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Conclave : "Le cardinal Jean-Marc Aveline a une personnalité exceptionnelle" affirme Monseigneur Matthieu Rougé

Par Aurélie Giraud

Monseigneur Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, était “L’invité politique” sur Sud Radio.

Monseigneur Matthieu Rougé Conclave
Monseigneur Matthieu Rougé, interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 7 mai 2025, dans “L’invité politique”.

Conclave, unité de l’Église, fin de vie, place des femmes et des homosexuels dans l’Église, violences sexuelles, islamophobie : Monseigneur Matthieu Rougé a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

"Le cardinal Jean-Marc Aveline a une personnalité exceptionnelle et un grand niveau pastoral et spirituel"

Le conclave qui s’ouvre à Rome suscite une attente mondiale inédite. Monseigneur Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, y voit un signe fort : "Dans un monde sécularisé, il est frappant de voir que le monde entier retient son souffle pour savoir qui sera pape. Cela dit quelque chose de l’attente spirituelle de nos concitoyens". Pour lui, ce conclave est "très ouvert" et "c’est une occasion de se laisser surprendre par un nouveau pape". Parmi les candidats cités figure un Français : l’archevêque de Marseille, Jean-Marc Aveline.

"C’est une personnalité exceptionnelle, d'ouverture et de solidité" affirme Monseigneur Rougé. Élu président de la Conférence des évêques de France "de manière assez triomphale", Jean-Marc Aveline participe activement à la gouvernance de l’Église universelle, notamment au Dicastère pour les évêques. "La question de la nationalité du pape est seconde. Ce qui compte, c’est son tempérament et sa capacité à agir en homme de communion, d’évangélisation et de paix", précise-t-il.

"Le pape François nous a fait progresser, tant dans l’accueil des personnes homosexuelles que sur la question des migrants"

Jean-Jacques Bourdin interroge l’évêque de Nanterre sur les divisions internes à l’Église. Monseigneur Matthieu Rougé insiste sur le rôle fondamental du pape. "Il est appelé à être un homme de communion et de mission". Il reconnaît l’existence de "tentations partisanes", mais affirme que "la communion dans le Christ est plus profonde que les divisions".

Interrogé sur les critiques envers les réformes du pape François, notamment sur l’accueil des personnes homosexuelles et des migrants, l’évêque appelle à ne pas "caricaturer les propos du pape". Selon lui, le pape François a été "l’avocat d’un accueil bienveillant pour tous", refusant toute mise à l’écart. "Il s’agit de progresser dans la qualité de l’accueil offert à tous, quelles que soient les situations". Il rappelle que sur la question migratoire, "le pape n’a jamais remis en cause la légitimité d’une régulation", mais que "la Méditerranée ne peut être un cimetière de migrants".

"Je suis favorable à ce que davantage de responsabilités soient confiées aux femmes"

Monseigneur Rougé réaffirme clairement la position traditionnelle de l’Église sur l’ordination sacerdotale : "Le ministère ordonné pour rendre témoignage à l’humanité de Jésus-Christ est donné aux hommes". Il cite le pape François pour justifier cette ligne : "Le pape a été très clair sur ce sujet pendant tout son ministère pontifical". Il ne soutient donc pas l’ordination des femmes, mais milite pour leur pleine implication dans les responsabilités ecclésiales.

"Dans mon diocèse, mes principaux collaborateurs sont des collaboratrices", précise-t-il, citant des exemples concrets dans la pastorale de la santé ou les relations œcuméniques. Pour lui, "il ne s’agit pas de responsabilités politiques, mais de services de type sacramentel". Il se réjouit d’une Église "où hommes et femmes ont des responsabilités", sans nécessairement passer par l’ordination.

"Je crois au sens du célibat des prêtres. C’est la réponse à l’appel de Dieu"

Interrogé sur le célibat sacerdotal, Monseigneur Rougé se montre tout aussi clair. S’il rappelle qu’il existe des prêtres mariés dans certaines Églises orientales catholiques, il réaffirme son attachement à la discipline du célibat dans l’Église latine. "Je crois beaucoup que cela a énormément de sens que des prêtres, en réponse à l’appel de Dieu, acceptent de tout quitter pour le service de l’Evangile".

Pour lui, ce choix radical est un témoignage d’amour désintéressé et un signe fort de foi. "Cela rend témoignage à la dimension essentielle de l’amour de Dieu". Il refuse de poser le débat en termes d’évolution institutionnelle. "La question ne se pose pas en ces termes", assure-t-il, préférant souligner la richesse spirituelle de cet engagement.

"Tout abuseur d’enfants doit perdre son ministère public, c’est évident"

La lutte contre les violences sexuelles dans l’Église est pour lui "un sujet essentiel". Monseigneur Rougé appelle à "une culture nouvelle, de bien-traitance", et affirme avec force : "Tout abuseur d’enfants doit perdre son ministère public, c’est évident". Il rappelle le chemin parcouru par l’Église de France sur ce sujet depuis le rapport de la CIASE (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église).

Il se tient "aux côtés des victimes" et affirme que "l’Église est et doit demeurer durablement impliquée dans cette transformation culturelle". Monseigneur Rougé souligne que la lutte contre les abus ne concerne pas uniquement le clergé, mais l’ensemble de la société. "Il y a aussi beaucoup d’abus entre jeunes, dans les familles… C’est une question globale", affirme-t-il.

Fin de vie : "Les amendements deviennent de plus en plus délirants ! On institue des mensonges !"

Sur la fin de vie, Monseigneur Rougé se montre catégoriquement opposé au projet de loi en discussion à l’Assemblée nationale. Il critique avec vigueur le langage employé : "On propose de ne pas appeler la mort provoquée euthanasie ou suicide assisté, mais mort naturelle. On institue des mensonges". Il rejette aussi l’idée, avancée par Emmanuel Macron, que l’aide active à mourir pourrait représenter un "moindre mal".

Selon lui, ce projet est en contradiction totale avec les valeurs humanistes et chrétiennes. "On ne joue pas avec la vie", martèle-t-il, appelant le président à écouter le pape François plutôt que de se contenter de l’admirer. "Le chef de l’État a toujours eu des relations amicales avec le pape. Mais est-ce qu’il pourrait l’écouter et pas simplement l’admirer ?", lance l'évêque de Nanterre.

Islamophobie : "Il est important d’éviter les polémiques verbales"

Sur les débats autour du terme "islamophobie", Monseigneur Rougé plaide pour l’apaisement. "Il est important d’éviter les polémiques verbales ; les enjeux de société et de paix sont tels qu’il est de mauvais aloi de polémiquer sur des termes", estime-t-il. Dans son diocèse des Hauts-de-Seine, il affirme entretenir "des relations de bienveillance fraternelle avec les responsables musulmans".

Il rappelle l’appel commun à la paix lancé en 2023 à Nanterre avec les représentants musulmans après la mort de Nahel. "C’est devenu un appel national de toutes les religions". Pour l'évêque de Nanterre, la foi chrétienne conjugue enracinement spirituel et ouverture fraternelle : "Plus j’appartiens au Christ, plus je suis tourné vers les autres".

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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