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Gérard Holtz : "Pierre de Coubertin était misogyne, raciste, colonialiste et pro-nazi"

Par Jean Baptiste Giraud

Gérard Holtz, journaliste, commentateur sportif, animateur de télévision et comédien, était l'invité de Valérie Expert et Gilles Ganzmann sur Sud Radio le 22 mai 2024 dans "Le 10h - midi".

Gérard Holtz
Gérard Holtz, invité de Valérie Expert et Gilles Ganzmann dans "Sud Radio Média" sur Sud Radio.

Gérard Holtz publie, avec Julien Holtz, un livre : Légendes des Jeux, 400 histoires qui ont fait la légende du plus grand événement mondial de sport (Éditions Grund).

 

Gérard Holtz : "Pierre de Coubertin disait que le sport devait faire partie viscéralement de la culture et de l’éducation"

Le sport est-il la seule chose qui fédère véritablement les Français ? "Je suis en grande partie d’accord. Les Français, c’est un peu le syndrome Astérix-Obélix. Les Français se serrent les coudes lorsqu’ils sont attaqués, lorsqu’il y a quelque chose qui les embête. Mais le reste du temps, on est beaucoup spectateurs. En revanche, dans les stades, à la télévision, il y a de temps en temps de fortes audiences pour les grands événements. On a vu le grand déclic de 1998, où on a vu qu’on avait une équipe de football extraordinaire. Cela a été vrai aussi pour les Championnats du monde d’athlétisme en 2003. Mais je pense que, viscéralement, dans notre culture, Pierre de Coubertin disait que le sport devait faire partie viscéralement de la culture et de l’éducation. Comme les anglo-saxons et les Scandinaves. On ne fait pas assez de sport à l’école, et après l’école on n’a pas assez d’heures de libre pour aller dans des clubs. C’est une grande valeur sociale, le sport, ça rapproche, ça permet d’éliminer les antagonismes. On se connaît mieux en faisant du sport", a répondu Gérard Holtz.

 

"Dans l’Antiquité, lorsque le vainqueur revenait dans sa cité, il était considéré comme un deuxième roi"

Les Jeux olympiques de l’Antiquité étaient très empreints de symbolisme… "J’ai été bluffé quand j’ai lu en détail comment ça se passait à Olympie. Avec juges qui marchaient, qui partaient d’Élyde, un petit village à 60 km. Ils marchaient en cohorte, accompagnés par 100 bœufs. On sacrifiait 100 bœufs pour faire plaisir aux dieux, Zeus en particulier, avec une statue de treize mètres de haut, puisque les jeux étaient organisés en l'honneur de Zeus, la fameuse statue de Phidias, qui faisait partie des sept merveilles du monde à l'époque. Et puis, l’organisation sur place : on avait créé un village olympique à Olympie, il y avait une maison pour les juges, il y avait un hippodrome, il y avait un stade… À l'époque, il n'y avait pas de médailles, on remettait une couronne d'olivier coupée par un jeune éphèbe avec une serpe d'or, sur les oliviers qui étaient autour à Olympie.

 


Et puis ensuite, l'autre chose, c'est que tout est politique. Déjà à l'époque, dans l'Antiquité, lorsque le vainqueur revenait dans sa cité, il était considéré comme un roi, comme un deuxième roi. Il était nourri, logé, il avait droit à tout, tout, tout. Les grandes cités, - Delphes, Sparte et Athènes - se battaient pour avoir leur champion. C'était déjà politique. Et aujourd'hui, il y a les hymnes, il y a les maillots, on représente son pays, c'est politique. Il n'y a pas que les boycotts", a raconté Gérard Holtz.

 

"Pierre de Coubertin a dit : 'Formidable, le travail qui a été fait par Goebbels'"

Que reproche Gérard Holtz à Pierre de Coubertin ? "Coubertin, c'est un génie, et il mérite d'avoir son nom sur les stades, les rues, les boulevards… et qu'on l'admire d'une certaine façon. Il faut simplement être lucide sur la personnalité de cet homme qui, en même temps, était un grand inventeur. C'est lui qui a rénové les Jeux olympiques, a eu l'idée de les relancer à l'ère moderne, en 1896 à Athènes. Mais en même temps, il y a un revers de la médaille, c'est qu'il était médaille d'or de la misogynie, raciste (il a écrit des choses sur la race blanche, supérieure à toutes les autres races), colonialiste… et en plus pro-nazi. Il a terminé sa vie en disant : ‘Formidables, les Jeux de 1936 à Berlin. Formidable, le travail qui a été fait par Goebbels’. Et ensuite, d'ailleurs, les nazis, pour le remercier d'avoir enregistré un message qui a été diffusé dans le stade de Berlin en 1936, ont proposé sa candidature pour le Prix Nobel de la Paix. Parce qu'il n'avait plus d'argent du tout. Il vivait en Suisse, il était malade, il était ruiné… Et il n'a pas obtenu le prix Nobel de la Paix. Et pour compenser ça, Hitler a demandé à ses sbires de lui envoyer des sous. Je souhaite qu’on remette Coubertin en perspective, c'est l'histoire de la culture. Ce n’est pas la peine de faire tomber sa statue. Mais en même temps, le dire et être lucide, c'est ma philosophie perso."

 

Retrouvez “L'invité média” de Gilles Ganzmann chaque jour à partir de 10h00 dans “Sud Radio Média” avec Valérie Expert.

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