Le mouvement des Gilets Jaunes avec cortège, le samedi, touche sûrement à sa fin. Ils étaient 12.500 à se mobiliser dans toute la France il y a une semaine, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Les Gilets Jaunes avancent pour leur part le chiffre de 35.000 manifestants. « Ce n’est quand même pas beaucoup dans un pays où le corps électoral est composé de 47 millions de personnes », souligne Véronique Jacquier. Les Gilets Jaunes s’interrogent d’ailleurs sur la façon de peser dans le débat. Ils sont divisés sur la pertinence de continuer à défiler : moins ils vont être nombreux, plus ils vont être ringardisés.
Pas de débouchés politiques
Alors, quelle solution pour exister ? Maintenir l’esprit fraternel des ronds-points en en réoccupant certains ? Les initiatives ne sont pas nombreuses. Ou bien réfléchir à s’investir pour les élections municipales ? Mais les résultats obtenus lors des européennes douchent les prétentions : la liste Alliance Jaunes de Francis Lalanne a fait 0,54% soit 122.332 voix ; la liste Evolution citoyenne de Christophe Chalençon a réalisé à peine 0,01% soit 2.117 bulletins de vote. "Les hommes politiques qui ont joué sur la colère des Gilets Jaunes n’ont pas pour autant raflé la mise, estime Véronique Jacquier. Exit Nicolas Dupont Aignan et Florian Philippot".
Pourtant, en décembre dernier, une liste Gilets Jaunes était donnée à 12% dans les sondages ! Pourquoi la colère sociale n’a-t-elle pas de débouché politique ? "Pas de revendications suffisamment lisibles, et pas de leader, analyse Véronique Jacquier. Les Gilets Jaunes qui voulaient donner une leçon à Emmanuel Macron ont à 44% voté pour le Rassemblement national, selon l’IFOP. Cela veut dire une chose : les Gilets Jaunes qui ne lâchent rien dans la rue, c’est en train doucement de se terminer. Mais la colère, elle, n’est pas prête de s’éteindre".
Un climat toujours pré-insurrectionnel
Mais alors, quelle forme va-t-elle prendre cette colère, si elle disparaît de la rue ? "Elle se traduit déjà par une plus forte mobilisation de la France Périphérique lors d’une élection, juge Véronique Jacquier. On l’a vu dimanche : le mouvement a permis de repolitiser des abstentionnistes". Mais quand les Gilets Jaunes disent que rien n’est réglé sur la question du pouvoir d’achat, ils n’ont pas tort ! Demain, le tarif de l’électricité augmente de 6% ; le contrôle technique se durcit ; l’essence continue à augmenter. 72% des français souhaitent un changement de cap de la part d’Emmanuel Macron. Pour autant, il ne le fera pas. "Il a choisi de s’installer dans l’affrontement avec Marine Le Pen, rappelle Véronique Jacquier. C’est très dangereux pour la démocratie qu’il n’y ait plus de partis politiques traditionnels pour servir de sas de décompression au ressentiment et aux frustrations. Du coup, nous restons dans un climat volatil, pré-insurrectionnel. Le feu couve. Il ne faut pas grand-chose avec la réforme de l’assurance chômage, avec celle des retraites qui vient, pour qu’il reparte en septembre…"
"Être Gilet Jaune, c’est porter et soutenir les revendications de novembre dernier. C‘est toujours présent, vu que ce mouvement n’a pas l’intention de les satisfaire, estime Jean-François Barnaba, figure du mouvement des Gilets Jaunes, fondateur de "Jaune et Citoyen", et ancien candidat aux élections européennes sur la liste "Patriotes et Gilets Jaunes" de Florian Philippot. Ce mouvement, il est rampant dans la société et continuera à être présent. À partir du moment où vous vous engagez dans un mouvement social, vous faites de la politique. Certains comme moi s’engagent dans le processus électoral, d’autres feront autrement. À chacun ses propres orientations et sensibilités politiques".
Retrouvez "Info Vérité" du lundi au vendredi avec Véronique Jacquier à 7h10 et 9h15 sur Sud Radio, dans la matinale de Cécile de Ménibus et Patrick Roger.
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