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Bénédicte Ravache (ANDRH) : "Il faut que les politiques soient exemplaires sur l'égalité salariale"

Par Mathieu D'Hondt

Bénédicte Ravache (Secrétaire générale de l'ANDRH) était ce mercredi l'invitée de Patrick Roger dans le Grand Matin Sud Radio.

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L'égalité salariale entre les hommes et les femmes en entreprise n'est toujours pas d'actualité. Pour tenter d'y remédier, le gouvernement a décidé de s'attaquer au problème en infligeant des amendes aux entreprises fautives. Notre invitée Bénédicte Ravache, secrétaire générale de l'ANDRH (Association nationale des directeurs de ressources humaines), a évoqué cette situation au micro de Sud Radio.

Bonjour Bénédicte Ravache. La secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa veut taxer les entreprises qui n'appliquent pas l'égalité salariale. On parle déjà d'une taxation directe, est-ce que c'est réalisable ?

Oui en fait la taxe existe déjà. C'est une grande cause nationale donc c'est déjà une bonne chose parce que c'est vraiment un point important de donner aux hommes et aux femmes des chances égales dans l'intérêt de tout le monde. Ce sont des sanctions qui existent déjà. C'est-à-dire que les entreprises, depuis des années maintenant, doivent être attentives à l'égalité salariale, à l'égalité dans la promotion et dans le recrutement et pas seulement à la non-discrimination. Il y a des obligations tous les ans de négociations pour voir comment on améliore les choses et il y a effectivement des sanctions prévues, qui peuvent monter jusqu'à 1% de la masse salariale dans les grandes organisations.

Mais comment se passent les contrôles ? On imagine que ça peut se faire assez facilement dans les grandes entreprises car il y a des partenaires sociaux, mais quid des petites ?

Alors effectivement dans les grandes organisations, c'est un sujet de négociations obligatoire et il y a donc des données à produire tous les ans. Données qui sont d'ailleurs intéressantes parce que c'est souvent quand on se penche là-dessus que l'on découvre des choses, même quand on a l'impression de faire les choses correctement. C'est parfois plus difficile à mesurer qu'on ne le croit. Je pense qu'on ne fait plus de l'injustice criante, personne n'accepterait maintenant de penser qu'on peut le faire. Mais par contre, il faut voir où il y a un problème, c'est-à-dire à quel moment on a arrêté d'augmenter et à quel moment on n'a pas fait attention pour que l'égalité soit réelle.

D'après une récente étude, le différentiel est aujourd'hui de 14 %. Les femmes sont donc en moyenne rémunérées 14% de moins que les hommes pour des postes identiques, c'est bien ça ?

En gros c'est ça pour des postes quasiment identiques. Ce qui pose question quand on sort du chiffre global, c'est de trouver à quel moment individuellement quelque chose s'est passé...

Parce qu'aujourd'hui, au niveau du recrutement, c'est quasiment la même chose...

... De toute façon, ce serait pénalement répréhensible de ne pas faire la même chose. Et puis ce ne serait pas acceptable parce que personne n'a envie de penser que dans une société française, comme la nôtre, sa fille ou sa femme ne soient pas considérées de façon équitable. Donc il faut chercher derrière. Le gros sujet, ce n 'est pas une sanction financière, en fait il faut lutter contre des stéréotypes. C'est un progrès de société qu'il faut porter. Il faut repartir sur la vision qu'on a des métiers, sur le fait de penser qu'une femme puisse être chef d'entreprise, qu'elle doit être promue. C'est un changement d'état d'esprit qu'il faut continuer. Donc il faut que les politiques soient exemplaires, que l'Assemblée nationale soit exemplaire, que les comités d'administration le soient. Beaucoup de choses ont déjà été faites.

Comment peut se passer très concrètement cette taxe directe ?

Alors pour cette amende, les entreprises ont l'obligation de faire tous les ans le point sur la situation de l'égalité homme/femme et de produire des accords qui ont pour objectif de mettre en place des plans d'action. Et s'il n'y pas ces accords-là, vous allez avoir un certain nombre de sanctions qui doivent être prononcées principalement par l'Inspection du travail. Il y a aussi des sanctions intéressantes qui visent à empêcher des entreprises d'accéder aux marchés publics donc c'est plutôt quelque chose de vertueux car cela implique que seules les entreprises les plus exemplaires auront accès à ces marchés.

Est-ce qu'il faudrait avoir une transparence totale des entreprises sur les salaires ?

C'est un sujet qui est tabou en France parce que ce sont d'abord des informations personnelles et puis c'est l'appréciation d'un parcours de carrière. C'est difficile à comparer et d'avoir une vision très objective de la raison de la promotion des uns ou des autres.

>> Retrouvez l'intégralité du podcast de l'interview :

 

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