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Liseron Boudoul : "en Afghanistan on pénétrait dans un monde où on ne savait pas ce qui allait se passer"

Liseron Boudoul, grand reporter de TF1, était l'invitée de Valérie Expert et Gilles Ganzmann sur Sud Radio le 6 octobre 2021 dans "Le 10h - midi".

Liseron Boudoul
Liseron Boudoul, invitée de Valérie Expert dans "Le 10h - midi" sur Sud Radio.

Liseron Boudoul a été la première journaliste française à être entrée dans Kaboul. Grand reporter pour TF1, Liseron Boudoul couvre actuellement avec Romain Reverdy les évènements dramatiques qui secouent l'Afghanistan, retombé entre les mains des Talibans. Spécialiste des terrains dangereux, la reporter de guerre fait partie des correspondantes de guerre françaises les plus aguerries.

 

"Il y a des situations beaucoup plus crues et dangereuses par rapport au Kaboul sous les Talibans"

Comment Liseron Boudoul est-elle arrivée en Afghanistan et n’avait-elle pas peur d’y aller ? "Ce n’est pas une zone de guerre, on n’est pas visés par des tirs. Si l’on parle des risques, il y a des situations beaucoup plus crues et dangereuses. En revanche, ce qui était particulier, c’est qu’on pénétrait dans un monde où on ne savait pas ce qui allait se passer. Mais j’avais une telle envie de faire des reportages et montrer ce qui se passait que j’y suis allée comme journaliste et je me suis dit : ‘on verra bien ce qui se passe’. Je savais que les Talibans n’aiment pas les femmes, que pour moi ça pouvait être compliqué, mais je ne me suis pas posée de questions. Je me suis dit : 'je suis journaliste, je leur tends le micro, et on verra bien comment ils réagissent'.

Kaboul a été prise le 15 août 2021, le lendemain je suis partie au Qatar. Tout le monde cherchait un moyen d’y aller, le pays est fermé, il n’y a plus d’avions… Au Qatar je rencontre des leaders Talibans, qui négocient avec les Américains, ils demandent de m’emmener à Kaboul, et puis voilà ! C’est comme un rêve", a répondu Liseron Boudoul.

 

"À certains moments Kaboul pouvait paraître surréaliste"

"Kaboul est une ville qui vivait un peu à l’occidentale. Les filles se maquillaient et pouvaient sortir dans des cafés fumer du narguilé entre elles. Dès lors qu’on quitte Kaboul, il n’est plus question de se maquiller, tous les salons de beauté sont fermés et même toutes les représentations de femmes devant les salons de beauté sont masquées. Je suis arrivée dans la première semaine où ça se faisait, c’était au bout de la première semaine où les Talibans avaient pris Kaboul. On découvrait la ville comme les Talibans la découvraient : descendus de leurs villages, ils allaient dans des pâtisseries manger des glaces avec un air curieux. À certains moments ça pouvait paraître surréaliste. Et à côté de ça il y avait des checkpoints avec des Talibans munis d’armes de guerre. Et dès qu’il y avait des manifestations de femmes, elles étaient durement réprimées", a raconté Liseron Boudoul.

Comment les femmes afghanes prennent-elles la prise du pays par les Talibans ? "Certaines femmes estiment qu’il ne faut pas rompre les canaux de communication avec les Talibans, et puis il y en a d’autres qui essaient de partir. D’autres encore essaient de résister en montant des groupes de résistantes, même s’il est risqué de résister."

"Les femmes afghanes ont le sentiment d’être abandonnées et livrées à des barbares"

Peut-on dresser un parallèle entre le port du voile en France et son imposition en Afghanistan par les Talibans ? "C’est tellement deux contextes différents que jamais je n’ai cherché à y voir un lien. Là-bas, porter le voile, c’est une mesure de restriction imposée à des femmes qui ont goûté à la liberté pendant vingt ans et qui ont envie de vivre comme avant. Elles se disent : ‘non seulement on nous abandonne, mais on nous offre à des barbares’. C’est ce sentiment-là que j’ai essayé de faire comprendre à travers mon reportage."

Liseron Boudoul espère repartir à Kaboul prochainement. Les Talibans, souhaitent-ils sa venue, selon elle ? "Je pense qu’ils ont quand même besoin de relations internationales. Et donc de laisser entrer des journalistes. Dans quelles conditions, je ne peux pas répondre aujourd’hui."


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Retrouvez l'invité média de Valérie Expert et Gilles Ganzmann du lundi au vendredi à partir de 10h00 sur Sud Radio dans "Le 10h - midi".

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