Françoise Degois, vous nous parlez ce matin d'un personnage qui revient sur le devant de la scène : "Monsieur de Quoi-Je-Me-Mêle", mais de qui parle t-on ?
« Vous m'avez fait un très bon jeu de mots tout à l'heure, "Françoise de Gois-Je-Me-Mêle". Et on peut dire que je suis obsédée par monsieur de "Quoi-Je-Me-Mêle", alias Emmanuel Macron, le président de la République. Un peu porté disparu depuis deux mois, c'est son premier ministre qui a pris les clés du camion. La séquence budgétaire occupe tous les esprits. Et donc, que fait Emmanuel Macron ? Il réapparaît avec une idée saugrenue. Alors, je dis saugrenue par amabilité et qu'on ne va pas commencer à mordre.
Autrement dit, comme les Nutriscore, il faut y voir un classement qui flécherait des médias fiables et ceux qui ne le sont pas. Autant vous dire que les bras m'en sont tombés, littéralement. Un pouvoir politique qui décide qui fait de la bonne information et qui n'en fait pas, ça n'existe pas. Précision, ça existe lorsque c'est une dictature.
"Macron n'a pas l'intention de commencer une carrière de dictateur"
Malgré l'ensemble des complotistes en tout genre, Emmanuel Macron n'a pas l'intention de commencer une carrière de dictateur. Donc, c'est bien aux spectateurs, lecteurs et téléspectateurs, de dire si oui ou non un média est fiable. Nous sommes dans une démocratie. Par exemple, je n'aime pas du tout la ligne éditoriale de CNews, c'est un euphémisme. Et pourtant, je n'accepterai jamais qu'un élu, quel qu'il soit, y compris de gauche, se permette de légiférer sur un classement des bons et des mauvais élèves.
"Nous sommes dans la pire faute politique"
Emmanuel Macron est un opportuniste. Et toute la polémique autour de CNews lui donne l'occasion de mettre son grain de sel. Sauf qu'on ne veut pas être désobligeant. Mais qui a alimenté CNews pendant des années ? Qui a invité à dîner régulièrement Pascal Praud à l'Élysée ? Pascal Praud, prévenu d'ailleurs avant tout le monde, et même peut-être avant Gabriel Attal, de la dissolution par le conseiller spécial d'Emmanuel Macron, Bruno Regepeti. Qui a dit à Éric Zemmour, « Je suis souvent d'accord avec vous » ? Et qui l'a fait savoir ? Emmanuel Macron lui-même.
Donc, nous sommes dans la pire faute politique. Entre ce qu'il dit, ce qu'il fait, nous sommes dans une incohérence totale entre le personnage et la réalité des faits. Il a la peur du vide. C'est très classique chez tous les chefs d'État en fin de parcours. Surtout en cohabitation, ou bien en minorité, parce que je ne sais pas si on peut parler de cohabitation. C'est difficile de passer d'une adrénaline permanente pour gérer un pays, à des enjeux de base de plus en plus vides. On ne lui en veux pas. Ils sont tous passés, mais ce n'est pas une raison pour raconter n'importe quoi.
"Labelliser Cnews et France 2, on ne le fera pas !"
Depuis le complément d'enquête diffusée par France 2 jeudi soir. On assiste à de rudes accusations, des ripostes de l'ensemble du groupe par les animateurs phares, notamment sur le fameux rapport de Reporters Sans Frontières rendu à l'ARCOM. Ce dernier a refusé de valider le contenu de ce rapport très critique à l'égard de CNews. Et depuis jeudi soir, ça défouraille dans tous les coins.
J'ai même du mal à suivre chaque épisode. Chacun étant persuadé qu'il incarne le camp du bien, de la liberté d'expression et de l'analyse juste. Chacun pense « c'est moi qui suis le mieux ». Mais comment on labellise CNews et France 2 ? Vous avez deux heures ? En fait non, vous n'avez rien, car on ne le fera jamais, et c'est bien mieux comme ça ».
Retrouvez Drôle d'époque dans le Grand Matin Sud Radio au micro de Patrick Roger.