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Les Français auraient tort de ne pas s'intéresser aux législatives italiennes

Natacha Polony revient aujourd'hui sur les élections législatives italiennes au lendemain d'un scrutin qui a vu la coalition de droite l'emporter sans obtenir pour autant de majorité.

Les médias français présentent le retour de Silvio Berlusconi sur le devant de la scène comme une sorte de folklore un peu risible. Mais si les électeurs italiens en sont là, c’est parce qu’ils vivent une crise dont nous aurions bien tort de nous croire totalement prémunis. Quand Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir, médias et politiques se sont extasiés sur la victoire contre le populisme, et ils ont pris leurs rêves pour des réalités. Il faut se souvenir de Matteo Renzi, jeune, entreprenant, décidé à adapter l’Italie aux exigences européennes.

Avant ça, il y avait eu la crise des dettes souveraines. L’Italie est un des pays les plus endettés d’Europe, malgré un commerce extérieur en meilleure forme que le nôtre. En 2011, c’est cette fragilité qui a permis à Nicolas Sarkozy et Angela Merkel de pousser Silvio Berlusconi vers la sortie. A sa place, on a installé un gouvernement d’experts, dirigé par Mario Monti, et censé gouverner sans préjugés idéologiques, en fonction de critères de bonne gouvernance. Vous savez, l’éternel poncif : il n’y a pas d’alternative, il n’y a qu’une seule voie, celle des réformes prônées par les technocrates bruxellois. Et ce fut un bide total. Allez savoir pourquoi, les citoyens n’aiment pas qu’on leur explique que l’économie commande tout, une économie qui détruit leurs industries et creuse les inégalités, et que ce n’est même pas la peine qu’ils aillent voter. Mais contrairement à ce que prétendent les hiérarques d’Europe, ce n’est pas la crise que vit l’Italie, et dont ils pensent qu’elle se réglerait par leurs recettes magiques, qui a fait monter le vote de droite dure.

C’est le problème des réfugiés qui a concentré les débats pendant la campagne, car, évidemment, l’Italie est en première ligne et elle subit l’incurie européenne. Mais il ne faut pas le dire. Donc, on entend en France et ailleurs de grandes dissertations sur le danger populiste, sans que jamais on ne comprenne d’où vient ce vote populiste. Pourtant, il est le même en Autriche, où la situation économique est excellente. Alors, il serait peut-être temps d’admettre que le sentiment de saturation des populations européennes doit être entendu. Non pas qu’il faille fermer les frontières à des malheureux qui demandent l’asile. Mais il faut entièrement revoir la gestion européenne du problème, notamment le règlement de Dublin. Et surtout sortir du déni et des soupçons de xénophobie.

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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