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Compte pénibilité : "On a les grandes lignes, derrière la page est blanche"

Par Benjamin Rieth

Le gouvernement commence à dessiner les contours de la future réforme du compte pénibilité. Le Premier ministre a envoyé samedi une note aux syndicats, mais pour Hervé Garnier, secrétaire national de la CFDT, le projet pose encore beaucoup de questions.

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Nouvelle étape dans la réforme du travail lundi. Le projet de loi d’habilitation sur la réforme du code du travail est débattu en séance publique à l’Assemblée national. Parmi les sujets concernés, le nouveau compte pénibilité voulu par le gouvernement. Samedi, le Premier ministre, Édouard Philippe, a envoyé une note aux syndicats pour dessiner les contours de ce nouveau compte. Pour Hervé Garnier, secrétaire national de la CFDT, spécialiste de la pénibilité au travail et invité du Grand Matin Sud Radio, une chose semble sûre : "Le compte est maintenu". Mais selon lui, avec cette réforme, le compte passerait "à deux vitesses" : "Pour six critères, on ne changera pas le mode de calcul, et pour quatre autres critères, on change le mode et l’approche", a assuré le représentant de la CFDT. 

Un système plus complexe et plus cher ?

Et d’expliquer : "Pour les six (travail de nuit, travail répétitif, milieu hyperbare, bruit, températures extrêmes, ndlr), on continuera sur un système où on accumule les points tout au long de son exposition, dans la limite de dix ans". Ce système permet aujourd’hui de partir plus tôt à la retraite ou d’être payé à plein-temps en travaillant à mi-temps. "Pour les autres (manutention, charges lourdes, postures pénibles, vibrations mécaniques, risques chimiques, ndlr), on sera dans un système plus médicalisé où il y aura un suivi des personnes. Avec une vraie différence : il fallait attendre dix ans pour bénéficier de ces quatre critères, là on pourra en bénéficier dès l’année prochaine", a ajouté Hervé Garnier. 

Néanmoins, au-delà de ces nouveautés, le reste de la réforme reste flou aux yeux du secrétaire national de la CFDT. "On a les grandes lignes mais derrière la page est blanche", a-t-il résumé tout en se questionnant sur l’avenir des quatre critères remis en cause dans le compte pénibilité : "Est-ce que pour ces quatre critères, on agit comme on agit pour les maladies professionnelles avec une reconnaissance et une compensation, on est alors dans de la réparation. Ou, comme il y a un paragraphe sur la prévention, est-ce qu’on essaye d’être dans l’accompagnement des personnes ?"

Une seule certitude pour Hervé Garnier, "l’ensemble des salariés de ce pays ne vont pas pouvoir prétendre" au compte pénibilité, "il y a donc encore du travail à faire". Pour les entreprises également, cela pourrait ne pas être une si bonne affaire malgré la volonté de simplifier le système. "On va se retrouver avec deux systèmes, donc il va falloir le mesurer et savoir ce que ça coûte. On nous parle aujourd’hui des excédents de la caisse ATMP (accidents du travail et maladie professionnelles, ndlr). Il faut rappeler que ces excédents servaient à financer la Sécurité sociale sous prétexte qu’il y a une sous déclaration des maladies. Donc si on prend de l’argent quelque part, il faudra le prendre ailleurs", a mis en garde Hervé Garnier. 

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