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François Lenglet : "Les hommes politiques ne semblent plus avoir une vision du futur"

Le journaliste économique François Lenglet était l'invité de Christine Bouillot et Gilles Ganzmann dans "Sud Radio Média" sur Sud Radio le 20 octobre 2022 dans "Le 10h - midi".

François Lenglet
François Lenglet, invité de Christine Bouillot et Gilles Ganzmann dans "Sud Radio Média" sur Sud Radio.

François Lenglet publie un nouveau livre : "Rien ne va, mais... 2023, l’année qui peut nous sauver" (Éditions Plon).

 

François Lenglet : "L’inflation qu’on subit aujourd’hui est la résultante des dernières politiques d’endettement massif"

"Les hommes politiques ne semblent plus avoir une vision du futur, ils semblent gérer le quotidien. Avoir une vision, je pense que c’était probablement vrai il y a 30-40 ans. Mais les attentes vis-à-vis des politiques ont changé. Je ne dirais pas qu’elles sont moins fortes, au contraire, on sollicite l’État tout le temps et à tout propos. Du coup, ça fait des visions morcelées. Le dernier à avoir proposé une vision, c’était Emmanuel Macron en 2017, mais c’était une vision en complet décalage avec le pays, c’était une start-up nation, liberté… Et on voit que la demande du pays, au moins majoritairement, n’était pas celle-là.

L’autre grande erreur des politiques, c’est l‘illusion qu’on peut dépenser sans contrainte. Il faut prendre l’argent où il est. De toute façon, la Banque centrale européenne financera grâce à la planche à billets. Cette idée était très apparente dans les programmes de 2022 tant du Rassemblement National que de LFI. C’est une idée qui est assez dangereuse. La preuve, l’inflation qu’on subit aujourd’hui est la résultante des dernières politiques d’endettement massif qu’on a connues", a expliqué François Lenglet.

 

"La mondialisation a précipité la montée des populismes"

Quel a donc été le point de rupture ? "C’est la chute du mur de Berlin, la chute des démocraties populaires, en d’autres mots des pays communistes. Entre l’été 1989, le moment où on coupe les barbelés en Hongrie et le référendum ukrainien pour la souveraineté du pays, on a vécu un enchaînement très positif où démocraties et économies de marché progressaient à la vitesse Grand V. Il y avait des livres qui disaient : 'c’est la fin de l’histoire, on entre dans un monde désormais paisible où les hommes seront raisonnables'. Et aujourd’hui, on vit exactement les événements symétriques en cascade, où tout se superpose. Avec en plus un autre élément, qui est la crise climatique", a répondu François Lenglet.

La montée de partis nationalistes dans plusieurs pays, la Chine qui se referme, les marchés se ferment entre la Chine et les États-Unis, entre la Russie et les États-Unis, n’est-ce pas l’échec de la mondialisation ? "Bien sûr. C’est lié à l’excès de la mondialisation, l’exaspération des particularismes. Quand la désindustrialisation gagne votre région, quand les frontières ne sont plus protégées et que du coup vous achetez chinois ou patagon, il y a des réactions. Le nationalisme et le populisme sont justement les symptômes d’une société qui est malmenée par la mondialisation à la fois sur le plan culturel et sur le plan économique. La mondialisation a commencé en 1989-1991 : on abaisse les frontières, on permet à toutes les entreprises de vendre leurs produits n’importe où et faire fabriquer leurs produits n’importe où. C’est là que la mondialisation moderne commence. Il y a aussi l’ouverture de la Chine, qui est concomitante. Et, petit à petit, les tensions s’accumulent, et notamment sur le plan économique. Parce qu’un non-qualifié français, sa production est la même qu’un non-qualifié chinois. Mais son salaire à l’époque était 30 fois supérieur, donc on allait délocaliser là-bas. Cela pèse sur le revenu du Français et la quantité d’emploi disponible. À l’autre extrémité, les gens très qualifiés, la mondialisation leur offre un terrain de jeu fantastique, qui fait monter leurs rémunérations et leurs perspectives de carrière. La mondialisation augmente les inégalités sociales. Et c’est l’une des raisons pour lesquelles les populismes augmentent aujourd’hui."

 

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