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EXCLUSIF – Déplacement en Syrie : “Le Gouvernement savait”

Par Philippe Moysen, avec Lucie Blanchard

EXCLUSIF – Notre reporter, Philippe Moysen, a accompagné Gérard Bapt en Syrie. Il dément les propos du Gouvernement, qui dit qu’il n’était pas au courant de ce déplacement.

Contrairement à ce qui a pu être dit, notamment par le chef de l'Etat et son Premier ministre, tous deux étaient parfaitement informés du déplacement privé de quatre parlementaires en Syrie. Si, au Quai d'Orsay et à l'Elysée, on avait déconseillé ce voyage, tous les services en étaient informés. Un tel voyage ne se prépare pas à la légère, surtout pour des raisons de sécurité maximale. Gérard Bapt, député PS de Haute-Garonne, confirme d'ailleurs tout cela.Tout a été planifié et même jusqu'à la dernière minute, durant nos deux jours à Damas. Le programme a été mainte fois changé. Nos déplacements étaient modifiés pour éviter tout risque d'attentat. Depuis Beyrouth, jusqu'à Damas, la sécurité libanaise nous a escortés en véhicules blindés puis les services de sécurité syriens ont pris le relais.L'objectif de ce voyage vise avant tout à retisser des liens entre les peuples syrien et français, car la réalité est terrible sur le terrain. Sur le plan humanitaire, plus d'un million de Syriens se sont réfugiés dans les montagnes du Liban, notamment au nord, vers Tripoli. Ils vivent dans des conditions d'extrême urgence. Plus d'un million et demi d'habitants ont été déplacés en Syrie et vivent dans des camps de réfugiés, dans et autour de Damas. Nous en avons visité un. Ces familles n'ont qu'un espoir : retourner dans leur village, où ils ont tout perdu face à l'avancée de Daesh.Les hôpitaux tentent de soigner des malades qui arrivent tous les jours par dizaines. J'ai vu une jeune femme, victime d'un tir d'obus de mortier dont les deux filles sont en soins intensifs, avec un pronostic vital très engagé. Les hôpitaux doivent faire face, comme la population, aux coupures d'électricité quotidiennes, aux coupures d'eau incessantes. Si le manque de nourriture n'est pas flagrant dans Damas, il l'est ailleurs, et les ONG présentes sur le terrain travaillent en étroite collaboration avec le Croissant-Rouge, par lequel tout transite.Enfin, autre objectif de ce déplacement : combattre Daesch. Les services secrets syriens possèdent, selon certaines sources, des centaines d'identités de Français convertis au djihadisme présents notamment dans le nord-est du pays et qui sèment la terreur. Ces mêmes djihadistes qui, à tout moment, peuvent frapper la France et l'Europe. Vous l'aurez compris, la France devra, tôt ou tard, s'appuyer sur Damas dans son combat contre le groupe terroriste Etat Islamique (Daesh en arabe). Elle n'a plus le choix.Par ailleurs, là aussi de sources officielles, Moscou négocie actuellement une sortie de crise avec Damas. Une réunion a bien eu lieu avec les responsables de l'opposition syrienne.Damas constitue aussi une position stratégique pour Moscou dans la région. Depuis 1971, la Russie dispose d'une base navale dans le port de Tartous, sur la côte ouest de la Syrie. Hors de question pour Moscou de la perdre : après une longue période d'abandon, le pays souhaite désormais en faire une véritable base de ravitaillement, abritant des navires lourds, tels des frégates ou des croiseurs.Tartous est d'autant plus précieux aux yeux des Russes qu'il s'agit de leur seul accès sur la Méditerranée.

Et retrouvez lundi notre journée spéciale Syrie sur Sud Radio, des reportages, des interviews diffusés toute la journée dans les journaux de la rédaction. Des documents exclusifs tirés du voyage exceptionnel de notre reporter en Syrie.

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