Un an après la décision du Président de la République de faire du réarmement démographique une priorité de son second mandat, la baisse de la natalité en France demeure préoccupante. Selon un sondage inédit de l’Institut CSA pour Femme Actuelle, 68% des Français méconnaissent ce sujet et ignorent à quel âge diminue la fertilité. En réponse, la ministre Catherine Vautrin détaille ses mesures et ses priorités pour soutenir la fertilité des Français dans un entretien accordé à Femme Actuelle.
Béatrice Lorant : "Catherine Vautrin comprend bien que soutenir la natalité est une préoccupation importante"
À qui s'adresse le magazine Femme actuelle ? "Femme actuelle, c'est très vaste. Ça s'adresse à à peu près toutes les femmes de 25-30 ans jusqu'à 70. Femme actuelle existe depuis 1984 et se transmet de génération en génération, c'est vraiment le magazine avec lequel on grandit", a répondu Béatrice Lorant.
La ministre a-t-elle semblé déterminée à faire évoluer les choses, d'après le ressenti de Béatrice Lorant, qui a réalisée cette interview de Catherine Vautrin ? "Oui, je pense qu'en tant que ministre d'un pays dont la natalité ne cesse de se dégrader depuis 1974, et spécialement depuis trois ans, elle comprend bien que, si ce n'est une urgence, c'est en tout cas une préoccupation importante. Parce qu'en gros, aujourd'hui, le solde naturel, c'est-à-dire le nombre de naissances par rapport au nombre de décès, est encore positif : on est à à peu près 20.000 naissances de plus. Mais ça ne va pas durer. Ça, c'est à peu près sûr. On se réveille vraisemblablement un petit peu tard : le rapport du professeur Hamamah date de 2022, mais il y a eu pas mal de mouvements au sein du gouvernement entre 2022 et aujourd'hui. Mais il y a quand même une volonté de soutenir la parentalité, je crois que c'est très net."
Conservation d'ovocytes : "Dans la pratique, les centres sont totalement débordés"
Pourquoi les couples conçoivent-ils un enfant si tard ? "L'âge du premier emploi stable est quand même déterminant quand on décide de fonder une famille. Il est aux alentours de 27 ans. C'est difficile d'immédiatement commencer un travail stable et de tomber enceinte", a expliqué Béatrice Lorant. Doit-on s'inquiéter aussitôt si on n'arrive pas à concevoir un enfant immédiatement ? "À 35 ans, les spécialistes considèrent qu'il faut consulter dans les six mois, à 40 ans c'est immédiatement. Et puis avant, on peut attendre un an [de rapports sexuels réguliers]."
En France, pour faire la conservation d'ovocytes, il faut aller à l'étranger… "Normalement non, puisque depuis la loi de bioéthique de 2021, toutes les femmes entre 29 et 37 ans peuvent décider de faire conserver leurs ovocytes. Mais dans la pratique, les centres sont totalement débordés, et les temps d'attente, notamment dans les grandes villes, dépassent l'année et demie. Donc, quand on approche de la limite d'âge, c'est-à-dire vers les 35 ans, on se dit que, quand bien même la loi nous y autorise en France, on n'y accédera pas, et on devra aller à l'étranger, ce qui se pratique effectivement trop souvent", a expliqué Béatrice Lorant.
Quels sont les freins à la conservation ovocytes aujourd'hui ? "C'est une question de moyens, c'est une question de personnel, c'est une question éthique aussi. On est obligés de s'interroger : 'qu'est-ce qu'on fait ?'. D'où la loi de bioéthique en 2021, qui a décidé que cette conservation serait gratuite. Il y a toute cette réflexion autour de l'éventuelle marchandisation."
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