Alain Weil : "On ne retrouvera jamais avec le numérique le nombre d'abonnés qu'on avait avec le papier il y a 30 ans"
Pourquoi lire L'Express ? "C'est un journal qui prône un certain nombre de valeurs. D'abord, la rationalité. C'est pour ça que la science, c'est quelque chose de très important pour nous. Le monde des idées qui permet de comprendre les tendances. C'est avec L'Express que j'ai entendu parler la première fois de la 'cancel culture' ou du wokisme. La géopolitique est quelque chose de très important. L'Europe, puisque c'est un journal qui est européen sans être béat vis-à-vis de Bruxelles, mais qui considère qu'ensemble on est plus forts. Voilà, les valeurs du journal avec un niveau qualitatif élevé : tous les intervenants dans L'Express sont des gens d'un excellent niveau", a répondu Alain Weil.
Alain Weil a levé le voile sur son projet d'internationaliser L'Express en lançant une édition anglophone. Il a fait cette annonce en répondant à la question de savoir si l'intelligence artificielle est actuellement utilisée par les journalistes de L'Express. "C'est interdit complètement, parce que si on fait des articles avec l'IA, à ce moment-là nos abonnés pourront les faire tous seuls, et ils n'auront pas besoin de lire le journal. On utilisera l'IA, mais pas pour rédiger les articles. On utilisera l'IA à la documentation : un journaliste qui a besoin de se composer une documentation rapide, ça sera très efficace. On l'utilisera dans un domaine très important, qui est la traduction automatique. puisque le grand projet du journal dans les mois qui viennent, c'est de devenir européen. On a fait le constat qu'en France, on a ramené le journal à peu près à l'équilibre, mais on s'interroge sur les perspectives, puisque tous les journaux dans le monde sont en décroissance depuis 20 ans. Il y a 10 ans on avait 10 concurrents, et maintenant on en a des dizaines, pour ne pas dire des centaines. N'importe quelle newsletter, gratuite ou payante, est un concurrent. […] On ne retrouvera jamais avec le numérique le nombre d'abonnés qu'on avait avec le papier il y a 30 ans. Donc, il faut sortir de nos frontières. J'ai trouvé uniquement trois journaux qui gagnent de l'argent dans le monde : le New York Times (10 millions d'abonnés à travers le monde), le Financial Times, qui est le premier quotidien économique mondial, et puis The Economist, qui est le journal de l'élite mondiale anglophone. Donc, c'est l'anglais qui a permis à ces journaux de sortir de ses frontières", a expliqué Alain Weil.
"RMC, c'est WABC-TV, BFMTV, c'est CNN, et RMC Découverte, c'est Discovery Channel"
Alain Weil raconte que différents médias français ont repris les modèles de médias anglophones existants. C'est ce qu'il a d'ailleurs fait concernant L'Express. "J'ai toujours aimé avoir un modèle, c'était rassurant. Pour RMC c'était WABC-TV à New York, la radio 100% opinion, c'est pour ça qu'on y fait de l'opinion. L'opinion et information, ça va très bien ensemble. BFMTV, c'était CNN. Et RMC Découverte, c'était Discovery Channel. Dans la presse, je n'ai pas changé de méthode : j'ai cherché un des rares journaux dans le monde qui gagnait de l'argent, je suis tombé sur The Economist, qui était compatible avec la ligne éditoriale de L'Express."
Comment se porte BFMTV face à Cnews, qui est aujourd'hui la première chaîne d'information du pays ? "BFM marche bien, c'est la première chaîne d'information du pays. Pour la télévision, je ne sais pas pourquoi le premier critère, c'est la part d'audience, qui est un truc très technique et marketing pour les agences médias, qui achètent l'espace publicitaire. Donc, on tient compte de la durée d'écoute. Mais en nombre de téléspectateurs, BFMTV, c'est 12 millions, alors que Cnews, c'est 8,5 millions", a répondu Alain Weil.
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