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Émeutes - Ali Rabeh : "Que l'État garde ses subventions mais qu'il mette fin aux ghettos sociaux"

Par Aurélie Giraud

Ali Rabeh, maire Génération.s de Trappes, était “L’invité politique” sur Sud Radio.

Ali Rabeh, interviewé par Stéphanie de Muru sur Sud Radio, le 3 juillet, dans “L’invité politique”.

Émeutes : la situation est-elle revenue à la normale dans la ville de Trappes ? Ali Rabeh a répondu aux questions de Stéphanie de Muru.

"Nier que les émeutes expriment quelque chose, c'est puéril, irresponsable"

"Enfin une nuit plus calme, après 4 nuits éreintantes", confie Ali Rabeh. L'agression du domicile de Vincent Jeanbrun a choqué l'ensemble des partis politiques. Les élus se rassembleront à 12h devant les mairies pour dénoncer les violences. "On répond à l'appel de l'Association des maires de France, nous serons rassemblés à Trappes". Un cap a-t-il été franchi ? "On a l'habitude malheureusement", déplore le maire de Trappes. Il souligne "le climat de tension dans lequel vit notre pays, une forme de mépris et d'arrogance ressentis depuis la crise des Gilets Jaunes en passant par la réforme des retraites. On s'en prend à ceux qui sont en première ligne, les élus locaux". "Ça fait des années que nous alertons sur cet état de tension".

La violence des derniers jours est-elle toujours liée à la mort de Nahel ? "Si on analyse chaque fait séparément, aucun n'est compréhensible", estime Ali Rabeh. "Mais les responsables politiques et les journalistes ont l'obligation de lire et comprendre. C'était pareil en 2005, en 1990, en 1979. Est-ce qu'on attend que les enfants en train de naître brûlent les véhicules de leurs parents ? Incendient les domiciles de leurs mères ? Démolissent leurs écoles dans 15 ans ? Est-ce qu'on va enfin prendre des mesures pour que plus jamais des émeutes dans nos quartiers viennent exprimer une forme de ras le bol ?" "Nier que les émeutes expriment quelque chose, c'est puéril, irresponsable. C'est le ferment des futurs incendies dans nos quartiers".

"Que l'État garde ses subventions mais qu'il mette fin aux ghettos sociaux"

Des millions d'euros ont pourtant été investis dans les banlieues, fustige Ali Rabeh "Je n'en veux plus de ces subventions, des crédits politiques de la ville. Que l'État les garde ! Mais que l'État mette fin aux ghettos sociaux". Pour l'élu, "ce n'est pas qu'une question de bâti, il faut travailler sur le peuplement". "Notre pays organise des enclaves de riches qui veulent rester entre eux. Il y a des villes où les maires sont des délinquants qui, depuis 20 ans, ne respectent pas la loi SRU qui impose de construire du logement social. Ces villes refusent d'accueillir leur part de pauvreté du pays. Et des villes comme Trappes ont des quartiers qui sont à 100% de grande pauvreté".

Pour Ali Rabeh, "c'est cela qui génère notre malheur collectif. Si on croit pouvoir faire exister deux France qui sont dos à dos, qui s'affrontent et s'ignorent, de temps en temps ça explosera. Ça veut dire qu'on accepte dans le pays d'en payer le prix, c'est irresponsable". L'élu lance un appel : "arrêtez de mettre de l'argent, prenez les décisions pour qu'il n'y ait plus de poches de pauvreté". Il confie être "très pessimiste pour les jours suivants". "Ça arrêtera de brûler et à la seconde où ça sera terminé, on n'en parlera plus. On nous laissera dans notre misère et on constatera dans 10 ans les mêmes émeutes".

 

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h15 dans le Grand Matin Sud Radio avec Patrick Roger.

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