Le 28 octobre 2025 à 21h05, France 5 diffuse "Homos en politique, le dire ou pas ?", un documentaire de Jean-Baptiste Marteau et Renaud Saint-Cricq. "C'est drôle : quand on a montré le documentaire à des jeunes d'une vingtaine d'années, ils disent : 'oui, mais je savais pas que c'était comme ça'!", raconte Jean-Baptiste Marteau au micro de Sud Radio.
Jean-Baptiste Marteau : "Il y a encore une dizaine d'années, dire ouvertement "je suis homosexuel" et pouvoir prétendre à des fonctions importantes, c'était totalement impensable"
Valérie Expert : Dans votre documentaire, vous explorez la question de l'homosexualité dans un milieu apparemment conservateur : la politique.
Jean-Baptiste Marteau : On se rend compte que la politique fait partie des derniers milieux où l'homosexualité est encore un tabou. Il y a encore une dizaine d'années, dire ouvertement "je suis homosexuel" et pouvoir prétendre à des fonctions importantes, c'était totalement impensable. Il n'y avait officiellement aucun ministre, aucun député qui était ouvertement homosexuel.
Valérie Expert : Vous commencez le documentaire par le discours de Gabriel Attal, qui dit à la tribune lors de son discours de politique générale qu'aujourd'hui les temps ont changé, qu'on peut avoir un Premier ministre homosexuel. Et vous dites : "j'aurais tellement aimé avoir voir un homme politique dire ça à l'époque"…
Jean-Baptiste Marteau : C'est ça. On ne se rend pas compte à quel point le dire, ce n'est pas uniquement pour parler de sa vie privée. C'est pour aider et servir de role model à certaines personnes, des plus jeunes et des moins jeunes. Moi, quand j'avais 15 ans et des questions plein la tête, j'aurais aimé voir un présentateur du "20 heures" ou un responsable politique de premier plan, mais aussi des acteurs et des sportifs de haut niveau dire ouvertement "je suis homosexuel". Ça fait partie de ces milieux où il y a très peu de visibilité. Et effectivement, quand on s'intéresse, quand on est passionné par ces milieux là, on a l'impression que les portes sont complètement fermées quand on se rend compte qu'on est différent.
"On prend conscience du courage qu'il a fallu à ces 'pionniers'"
Valérie Expert : Je me souviens du maire de Paris, Bertrand Delanoë, quand il avait fait son coming out sur M6. Ça avait été un événement…
Jean-Baptiste Marteau : C'était à la une de tous les médias le lendemain, dans tous les JT. Un homme politique de premier plan, Bertrand Delanoë… alors à l'époque, il n'était même pas maire de Paris encore, il n'était que numéro trois du PS, mais on savait qu'il voulait être maire de Paris trois ans plus tard. Et il dit à la télévision en prime time sur M6 : "oui, je suis homosexuel". Et d'ailleurs à ce moment-là, tout le monde dit : "bon ben, très bien, il est courageux, il l'a dit, mais attention, il ne sera jamais maire de Paris, ça y est, il est grillé".
Gilles Ganzmann : Ce qui est surprenant dans votre documentaire, c'est qu'il demande quand même l'autorisation à François Mitterrand et à Lionel Jospin. Quand on le regarde avec de la distance, on se dit : "c'est quand même incroyable d'aller demander l'autorisation pour dire qu'on est gay" !
Jean-Baptiste Marteau : Ça paraît fou aujourd'hui, mais on n'imagine pas en 2025 le courage qu'il lui a fallu et le risque qu'il a pris. Parce qu'il a pris un risque considérable pour sa carrière, pour son parti politique à l'époque, pour tout ce qu'il représentait. Mais il s'est dit : "c'est pas grave, c'est le moment du pacs". Il y a un débat qui est absolument horrible : dans le documentaire on rediffuse des archives de l'époque, où on voit la violence des propos tenus sur les plateaux télé et dans l'hémicycle à l'Assemblée nationale. Et il se dit : "non, je ne peux pas laisser passer, je dois parler". Et c'est là où on prend conscience du courage qu'il a fallu à ces "pionniers", qui ont vraiment ouvert la voie, qui permet que ça aille beaucoup mieux aujourd'hui.
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