single.php

Emmanuelle Anizon : "La rumeur sur Brigitte Macron, pour une fois, était incarnée"

Par Jean Baptiste Giraud

Emmanuelle Anizon, auteure du livre "L'affaire Madame : Anatomie d’une fake news" (Studiofact Éditions), était l'invitée de Valérie Expert et Gilles Ganzmann sur Sud Radio le 11 avril 2024 dans "Le 10h - midi".

Emmanuelle Anizon
Emmanuelle Anizon, invitée de Valérie Expert et Gilles Ganzmann dans "Sud Radio Média" sur Sud Radio.

Le 10 décembre 2021, une certaine Natacha Rey, se présentant comme journaliste indépendante, explique dans une interview sur YouTube que Brigitte Macron serait un homme. En 48 heures, la vidéo atteint 500.000 vues, et l’histoire est reprise par les médias français et internationaux, contraignant la Première dame à porter plainte. Pendant plus d’un an, Emmanuelle Anizon a suivi Natacha Rey et ceux qui l’aident dans sa "quête de vérité". Dans ce livre, elle raconte sa plongée dans le monde des complotistes – qu’elle préfère appeler "les défiants" – et ses rencontres avec les protagonistes des deux camps.

 

Emmanuelle Anizon : "Pour une fois, cette rumeur était incarnée, il y avait quelqu’un"

Qu’est-ce qui a poussé Emmanuelle Anizon à faire cette enquête ? "Je me suis dit : ‘on va essayer de comprendre pourquoi des rumeurs de ce genre peuvent exister. Qui les porte ? Quels sont leurs ressorts ? Qui sont les personnes qui sont derrière qui y croient assez pour y consacrer des années de leur vie ?’. Et ce n’est pas rien : c’est une rumeur avec un grand 'R' ou une fake news avec un grand 'F'. Ce sont des rumeurs qui continuent d’exister des années après, ce sont des rumeurs qui touchent le sommet de l’État, la première dame, qui est obligée de venir sur un plateau de télé ou de radio, puis porter plainte pour diffamation. Cette rumeur est ensuite passée outre-Atlantique, elle a été reprise dans plusieurs pays, elle a fait l’objet de dépêches au niveau international. C’est une histoire qui touche de plus en plus de monde, ceux que j’appelle 'les défiants'. Ce sont des personnes qui, aujourd’hui, doutent de tout. 'Défiants', c’est un terme beaucoup plus large, il est commun à tous ces gens qui n’ont aucune confiance dans les représentations politique, médiatique, économique… Il y a une défiance totale. On l’a vu au moment du Covid, c’est quelque chose qui s’exprimait à des degrés divers, allant de 'le vaccin nourrit le lobby pharmaceutique' à 'ces vaccins ont été faits pour tuer l’humanité'", a raconté Emmanuelle Anizon.

 


En quoi cette rumeur était-elle si particulière ? "Le plus souvent, on ne sait pas d’où viennent les rumeurs. Mais pour une fois, cette rumeur était incarnée, il y avait quelqu’un. Je l’ai approchée, ça a pris plusieurs mois, mais elle a finalement accepté de nous recevoir, et j’ai pu la suivre pendant tous ces mois. Elle et tous ceux qui, avec elle, sur le terrain, cherchent les preuves de cette thèse parce qu’ils y croient toujours. J’ai rencontré Natacha Rey sans regard surplombant. C’est d’ailleurs pour ça que je n’utilise pas le terme 'complotiste', qui juge d’office", a répondu Emmanuelle Anizon.

 

"Cette défiance s’appuie sur un terreau"

Qui est Natacha Rey ? "Natacha Rey, c’est quelqu’un qui a été élevé dans une petite ville de province, dans une famille complètement lambda, tout à fait intégrée, avec une bonne éducation. C'est quelqu'un de lettré, qui a beaucoup lu, qui a un tempérament artiste, qui rêvait d'écrire des chansons, qui en a même écrit pas mal, qui en a proposé à des chanteurs. Bon, ça n'a pas marché, donc elle a cette frustration de ne pas avoir réussi ce qu'elle voulait faire. Elle a ensuite travaillé sur un site de produits d'huiles essentielles avec son compagnon qui, lui, d'ailleurs, se disait de gauche. Donc là aussi, on est dans un brouillage politique qui est assez typique et symptomatique de notre époque. Et peu à peu, cette femme, est devenue de plus en plus défiante. Au moment des Gilets jaunes, elle soutenait les Gilets jaunes. Elle estimait que l'élite ment, trompe le peuple, veut du mal au peuple. Elle se base, comme les défiants le font souvent, sur des réalités. Il y a eu des scandales sanitaires absolument énormes que nous connaissons tous, il y a des scandales sexuels énormes dans lesquels on découvre que des gens se sont protégés entre eux, et ça existe encore. Et les #MeToo, qui sont formidables parce qu'ils libèrent la parole, montrent aussi qu'il y a eu beaucoup de silence pendant ces années. Cette défiance s’appuie donc sur un terreau."

Retrouvez “L'invité média” de Gilles Ganzmann chaque jour à partir de 10h00 dans “Sud Radio Média” avec Valérie Expert.

Cliquez ici pour retrouver l'intégralité de l’interview média en podcast.

L'info en continu
19H
18H
17H
15H
13H
12H
Revenir
au direct

À Suivre
/