Le magazine 60 millions de consommateurs sort un hors-série sur les aliments ultra-transformés. Sophie Coisne est venue nous en parler.
Sophie Coisne : "Le jambon sans nitrites est beaucoup plus cher que le jambon avec nitrites"
Comment 60 millions de consommateurs a-t-il procédé pour faire ses listes de produits bons et mauvais pour la santé ? "On regarde les produits les plus fréquemment achetés par les familles. Et sur le panel des produits les plus achetés, on en prend un certain nombre. L'idée n'est pas de chercher que la petite bête sur les produits mauvais, mais vraiment de chercher des bons et des mauvais produits. On regarde les compositions. Et avec des chercheurs spécialisés en ultra-transformation, on compte le nombre de marqueurs d'ultra-transformation, c'est-à-dire tous ces gros mots qu'on trouve dans les compositions. On vérifie bien que ça appartient à la liste des marqueurs d'ultra-transformation qui a été établie par une équipe brésilienne qui a créé l'indice Nova. Ce dernier place tous les aliments selon le degré de transformation : un produit pas transformé du tout (une pomme par exemple) sera Nova1, et puis Nova4, c'est lorsqu'il y a tous les marqueurs de l'ultra-transformation", a expliqué Sophie Coisne.
Pour manger bien, il faut quand même avoir les moyens… "C'est un vrai problème, la précarité alimentaire. Moi, je pense qu'il faut peut-être acheter moins souvent mais mieux. Le samedi ,c'est yaourt à la vanille bourbon, et le reste du temps, c'est yaourt nature avec du sucre. Et puis vous pouvez cuisiner vous-même : un cake ou un marbré, vous le faites le dimanche, il se garde deux-trois jours. Mais la question se pose effectivement de l'accès à une nourriture de qualité pour les gens qui ont des petits budgets alimentation. On l'avait montré sur le jambon sans nitrites, qui est beaucoup plus cher que le jambon avec nitrites. Et toutes les gammes de jambon pas cher, c'est du jambon avec nitrites", a fait savoir Sophie Coisne.
"L'ultra-transformation permet d'allonger la durée de conservation"
Dans ce hors-série, 60 millions de consommateurs évoque notamment les fromages La Vache Qui Rit et Kiri, qui contiennent des polyphosphates E452 non autorisés par la réglementation européenne. Consommés en excès, ils peuvent avoir des répercussions sur le rein. En excès, c'est combien ? "Si on en mange une fois de temps en temps, ça n'aura pas beaucoup d'effet. En revanche, si vous avez tout le temps de La Vache Qui Rit dans les frigos… Et puis, c'est le fromage des familles, il est très facile à mâcher pour l'enfant. Et sur le paquet, il n'est pas indiqué que c'est problématique pour les moins de trois ans. C'est interdit d'avoir des polyphosphates dans la nourriture pour les moins de trois ans, mais comme ce n'est pas estampillé pour les bébés, on l'achète quand même, on l'utilise pour les bébés. Il faut donc se poser la question d'une exposition de l'enfant, qui a un organisme en développement, un cerveau en développement. Et puis, au goûter, il va avoir une part de marbré au chocolat ou un biscuit, un BN aux fraises, qui est ultra-transformé, et puis peut-être qu'en dessert, il aura un Danonino", a détaillé Sophie Coisne.
Si cela peut mettre en danger, pourquoi les grandes marques font ça ? "Il y a plein d'intérêt à utiliser ces marqueurs d'ultra-transformation pour les fabricants. Ça permet d'allonger la durée de conservation. Je pense au pain par exemple : regardez un pain de mie, le temps que vous pouvez le garder chez vous par rapport à un pain au levain que vous allez acheter chez le boulanger… En cinq jours, il ne sera plus mangeable. Cela diminue le coût de fabrication, évidemment. Si dans des petits brassés à la vanille, vous utilisez de la vaniline, qui est un arôme de synthèse, vous payez beaucoup moins cher que si vous utilisez de l'extrait de vanille bourbon."
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