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Philippe Verdier : "Très inhabituel d’avoir deux monstres de catégorie 5 si rapprochés"

Par Benjamin Jeanjean

Alors que dans les Antilles l’ouragan Maria est désormais classé en catégorie 5, quelques jours seulement après Irma, le journaliste et météorologue Philippe Verdier était l’invité de Sud Radio ce mardi pour en parler.

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Catégorie 3 hier, catégorie 4 cette nuit et catégorie 5 ce matin. Dire que l’ouragan Maria qui s’est récemment formé dans les Antilles gagne en puissance à vitesse grand V est un euphémisme. De quoi faire craindre le pire pour toute une région déjà très touchée par les passages très récents de Harvey et surtout Irma. Doit-on voir dans cette succession de phénomènes météorologiques une énième illustration du dérèglement climatique ? Le journaliste et météorologue Philippe Verdier était l’invité du Grand Matin Sud Radio pour en parler ce mardi.

"Forcément, quand ça revient, on se réveille un petit peu"

"Tous les climatologues disent avoir besoin de temps pour étudier toutes ces séries, mais il est vrai que c’est très frappant et très inhabituel d’avoir deux monstres, deux ouragans de catégorie 5 à même pas une dizaine de jours d’intervalle. Deux ouragans en répétition, il y en a eu, même si on l’a un peu oublié. En 2005, il y a eu près de 34 phénomènes et 4 quatre ouragans de catégorie 5 ! C’était énorme, même si c’était un peu moins rapproché. Ce n’est donc pas inédit, mais la mémoire s’étiole un petit peu, et c’est vrai qu’on a eu très peu d’ouragans ces dernières années dans les Antilles. Il y a eu de forts typhons en Asie, mais peu d’ouragans dans les Antilles françaises. Le dernier très fort ouragan en Martinique était Dean en 2007, et en Guadeloupe c’était Hugo en 1989… Forcément, quand ça revient, on se réveille un petit peu. (…) Quand les eaux des océans sont plus chaudes, cela favorise l’émergence de ces phénomènes. En revanche, le mois de septembre a toujours été le cœur de la saison cyclonique, ce n’est pas dû au dérèglement climatique", rappelle-t-il d’emblée.

"Quand Trump dit que le climat n’est pas si important, il a totalement tort"

Alors qu’Emmanuel Macron et Donald Trump se sont vus à New York ce lundi en marge d’un sommet de l’Onu, la donne peut-elle changer entre les deux hommes sur le plan de l’attitude à adopter vis-à-vis du dérèglement climatique ? "Avec cette actualité brûlante et ces deux forts cyclones qui ont frappé le sol américain, Emmanuel Macron a un bon poids diplomatique et politique pour rappeler que ces phénomènes violents touchent aussi les États-Unis et que Donald Trump a un rôle à jouer. Quand ce dernier dit que le climat n’est pas si important, il a totalement tort. Mais quand Emmanuel Macron dit il y a dix jours qu’Irma était dû au réchauffement climatique, c’est aller peut-être un peu vite en besogne. C’est plus une parole politique que scientifique. (…) Je pense que Donald Trump est totalement attentif à ce qu’il se passe, qu’il n’est pas du tout autiste mais opportuniste. En même temps, qu’il fasse quelque chose ou qu’il ne fasse rien, ça ne change rien pour les États-Unis puisque selon l’Accord de la Paris décidé à la COP21, l’engagement américain ne doit commencer qu’en 2020, au moment même où son mandat expirera", explique Philippe Verdier avant de rappeler la difficulté politique d’agir pour la planète de nos jours.

Le climat, "une fenêtre diplomatique pour faire rayonner la France"

"Puisque la COP21 s’est passée en France, c’est aussi une fenêtre diplomatique pour faire rayonner la France. Il y a beaucoup de décisions qui sont à prendre aujourd’hui, mais entre le temps du climat et le temps politique, il y a un vrai décalage. On n’est pas dans la même échelle de temps. Il est toujours très impopulaire de prendre des décisions aujourd’hui à titre préventif pour les prochaines décennies", déplore-t-il.

Réécoutez ici l’interview de Philippe Verdier dans le Grand Matin Sud Radio

 

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