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Droits de douane : "L'Europe se défendra", prévient Annie Genevard

Par Adélaïde Motte

Droits de douane : "L'Europe se défendra", prévient Annie Genevard , ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Elle était “L’invitée politique” sur Sud Radio. 

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Annie Genevard interviewée par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 28 février, dans “L’invité politique”.

Droits de douane, entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne, Mercosur, OFB : Annie Genevard a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

Droits de douane : "le marché européen ne peut pas être le marché le plus ouvert du monde face aux pays les plus fermés du monde"

Donald Trump annonce une augmentation des droits de douane de 25 % sur les produits européens. "L'Union européenne est convoquée à sa responsabilité et à sa fermeté. On ne peut pas se laisser menacer d'un côté par la Chine et de l'autre par les Etats-Unis. L'Europe se défendra, il faut explorer les voies de la diplomatie internationale." Annie Genevard rappelle cependant qu'en termes de droits de douane, il "y a des règles qui régissent le commerce international."

Elle ne pense pas que Donald Trump mettra ses menaces à exécution concernant les droits de douane. "Vous voyez bien qu'il a menacé le Mexique, le Canada, il ne s'est rien passé." En effet, "il a en responsabilité des acteurs économiques qui ne sont pas ravis de savoir qu'ils pourraient être mes victimes de rétorsion." Toutefois, ces annonces sur les droits de douanes "sont très inquiétantes sur les vins et les délictueux ont est face à un tir croisé", alors que cette filière est un "fleuron de la gastronomie française." "On ne peut pas être naïfs, le marché européen ne peut pas être le marché le plus ouvert du monde face à des pays qui sont les plus fermés du monde." Annie Genevard regrette que Donald Trump ait "une approche protectionniste, nationaliste" alors que "le commerce c'est la liberté, une liberté qui a ses règles, son encadrement."

L'Europe se trouve face à un dilemme : faut-il accueillir l'Ukraine dans l'Union européenne ? Annie Genevard signale que "le soutien apporté à l'Ukraine par le biais de la levée des droits de douane a eu un effet immédiat de désorganisation de nos propres filières. C'est une forme de concurrence qui n'est pas supportable par nos producteurs." "C'est pour ça qu'on a mis des freins d'urgence", explique-t-elle. "A ce stade il n'est pas possible d'intégrer l'Ukraine à l'Union européenne. En revanche il faut continuer à soutenir l'Ukraine et imaginer ce que pourrait être le partenariat avec l'Union européenne. C'est un processus qui prendra du temps et qui sera sous conditions."

Mercosur : "ce projet d'accord ne fait pas l'unanimité"

L'accord du Mercosur, qui élimine une grande partie des droits de douane sur les pays européens, poursuit son cours. "On va voir les pays dont on espère qu'ils puissent voter contre ce projet. Ce projet a été signé à Montevideo, le Parlement ne s'est pas prononcé, les Etats ne se sont pas prononcés. Chaque fois que je vais à Bruxelles je vois que mes homologues ne sont pas enthousiastes, la Pologne est contre, l'Autriche est contre, la Belgique est contre. Ce projet d'accord ne fait pas l'unanimité, c'est le plus gros accord de libre-échange jamais conclu, il faut bien écouter les répercussions que ça a sur nos producteurs."

Annie Genevard pense que "produire ce n'est pas un gros mot", et que l'agriculture française est loin d'être productiviste. "Allez dans des pays véritablement productivistes, les fermes avec des milliers d'hectares, en France on s'honore d'avoir un modèle familial, à taille humaine." Un modèle qui a besoin de trois choses. "Pour produire il faut de la terre, donc il faut préserver la terre agricole comme la prunelle de nos yeux." Il faut également de l'eau, et Annie Genevard signale à ceux qui s'opposent aux projets de méga-bassines qu'ils "s'opposent à la production française". Enfin, "il faut des outils de production des cultures, c'est à dire des produits phytosanitaires pour autant qu'ils ne soient pas dangereux." "On est allés trop loin la surtransposition des règles européennes." Pour remédier à cela, "il y a des textes qui ont franchi la barre du Sénat, il ne s'agit pas de tout déréguler."

"Entre le monde paysan et l'OFB il y a un divorce"

Il faut également défendre les agriculteurs face à la grande distribution et à l'industrie agro-alimentaire. "La loi Egalim protège le producteur", explique Annie Genevard. "La matière première agricole est sanctuarisée." Cependant, les trois acteurs de la chaîne, le producteur, le transformateur et le distributeur, "doivent gagner leur vie." Les règles "doivent être révisées notamment sur le seuil de revente à perte. Elles seront révisées avant l'été." "Il faut reprendre Egalim, regarder comment se passent les négociations avec la grande distribution." Il n'y aura cependant pas de prix plancher. "Ca a été évoqué, ça n'a pas été formalisé." Annie Genevard précise que "si le producteur n'est pas protégé c'est une perte de souveraineté alimentaire." "On a tout pour réussir, des agriculteurs talentueux, une terre, une agriculture vertueuse, reconnue dans le monde entier."

Pour libérer les agriculteurs des contraintes qui pèsent sur eux, il faut également travailler avec l'Office français de la biodiversité (OFB). "Je crois qu'il faut prendre la mesure du sentiment de défiance à l'égard du monde agricole", reconnaît Annie Genevard. "Entre le monde paysan et l'OFB il y a des relations qui se sont fortement dégradées. La nature c'est l'outil de travail des paysans, vous croyez qu'ils vont le dégrader ? L'OFB devrait être là davantage pour le conseil, pour sensibiliser, aujourd'hui il y a un divorce. On a adressé aux agents de l'OFB une circulaire pour renouer le dialogue avec les agriculteurs." Cette circulaire contient plusieurs instructions, notamment de se contenter d'un "contrôle administratif unique", de veiller au "port discret de l'arme" et de porter une "caméra piéton".

Enfin, faut-il interdire l'abattage rituel qui permet de produire de la viande casher et halal ? "Les cultes eux-mêmes ne souhaitent pas qu'on tranche cette question au détour d'une émission." Annie Genevard se dit favorable à une "discussion." "L'objectif de savoir quelles sont leurs lignes rouges en la matière. La question du bien-être animal est une question qui est devenue sociétalement extrêmement sensible." Elle rappelle également "le lien très particulier entre l'éleveur et son bétail. Les éleveurs aiment leurs animaux, bien mourir c'est aussi veiller à ce que leur mise à mort soit respectueuse." "Ce n'est pas une question qu'on peut mettre en débat, il faut pouvoir en discuter sereinement mais à l'abri du débat public."

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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