils font 1,5 mandat. Ça donne des réalités très différentes. On pense à chaque fois aux têtes couronnées, il faut aussi penser à celui qui se retrouve en situation de rechercher un emploi quand il n’est plus parlementaire.

Autre idée, aligner les indemnités chômage sur le régime général. Est-ce qu’il faut toucher à cela ou pas ?

Je suis aussi favorable, là-dessus, à ce qu’on avance. C’est un système qui est plus favorable pour ceux qui retrouvent un emploi rapidement, parce qu’ils ont une indemnisation plus élevée sur les six premiers mois, mais elle devient dégressive après.

Billets SNCF gratuits, hébergements et repas à prix très avantageux à l'Assemblée ou près de l'Assemblée, est-ce que François de Rugy ne va pas trop loin en pointant comme ça les députés profiteurs ?

Beaucoup de Français s’imaginent des tas de choses sur le régime des parlementaires. Tout ce qui peut permettre d’apurer est de nature de réconcilier les Français avec leurs représentants. Je voterai en faveur de ces règles.

Est-ce que François de Rugy et le gouvernement Macron sont tentés par une politique antiparlementariste ?

Je n’espère pas. Mon sentiment, c’est qu’on pointe du doigt les parlementaires de façon un peu commode et ça permet de mettre un voile sur l’ensemble des réalités. La défiance est d’abord liée à la panne sur le plan des résultats. Quand on voit une ministre qui s’octroie 1 million de plus-value après avoir opéré un plan social, la même ministre qui propose de plafonner les indemnités pour les licenciements abusifs, c’est ce hiatus entre ce qu’est la population française et ceux qui les dirigent qui crée une incompréhension. Il faut aussi regarder du côté des hauts fonctionnaires et ainsi de suite. On peut aussi moraliser la vie économique. Nous avons cherché à trouver des dispositions qui permettent d’aller très loin, notamment sur le fait qu’un député ne puisse plus faire d’activité de conseil, ça a été refusé, on a proposé que le pantouflage soit supprimé, ça a été refusé.

Il s'agit donc d'une moralisation à double, triple ou quadruple vitesse selon les circonstances ?

Il faut regarder du côté des parlementaires et il n’y a aucun problème pour le faire, mais cette démarche doit être générale. On ne peut pas affaiblir le parlement en stigmatisant les élus, tout en jetant ce voile opaque sur toutes les autres fonctions qui contribuent autant à la défiance.

Sur un sujet différent, la vente du siège du PS rue de Solférino, vous confirmez ?

Je n’en sais rien. Le bureau national du PS ne s’est pas encore penché sur la question. Je pense que cette affaire va susciter bien des rumeurs, tant sur le plan politique, sur le plan immobilier. Ça va susciter des débats. Sur le fond, je suis favorable à ce que nous puissions vendre la rue de Solférino, car c’est un symbole que nous pouvons passer à une autre étape de notre vie collective. Mais la décision n’est pas encore prise.

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