Jasper Philipsen a endossé le premier maillot jaune du Tour de France 2025 en remportant au sprint une première étape très mouvementée, samedi à Lille, où Remco Evenepoel, piégé dans une bordure, a déjà perdu 39 secondes.
Chutes, abandons, bordures, cassures, incidents mécaniques...: cette journée inaugurale, en plaine, a été tout sauf une procession tellement les événements se sont bousculés dans la ferveur du Nord, fier d'accueillir le grand départ de la Grande Boucle pour la cinquième fois de son histoire.
A la lecture brute du résultat, rien d'exceptionnel: Jasper Philipsen, un des hommes les plus rapides du peloton, a décroché sa dixième victoire dans le Tour, parfaitement emmené par ses coéquipiers Mathieu van der Poel et Kaden Groves. La routine ou presque pour le Belge, seulement rehaussée par le fait d'endosser pour la première fois de sa carrière le maillot jaune.
"J'ai déjà gagné le maillot vert il y a deux ans et l'idée de pouvoir accrocher aussi le maillot jaune dans mon salon me procure un sentiment vraiment spécial. Je ne vais jamais oublier cette journée", a dit le coureur d'Alpecin, qui s'est nettement imposé devant l'Ethiopien Biniam Girmay.

Jasper Philipsen avec le maillot jaune à l'issue de la première étape du Tour de France, qu'il a remportée, le 5 juillet 2025 à Lille
Anne-Christine POUJOULAT - AFP
Mais la victoire de celui qu'on appelait autrefois "Jasper disaster" (Jasper le désastre) avant qu'il n'enclenche la machine à succès en 2023 n'a été qu'un des éléments d'une journée qui a viré au feuilleton, à l'image des classiques flandriennes enflammant ce territoire à chaque printemps.
- "Des secondes stupides qu'on perd" -
Même le classement général a été impacté, et pas qu'un peu, ce qui est rare pour une étape de plaine, puisque deux des principaux candidats au podium, Remco Evenepoel et Primoz Roglic, ont perdu 39 secondes dans un coup de bordure magistral initié par l'équipe Visma de Jonas Vingegaard.

Tadej Pogacar (G) et Jonas Vingegaard, les deux principaux favoris du Tour de France, au départ de la première étape, le 5 juillet 2025 à Lille
Marco BERTORELLO - AFP
"C'était notre plan d'utiliser le vent à 20 kilomètres de l'arrivée. Ca a marché. Une journée stressante mais une bonne journée pour nous", a expliqué le Danois.
Tadej Pogacar, le grand favori, ne s'est pas laissé piéger, accompagné par son coéquipier Tim Wellens (mais pas Joao Almeida), et le Slovène a ensuite activement contribué à creuser l'écart au sein de ce premier groupe d'une quarantaine de coureurs.
Vingegaard et Pogacar ont reçu le soutien des équipiers de Philipsen, ravis de l'aubaine pour éliminer définitivement Jonathan Milan et Tim Merlier, les deux principaux rivaux pour un sprint massif.
"Visma a fait un joli coup mais on était là à cinq. C'est vraiment fantastique de commencer comme ça", a commenté Mathieu van der Poel.
Au final, la pilule était amère pour Evenepoel. "Nous nous sommes laissés endormir. C'est une erreur collective. Ce sont des secondes stupides qu'on perd", a fulminé le Belge.
- Pogacar "soulagé" -
Roglic a été piégé comme lui, ainsi que d'autres leaders à l'image de Carlos Rodriguez, Felix Gall, Santiago Buitrago et Guillaume Martin-Guyonnet, tous à 39 secondes.
Même s'il ne joue pas le général cette année, Lenny Martinez a livré une prestation carrément inquiétante en terminant 182 et dernier à plus de neuf minutes.
"L'étape a été chaotique comme on le pensait", a réagi Pogacar. "Je suis juste soulagé que cette journée soit passée. Plus que neuf jours jusqu'à la journée de repos...", a ajouté le grand favori qui se méfie comme de la peste de cette première semaine de tous les dangers.
Et de fait la première étape a aussi été émaillée par de nombreuses chutes qui ont forcé à l'abandon deux spécialistes du contre-la-montre, le Suisse Stefan Bissegger et surtout l'Italien Filippo Ganna.

Des spectateurs attendent le peloton lors de la 1re étape du Tour de France, le 5 juillet 2025 dans le Nord
Marco BERTORELLO - AFP
Si elle a fait moins de dégâts, la cabriole la plus spectaculaire et insolite à été l'accrochage incroyable entre Benjamin Thomas et Mattéo Vercher.
Les deux Français étaient en tête à environ 80 km de l'arrivée et se disputaient le sprint au sommet du mont Cassel pour le classement de la montagne lorsque Thomas, sur son jeté de vélo, est allé au sol sur la route pavée, entraînant son compagnon d'échappée dans sa chute.
Les deux ont tout de même fini sur le podium à l'arrivée, le premier pour endosser le maillot à pois de meilleur grimpeur et Vercher pour recevoir le Prix de la combativité.
Par Jacques KLOPP / Lille (AFP) / © 2025 AFP