Nicolas Bay : "on n'encourage pas la grève mais on comprend les motivations de ceux qui manifestent"
Nouvelle journée noire lundi 9 décembre : la grève continue à la SNCF, la RATP et dans certains services publics. Le Rassemblement national encourage-t-il ce mouvement ? "On n'encourage pas la grève, précise Nicolas Bay. On comprend les motivations de ceux qui manifestent, parce que la France qui travaille n'en peut plus des mesures d'Emmanuel Macron qui consistent à faire souffrir toujours les mêmes : classes populaires, classes moyennes. Et quand on voit les manifestants de jeudi dernier, il y a aussi bien des salariés du public que du privé, ou des professions libérales. La grande question derrière cette réforme des retraites, c'est qui va en bénéficier ? La réponse, c'est absolument personne. Pas un Français ne va en être bénéficiaire, à part peut-être Emmanuel Macron qui donne des gages à ceux qui l'ont fait élire. On a un président de la République qui apporte une très mauvaise réponse à une vraie question", estime-t-il.
On comprend les motivations des manifestants, même si à titre personnel j'ai pas envie d'être associé à la CGT de quelque manière que ça soit. Je pense que le tête à tête entre la CGT et Macron, c'est exactement la stratégie de Macron. Le focus sur les régimes spéciaux, ça rend service à Emmanuel Macron car certains régimes spéciaux sont contestables et doivent être supprimés ou réformés. Mais le vrai sujet c'est quoi ? On veut casser le système par répartition, c'est-à-dire la solidarité entre les générations, et à la place mettre un système à points qui permet de baisser le montant des pensions avec un point fixé par Bercy et d'augmenter la durée de cotisation.
"La grève telle qu'elle existe en France dans les transports est une manière d'agir totalement archaïque"
Pour Nicolas Bay, "la grève telle qu'elle existe en France dans les transports, est un droit fondamental d'accord. Sauf que c'est une manière d'agir totalement archaïque. Si les cheminots faisaient la grève du contrôle des billets en organisant la gratuité totale sur une journée, comme l'ont fait les Gilets Jaunes avec les péages autoroutiers, ils se mettraient les Français de leur côté et ils n’apparaîtraient pas comme voulant bloquer la France ou pénaliser les usagers, qui sont les vraies victimes". Marine Le Pen a dit la semaine dernière qu'elle soutenait la grève, soulève Patrick Roger. "Marine Le Pen a dit qu'elle soutenait les manifestants et que la grève n'était sans doute pas le moyen le plus efficace de mobiliser les Français, rectifie Nicolas Bay. Je pense que la grève, c'est un moyen archaïque, le tête à tête entre la CGT et Macron n'intéresse pas les Français. Je pense qu'en revanche, les manifestants ont le droit de manifester, de protester contre une réforme profondément injuste, à l'image malheureusement de ce qu'a fait Macron depuis un an et demi".
Sur le fond, le Rassemblement national dit qu'il faut revoir l'âge de départ à la retraite. "La durée de cotisation est une variable d'ajustement, mais ça n'est pas le levier principal qui permet d'équilibrer le système de retraites par répartition, explique Nicolas Bay. La vraie solution, c'est d'avoir moins de chômeurs et plus d'enfants. On peut prendre des mesures pour ça. Si à un moment donné on s'aperçoit qu'il faut légèrement augmenter l'âge de départ à la retraite, en raison par exemple de l'allongement de la durée de la vie, les Français l'entendraient parfaitement. Mais là ils ont le sentiment qu'on demande des sacrifices toujours aux mêmes et que ça ne règlera rien. Quand on ne fait qu'augmenter la durée de cotisation, ce que vous gagnez sur la caisse de retraite, vous le perdez sur l'assurance chômage".
Concernant les régimes spéciaux, "certains régimes spéciaux se justifient, estime Nicolas Bay, comme celui des marins pêcheurs ou des militaires. En revanche, il y a des régimes qui doivent être soit totalement supprimés, soit réformés".
"L'Assemblée nationale ne représente pas la France"
Le Rassemblement national a lancé une pétition pour réclamer un référendum. "C'était l'une des motivations des Gilets Jaunes il y a un an et ça reste très profond, explique Nicolas Bay. Selon lui, la démocratie représentative est malade en France. L'Assemblée nationale ne représente pas la France. Il faut des mécanismes de démocratie directe. La réforme des retraites est le point de départ d'une colère extrêmement profonde, qui dépasse largement la question des retraites, comme il y a un an avec la hausse de la taxe sur les carburants pour les Gilets Jaunes. Notre rôle, au Rassemblement national, est d'y apporter des réponses politiques".
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