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Frédéric Micheau : "Les hommes politiques sont hypocrites avec les sondages"

Le Directeur Général de l'institut de sondage OpinionWay et auteur de “Sacre de l’opinion - une histoire de la présidentielle et des sondages” aux éditions du Cerf, Frédéric Micheau, était l’invité de “Bercoff dans tous ses états".

Frédéric Micheau
Frédéric Micheau, invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

"Je dirais que les sondages sont un bien utile", juge Frédéric Micheau. "Mais il existe bien une ambivalence avec laquelle les sondages sont perçus aujourd’hui. On les aime ou on les déteste, on les adore ou on les abhorre. C’est très difficile d’avoir une position neutre, une position équilibrée, une position objective quand on parle des sondages", explique le directeur général d’OpinionWay.

"Évidemment il y a des choses qui sont tout à fait critiquables dans les sondages, on les connaît", explique Frédéric Micheau. "Mais je crois quand même, et c’est peut-être un plaidoyer pro domo, que les bénéfices sont supérieurs aux éventuels effets pervers qu’ils peuvent avoir en démocratie".

 

Frédéric Micheau : "Les sondages vont acquérir leurs lettres de noblesse avec la Ve République"

Pour Frédéric Micheau, en France, "tout à commencé en 1965". "C’est l’Institut Français de l’opinion public, l’Ifop, qui existe toujours, qui a été créé à la fin des années 30, qui a introduit les sondages en France", raconte l’auteur de Sacre de l’opinion - une histoire de la présidentielle et des sondages. "Il y a une parenthèse avec évidemment la seconde guerre mondiale, ils réapparaissent à la libération et puis sous la IVe République, ils végètent, pour différentes raisons".

"C’est vraiment avec le passage à la Ve République, avec l’instauration des différents référendums, avec évidemment le passage au suffrage universel, que les sondages vont acquérir leurs lettres de noblesse", explique Frédéric Micheau au micro de Sud Radio. C’est-à-dire, "lors de la première élection présidentielle au suffrage universel en 1965". "C’est Jean Lecanuet qui est vraiment l’introducteur en France des enquêtes d’opinion et plus généralement du marketing politique avec l’aide de Michel Bongrand. En fait Jean Lecanuet fait partie de cette génération d’hommes politiques très impressionnés par la figure de John Kennedy, président américain, qui est mort en 63 donc deux ans auparavant".

 

"Tous les hommes politiques qui utilisent les sondages ne le disent pas ouvertement"

"D’ailleurs Valéry Giscard d’Estaing a été lui aussi très admiratif du président Kennedy et donc c'était pour eux une source d’inspiration. Ils sont allés voir aux Etats-Unis les techniques mises en place", raconte le directeur général d’OpinionWay. "Dans l’équipe de campagne de Kennedy, il y avait un sondeur, qui s’appelait Louis Harris. Donc ils ont importé cette technique en France".

l’époque, c’était totalement inassumé. Les hommes politiques, en tous cas ceux qui utilisaient les sondages, qui étaient très peu nombreux, ne l’assumaient pas. Il y avait l’idée qu’un homme politique n’avait pas besoin de ces sondages pour connaître l’opinion et que le dialogue direct avec les électeurs, avec l’homme de la rue était suffisant", explique Frédéric Micheau. "C’était fait mais ce n'était pas assumé. D’ailleurs, il subsiste, encore aujourd’hui, un peu de cette hypocrisie ou de ce double discours. Tous les hommes politiques qui utilisent les sondages ne le disent pas ouvertement. La différence par rapport à cette époque, c’est qu’aujourd’hui, il y a une majorité de candidats qui utilisent les sondages de façon stratégique pour élaborer leur campagne électorale et aussi pour la conduire".

 

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

 

Retrouvez “Le face à face” d’André Bercoff chaque jour à 12h dans Bercoff dans tous ses états Sud Radio.

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